Depuis son lancement dans sa version actuelle, le diagnostic de performance énergétique (DPE) pénalisait mécaniquement les logements alimentés à l'électricité. En cause : un coefficient de 2,3 appliqué pour convertir l'énergie finale en énergie primaire, censé tenir compte des pertes liées à la production et au transport d'électricité.

Ce ratio, fixé il y a plus de dix ans, aboutissait à une situation paradoxale. Des logements chauffés à l'électricité, pourtant sobres en émissions de CO₂, se retrouvaient avec de mauvaises étiquettes, parfois en classe F ou G, au même niveau que des habitations chauffées au fioul ou au gaz.

Le gouvernement avait déjà promis d'y remédier, mais la réforme avait été repoussée à plusieurs reprises. C'est désormais acté : le Premier ministre l'a confirmé le 9 juillet 2025, avant que le texte ne soit publié au Journal officiel cet été. En abaissant le coefficient à 1,9, l'exécutif espère rétablir une forme d'équité entre les différentes sources d'énergie. Les logements chauffés à l'électricité bénéficieront d'une meilleure reconnaissance de leur performance réelle, sans pour autant modifier leur consommation effective.

850 000 passoires thermiques en moins ?

Cette modification aura des effets directs sur la notation énergétique. En réduisant le coefficient, la consommation d'énergie primaire calculée dans le DPE baissera mécaniquement, ce qui améliorera la classe énergétique de nombreux logements. Selon les estimations du ministère de la Transition écologique, environ 850 000 habitations devraient sortir de la catégorie des « passoires thermiques » (classes F et G). Dans certains cas, le gain pourrait aller jusqu'à une classe entière, voire deux pour les biens les plus performants.

DPE : la marche à suivre pour obtenir votre nouveau diagnostic après la réforme

Pour les propriétaires, cette réévaluation n'est pas anodine. Elle peut valoriser leur bien sur le marché immobilier, en le rendant plus attractif pour la vente ou la location. Elle peut aussi alléger certaines contraintes réglementaires, notamment l'interdiction progressive de louer les logements les plus énergivores. De nombreux ménages chauffés à l'électricité, souvent injustement assimilés à des passoires thermiques, verront ainsi leur situation s'améliorer sans avoir à réaliser de travaux coûteux.

Un dispositif de mise à jour gratuite pour éviter les disparités

La réforme entrera en vigueur le 1er janvier 2026. Tous les DPE réalisés à partir de cette date utiliseront automatiquement le nouveau coefficient. Les diagnostics effectués auparavant resteront valables dix ans, mais le gouvernement a prévu un dispositif de mise à jour gratuite pour éviter les disparités. Les propriétaires concernés pourront demander à l'Ademe une réédition de leur DPE sans repasser par un diagnostiqueur, à partir des données déjà enregistrées. Une mesure bienvenue, qui évite aux ménages de supporter des frais supplémentaires.

Cette réforme contribue également à mieux cibler les aides publiques et les efforts de rénovation énergétique. En distinguant plus clairement les logements réellement énergivores de ceux qui le sont seulement sur le papier, l'État entend concentrer les moyens sur les bâtiments chauffés au gaz ou au fioul, véritables sources d'émissions. Pour les ménages, c'est une double bonne nouvelle : une étiquette plus juste et une politique de rénovation plus cohérente.