L'essentiel

  • Un mouvement de protestation en France appelle à un arrêt total du pays le mercredi 10 septembre, en réponse aux politiques budgétaires de l'ex Premier ministre François Bayrou, avec un accent sur les banques.
  • Le mouvement encourage, notamment, une grève de l'utilisation des cartes bancaires.
  • Selon un sondageYouGov pour MoneyVox, 62% des Français ont entendu parler de cette initiative et 35% envisagent de participer à la grève de l'utilisation des cartes bancaires.

Que se passera-t-il demain mercredi 10 septembre prochain ? Né sur Internet en réaction aux annonces budgétaires du désormais ex-Premier ministre François Bayrou, le mot d'ordre du « mouvement du 10 septembre » tient en deux mots : « Bloquons tout ! ».

Les formes que vont prendre cet appel à l'arrêt total du pays devraient être très variées, de la classique manifestation de rue à des formes de résistance passive (boycott, désobéissance civile, etc.), en passant par des blocages de lieux stratégiques (routes, gares, aéroports, dépôts pétroliers, etc.).

Une chose paraît certaine : les banques font partie des institutions prises pour cible par le mouvement de protestation. Des dégradations sur les agences et les distributeurs d'argent sont attendues. Cette défiance vis-à-vis des acteurs financiers pourrait également prendre deux formes :

  • une « grève de la carte bancaire » ;
  • un appel à retirer son argent des grandes institutions bancaires.

Ce n'est pas la première fois qu'un mouvement de contestation encourage les Français à faire des retraits massifs, avec l'espoir de perturber le fonctionnement des banques, voire d'en mettre certaines en difficulté.

En 2010, l'ancien footballeur Eric Cantona avait, par exemple, appelé ses fans à vider leurs comptes bancaires. Sans grand succès. On peut le comprendre : que faire, en effet, une fois qu'on a retiré ses économies en espèces ? Certains appels, plus réalistes, proposent plutôt de flécher cet argent des grandes banques vers des établissements plus petits et/ou plus éthiques...

Un Français sur 3 attiré par la grève de la CB

L'appel à une grève de la carte bancaire, et par extension de la consommation, est plus original. Il est aussi, note le quotidien Le Monde, l'un des premiers modes opératoires sur lequel se sont entendus les différents groupes à l'origine de l'appel à tout bloquer.

Cet appel a-t-il atteint le grand public ? Oui, selon le sondage exclusif réalisé en partenariat avec YouGov France (1), près de deux Français sur 3 (62%) ont entendu parler de ce mode opératoire. Il a été particulièrement relayé parmi les inactifs (64%), les étudiants (65%) et les habitants des petites villes (66%).

Vous êtes moins nombreux, en revanche, à avoir l'intention de suivre l'appel à la grève. Mais le potentiel d'une forte mobilisation existe. C'est le cas, tout de même, de 35% des personnes interrogées, tandis que 27% hésitent encore. Finalement, seuls 38% des sondés sont certains de ne pas faire la grève de la carte bancaire.

« Frapper les banques au portefeuille »

De fait, il est indispensable que le nombre de grévistes soit important, et la durée de la grève aussi longue que possible, pour que cette dernière puisse ne serait-ce qu'effleurer son objectif : frapper le secteur bancaire au portefeuille.

« 10 millions de Français en 100% cash pendant un mois, ce sont 15 milliards d'euros hors radar », affirme ainsi un appel à la grève lancé sur Facebook par Opérations Spéciales, un collectif issu du mouvement des Gilets Jaunes et qui milite notamment pour l'usage unique de l'argent liquide dans les paiements du quotidien.

Une manière, selon lui, de priver les banques des commissions perçues sur les paiements par carte et de regagner une forme de « liberté », puisque ces paiements, qui laissent des traces numériques, sont perçus par ces militants comme une entrave à la vie privée. Et d'espérer, si le mouvement du 10 septembre prend effectivement de l'ampleur, créer de toutes pièces une panique bancaire qui mettraient certaines banques en difficulté.

Ces objectifs ont-ils des chances de se réaliser ? Une baisse réelle et durable du nombre de paiements effectués par carte priverait de fait les banques d'une partie des frais proportionnels au montant payé qu'elles facturent sur ces paiements et qui comprennent, outre une commission d'interchange, plafonnée à 0,20% ou de 0,30% selon que la carte est de débit ou de crédit, leur marge, généralement comprise entre 0,50% et 1%. Selon les commerçants et le type de carte utilisé, ces frais sont compris entre 0,30% et 2,75% pour un paiement effectué par un particulier.

Des objectifs difficiles à atteindre

Combien une grève durable de la carte bancaire coûterait-elle aux banques ? Le Figaro a tenté de faire le calcul. Un tract diffusé sur les réseaux sociaux annonce qu'une telle grève reconduite pendant un mois par 10 millions de Français (ce qui constituerait un énorme succès) leur coûterait 6 milliards d'euros.

Un chiffrage très largement surestimé, selon le quotidien, qui évoque plutôt une perte autour de 60 millions d'euros dans ce scénario et sur la base d'une commission moyenne de 0,50%. Une somme non négligeable, donc, mais qui, répartie sur l'ensemble des acteurs du secteur, ne devrait pas les mettre en grandes difficultés.

Par ailleurs, en se rabattant sur le cash, les manifestants contribueront également à engendrer des commissions. Les dépôts d'espèces des commerçants sont en effet souvent facturés par les banques de détail.

Une autre solution, sans doute plus efficace pour toucher les banques, consiste à faire la grève, non pas seulement de la carte bancaire, mais de la consommation en général. Là encore, l'intention existe, selon notre sondage : 43% des personnes interrogées pensent volontairement limiter leurs achats demain, et 21% hésitent encore.

(1) Enquête réalisée par YouGov France sur un échantillon de 1 029 personnes représentatif de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été effectué en ligne, sur le panel propriétaire YouGov France, du 5 au 8 septembre 2025.