L'essentiel

  • L'obtention d'espèces implique souvent des frais, plus particulièrement les retraits dans des distributeurs de banques autres que la sienne.
  • Une étude révèle une augmentation constante des frais pour ces retraits, principalement dûe à la baisse du nombre de retraits déplacés gratuits.
  • Pour éviter ces frais, les utilisateurs doivent faire des retraits dans les distributeurs de leur propre banque ou choisir une banque qui offre la gratuité totale des retraits.

Simplicité, anonymat et absence de frais : à l'heure où les moyens de paiement électroniques récoltent de plus en plus de suffrages, l'argent liquide conserve des atouts, et des partisans.

Pourtant, l'un de ses avantages – la gratuité – devient de plus en plus contestable. En réalité, obtenir des espèces est rarement totalement gratuit. D'une part, retirer de l'argent à un distributeur automatique de billets (DAB) nécessite de posséder une carte bancaire, qui est le plus souvent payante.

D'autre part, certains retraits eux-mêmes peuvent engendrer des frais. Ce n'est pas toujours le cas : retirer de l'argent dans le distributeur de votre propre agence, et plus largement dans ceux appartenant au réseau de votre banque, reste gratuit. En revanche, les retraits dits « déplacés » ou « hors réseau » – c'est-à-dire réalisés dans les DAB d'autres banques – sont généralement facturés. C'est le cas dans plus de 9 banques sur 10. Pire, ils coûtent de plus en plus cher. Voici les chiffres qui illustrent cette tendance.

Qu'est-ce qui augmente ?

Pour mettre en évidence les évolutions à l'œuvre, nous avons remonté le temps et observé l'évolution de 3 indicateurs entre 2016, 2020 et 2025, sur un panel de 115 banques (1) :

  • la part des banques facturant les retraits déplacés ;
  • le prix unitaire d'un retrait déplacé payant ;
  • le nombre moyen de retraits déplacés gratuits par mois.

Voici les résultats obtenus.

AnnéePart des banques facturant
les retraits déplacés*
Prix moyen à l'unité
d'un retrait déplacé payant**
Retraits déplacés gratuits
avant facturation (par mois)
Coût moyen sur un an de 4 retraits déplacés par mois**
201688,10%0,96€4,576,51€
202088,80%0,99€4,446,56€
202592,20%1,04€3,6316,02€

*Panel de 115 banques
**Dans les banques qui font payer les retraits déplacés
***Toutes banques du panel confondues, y compris celles qui ne facturent pas les retraits déplacés

Que montrent ces chiffres ? Ils confirment d'abord que le prix des retraits déplacés a fortement augmenté au cours des cinq dernières années. Le coût annuel moyen de 4 retraits déplacés par mois, le scénario que nous avons retenu, est resté presque stable entre 2016 (6,51€) et 2020 (6,56€). Il a en revanche été multiplié par quasiment 2,5 entre 2020 et 2025 (16,02€).

Cette hausse s'explique d'abord par l'augmentation de la part des banques facturant les retraits déplacés, passée de 88,10% en 2016 à 92,20% en 2025. Ce phénomène a bien eu tendance à s'accélérer au cours des cinq dernières années. Concernant les prix moyens pratiqués, ils ont progressé lentement, mais sûrement, et n'ont jamais été aussi hauts qu'aujourd'hui, en moyenne. Facturés 0,96 euro en 2016, les retraits déplacés payants sont passés à 0,99 euro en 2020, puis ont dépassé l'euro (1,04 euro) en 2025.

Toutefois, la principale explication de l'inflation des dernières années réside dans la diminution du nombre de retraits déplacés gratuits. Presque toutes les banques, en effet, proposent un quota mensuel de retraits hors réseau sans frais. Ce nombre, en moyenne, a eu tendance à baisser avec les années : lentement entre 2016 (4,57) et 2020 (4,44), plus rapidement depuis : 3,63 en 2025.

Pourquoi ça augmente ?

Pour comprendre cette hausse, il faut d'abord rappeler que si les banques facturent les retraits effectués dans les distributeurs d'autres établissements, c'est parce que ces opérations leur coûtent de l'argent. En effet, lorsqu'un client retire des espèces dans un DAB qui n'appartient pas à sa banque, celle-ci doit verser à la banque propriétaire du distributeur une « commission interbancaire de retrait » (CIR). Cette commission sert à couvrir les frais liés à l'installation, à la maintenance et à l'approvisionnement des distributeurs automatiques.

Or, le montant de cette CIR a bondi de 56% en 2020, grimpant de 57 à 89 centimes par retrait. Cette hausse, obtenue par les banques auprès du réseau de paiement et de retrait par carte bancaire CB, vise à compenser deux phénomènes : la diminution globale du nombre de retraits d'espèces et la progression des banques en ligne, qui ne possèdent pas leur propre réseau de DAB. Ainsi, cette mesure permet de faire davantage participer ces nouveaux acteurs aux coûts du système.

Quelles banques pourraient faire payer plus cher les retraits aux DAB ?

Le réseau CB avait assuré, lors de la hausse de la CIR, que cette augmentation n'aurait aucun impact pour les clients. Pourtant, la réduction du nombre de retraits gratuits dans les distributeurs d'autres banques semble bien être une façon pour les établissements de répercuter cette hausse de manière subtile, sans relever de façon marquée le tarif unitaire, et d'inciter leurs clients à privilégier leur propre réseau de distributeurs.

Comment échapper à ces frais ?

La première solution consiste justement à privilégier les retraits dans les distributeurs automatiques de votre propre banque. Pour faciliter la vie de leurs clients (et réduire du même coup leurs charges), dans un contexte de baisse globale des distributeurs sur le territoire, trois banques, BNP Paribas, Société Générale et Crédit Mutuel ont, par exemple, décidé de mutualiser leurs réseaux.

BNP Paribas, Crédit Mutuel, CIC, SG : 10 fois plus de nouveaux DAB Cash Services d'ici la fin de l'année

Une autre possibilité est de choisir une banque qui propose la gratuité totale des retraits. Actuellement, c'est le cas de neuf établissements, principalement des banques en ligne comme BoursoBank, Fortuneo, Monabanq, ou des banques privées telles que Louvre Banque Privée, Banque Palatine et Milleis. Cependant, ces offres ne sont pas accessibles à tous les profils de clients.

Banque en ligne : le comparatif des offres

(1) Sont exclues de ce panel les banques qui existaient en 2016, mais n'existent plus aujourd'hui, comme les établissements du groupe Crédit du Nord, Orange Bank, Ma French bank, etc.