« Le truc qui tombe du ciel, au bout d'un moment, ça suffit ». Cette phrase prononcée mercredi par la présidente de l'Assemblée nationale en évoquant les « héritages en rebond qui passent de génération en génération » a remis au goût du jour le débat sur l'imposition des successions au moment où le Parlement examine le projet de Budget 2026. Une sortie qui a entraîné une salve de réactions.

Sur LinkedIn, Yaël Braun-Pivet a développé sa position. Elle cite notamment les chiffres du Conseil d'analyse économique, selon lequel la part de la fortune héritée dans le patrimoine total s'élève à 60%, contre 35% au début des années 1970. « Cela veut dire que l'écart se creuse avec la richesse issue du travail. Et cela pose une question de justice et d'équité qui m'interroge », explique-t-elle.

Héritage : combien de droits de succession payez-vous réellement quand vous héritez ?

Une méconnaissance des droits de succession

« Entendons-nous bien, il est légitime et juste que les Françaises et les Français qui travaillent dur puissent offrir une vie digne à leurs enfants et à leurs petits-enfants. 85% des héritages sont inférieurs à 100 000 euros, seuil en dessous duquel ils ne payent aucun impôt en ligne directe. Ce que je ne remets absolument pas en cause... Ce que je vise, c'est bien souvent l'accumulation, au fil du temps, de la rente et non le résultat du labeur ou de la sueur. Une rente qui ne cesse de croître grâce à l'effet boule de neige, de se concentrer et qui alimente les inégalités », détaille Yaël Braun-Pivet.

EN DÉTAIL. Droits de succession : calcul, abattements, paiement...

A la demande de MoneyVox, l'institut YouGov a réalisé un sondage (1) auprès de 1 056 Français sur pour en savoir sur le niveau de connaissance et de soutien de cet impôt par les Français. Les résultats de cette enquête traduisent une certaine méconnaissance du mécanisme des droits de succession.

Infographie sur les résultats d'un sondage sur l'opinion des Français concernant les successions

Une imposition surestimée

Ainsi, 55% des Français pensent qu'une succession de 400 000 euros au bénéfice de 4 enfants et 5 petits enfants est redevable de droits de succession, alors que ce n'est pas le cas. Seuls 26% des personnes interrogées ont la bonne réponse et 19% ne savent pas.

Résultat similaire quand on leur demande si pour un couple marié ou pacsé disposant d'un patrimoine d'un million d'euros, le conjoint ou le partenaire survivant devra s'acquitter de droits de succession. Seuls 32% des sondés savent qu'aucun droit n'est dû au Trésor public dans ce cas de figure. 46% pensent qu'il y a des taxes à payer et 22% ne se prononcent pas.

Droits de succession : abattements et taux d'imposition
Lien de parentéAbattementBarème après abattement
Entre époux ou pacsésExonération
Enfant100 000 €Barème des droits en ligne directe
Frère ou sœur15 392 €35% jusqu'à 24 430 € de part taxable
45% au-delà
Neveu ou nièce7 967 €55%
Petit-enfant1 594 €Barème des droits en ligne directe
Autre héritier ou légataire
(dont parents au-delà du 4ème degré)
1 594 €60%

A savoir : en cas d'héritage « par représentation », les barèmes et abattements sont plus avantageux.

Autre illustration des incompréhensions sur l'imposition des héritages, 2% des Français ayant été concernés par une succession, estiment avoir payé plus de 80% d'impôts. Un chiffre impossible à atteindre, la fiscalité ne dépassant pas 45% en ligne directe sur les montants d'héritage, après abattement, dépassant 1 805 677 euros. En l'absence de lien de parenté, le taux est de 60% après abattement de 1 594 euros.

Selon les derniers chiffres de l'Insee, seulement 15,5% des parents transmettaient, en 2021, des héritages supérieurs à 100 000 euros. Et qui donc étaient soumis à l'impôt sur les successions.

Les Français veulent diminuer l'impôt sur les droits de succession

Malgré tout, selon notre sondage, les trois quarts des Français (74%) estiment qu'il faut baisser les droits de succession, dont 79% des plus modestes - a priori les moins concernés par le sujet. Seuls 12% des Français sont favorables à une augmentation de la fiscalité des successions.

Nous leur avons également posé la même question en expliquant que plus de trois quarts des successions sont exonérées d'impôts car elles portent sur des montants inférieurs à 100 000 euros et que chaque enfant profite d'un abattement de 100 000 euros quand il hérite d'un parent. 44% des sondés restent alors favorables à une diminution des droits de succession, 31% estiment que la loi devrait adapter le barème pour les cas particuliers, 9% sont favorables à augmenter les droits de succession et 16% ne se prononcent pas.

Notre enquête confirme donc que les droits de successions sont probablement l'un des impôts le plus détesté par les Français, alors qu'il est en général plus favorable que d'autres.

« 60% des Français estimaient en 2017 que le taux moyen effectif d'imposition des transmissions en ligne directe était supérieur ou égal à 10%, alors que ce taux était en réalité compris entre 5 et 10% », rappelle d'ailleurs un récent rapport de la Cour des comptes. Autrement dit, même sur des héritages dont le montant se chiffre en dizaine de millions d'euros, les héritiers ne paieront pas plus de 10% d'impôt.

Droits de succession en ligne directe
Part taxable après abattementTaux d'imposition
Jusqu'à 8 072 €5%
De 8 073 € à 12 109 €10%
De 12 110 € à 15 932 €15%
De 15 933 € à 552 324 €20%
De 552 325 € à 902 838 €30%
De 902 839 € à 1 805 677 €40%
Au-delà de 1 805 677 €45%

(1) L'enquête a été réalisée sur 1056 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été effectué en ligne du 10 au 13 octobre 2025, sur le panel propriétaire YouGov France.