Certes, il y a des progrès. Mais le chèque reste, selon l'Observatoire de la sécurité des moyens de paiement (OSMP) de la Banque de France, le moyen de paiement le plus touché par la fraude, proportionnellement à son usage.
En 2024, il a représenté 1,1% des montants payés (hors cash), mais 22,7% des montants fraudés. Son taux de fraude est en baisse (69 euros détournés pour 100 000 euros payés, contre 78 euros en 2023), mais il reste plus élevé que celui de la carte bancaire (53 euros), et beaucoup plus élevé que celui du virement en général (1 euro), ou du virement instantané en particulier (46 euros).
Des chéquiers volés pendant leur envoi
Cette fragilité du chèque face aux fraudeurs n'est pas nouvelle : le pic a été atteint en 2021, avec 465 millions d'euros dérobés (contre 270 millions en 2024).
Près de 90% de cette fraude est directement liée à des vols de chéquiers, souvent durant leur acheminement par voie postale, aux usagers. Le mode opératoire dominant actuellement est le suivant :
- un chéquier en transit est volé, soit dans les centres de tri, soit dans les boîtes à lettres ;
- avant que l'usager ne s'en aperçoive et fasse opposition, le fraudeur dépose des chèques, revêtus d'une fausse signature, parfois par l'intermédiaire d'une « mule », qu'elle soit un complice rétribué ou une personne manipulée.
4 leviers pour faire baisser la fraude
Cette situation a amené la Banque de France à publier, dès 2021, des recommandations, à destination des usagers et des banques, pour mieux contrer les modes opératoires des fraudeurs.
Voici ce que votre banque devrait faire pour éviter le vol de chèque
Des recommandations qui ont, pour une part, été entendues par les banques, comme le montre la baisse du taux de fraude. Mais pas suffisamment aux yeux de la Banque de France qui, à l'occasion de la publication du rapport 2024 de l'OSMP, remet la pression en demandant à toutes les banques de mettre rapidement en œuvre une série de mesures de lutte contre les fraudes :
- laisser de manière explicite le choix à l'usager de retirer son nouveau chéquier en agence, sans surcoût ;
- bannir les envois de chéquiers par courrier simple ;
- mettre en place un dispositif de suivi de l'envoi de chéquiers, avec deux messages : un au moment de l'envoi du chéquier, un autre, après un délai raisonnable, pour s'assurer que l'usager l'a bien reçu ;
- permettre aux usagers de faire opposition, en quelques clics, en ligne ou depuis leur application bancaire.
D'ici à la fin de l'année 2025, les banques devront avoir mis en place ces mesures, ou avoir détaillé à la Banque de France un plan d'action pour y parvenir.
Les envois en recommandé presque quatre fois plus chers
De fait, certaines pratiques bancaires, contraires aux recommandations, perdurent. Toutes, pour commencer, continuent à proposer à leurs clients l'envoi du chéquier par courrier simple. Cette option est même gratuite (hors frais postaux chez certaines) dans un peu moins des deux tiers d'entre elles : 79 sur les 130 enseignes suivies par MoneyVox. Dans les autres, elle est facturée 2,12 euros en moyenne. Soit près de quatre fois moins chère que l'envoi en recommandé, facturé en moyenne 7,87 euros, hors frais postaux.
Envoi d'un chéquier à domicile : quel prix ?
Les banques sont également beaucoup moins nombreuses à afficher la gratuité, hors frais postaux, pour ces envois sécurisés : 32 seulement. On y retrouve de nombreuses fédérations du Crédit Mutuel, quelques Crédits Agricoles et Banques Populaires... Seules deux banques proposent une totale gratuité sur l'envoi de chéquier en recommandé, y compris les frais postaux : Fortuneo et BoursoBank. Soit, sans surprise, les deux banques les moins chères de France, selon nos relevés.
On comprend, dans ce contexte, que l'envoi par courrier simple demeure, de loin, la solution la plus utilisée, malgré les risques qu'elle présente.
Le classement des banques les moins chères
Une mise en opposition encore trop complexe et trop chère
L'autre axe d'amélioration concerne la possibilité de faire opposition, en cas de perte ou de vol, depuis l'espace bancaire en ligne ou l'application mobile. L'objectif est de permettre une réaction la plus rapide possible de l'usager, et de limiter la fenêtre d'opportunité du voleur de chéquier.
Les banques y ont autant intérêt que l'usager. Pourtant, la Banque de France a constaté que « quatre ans après la publication des recommandations de l'Observatoire contre la fraude au chèque, des procédures anciennes de mise en opposition se faisant par téléphone et nécessitant une confirmation par écrit en agence perdurent au sein de nombreux établissements ».
Comme pour l'envoi en recommandé, l'autre obstacle est le prix facturé pour cette mise en opposition. Elle n'est gratuite que dans quatre banques, parmi lesquelles, à nouveau, BoursoBank et Fortuneo. Chez les autres, elle coûte, en moyenne, 16,43 euros pour un chèque, et 22,37 euros pour un chéquier. La Banque de France demande que cette mise en opposition devienne gratuite quand le chéquier a été volé pendant son acheminement.
Quels frais pour faire opposition à un chèque ou un chéquier ?