Chaque habitant en détient, en moyenne, deux dans son portefeuille : au premier semestre 2023, ce sont près de 670 millions de cartes de paiement qui circulaient dans la zone euro (1). Et une partie d'entre elles ont été fabriquées dans l'est de la Bretagne.
Le 15 octobre dernier, Idemia Secure Transactions, un des leaders mondiaux du secteur, inaugurait à Vitré (Ille-et-Vilaine) sa nouvelle usine de fabrication de cartes. L'entreprise, issue de la fusion d'Oberthur Technologies et de Morpho, est installée de longue date, depuis 1988, dans la petite cité des marches de la Bretagne. Elle a toutefois choisi de réinvestir une vingtaine de millions d'euros dans un nouveau site flambant neuf, qui va lui permettre d'augmenter de 10% sa capacité de production de cartes de paiement.
Vu de l'extérieur, le bâtiment ne se distingue pas particulièrement dans cette zone industrielle installée en bordure de champ. Mais ce sont ici 100 millions de cartes bancaires, 25 millions de cartes SIM et 800 000 cartes clés NFC pour l'automobile qui seront produites chaque année.
Pour Idemia, en effet, cela ne fait aucun doute : même à l'âge du mobile, la carte à puce a encore de beaux jours devant elle. Notamment dans le domaine bancaire : avec la numérisation croissante des usages, elle devient le dernier lien matériel entre le client et sa banque. C'est pourquoi les marques, notamment 100% numériques, apportent de plus en plus de soin à son design. « Cette partie visuelle est extrêmement importante pour les banques, en termes d'image », confirme Nicolas Miannay, vice-président exécutif des opérations et des services industriels d'Idemia Secure Transactions. « Elles viennent régulièrement dans notre usine pour rencontrer nos équipes de design graphique et finaliser le visuel de leurs cartes, leur rendu esthétique... »
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Idemia, comme ses concurrents, élargit sans cesse l'éventail des options possibles pour produire une carte qui se distingue. Inventées en 2019 aux Etats-Unis, les cartes métal sont désormais courantes en France. La prochaine mode ? Les cartes de paiement lumineuses (appelées cartes OLED) qui s'allument lors d'un paiement sans contact. Une nouveauté conçue sur le site de Vitré, par l'équipe de recherche et développement d'Idemia.
Des puces de plus en plus puissantes
Après le travail sur le design arrive l'étape de la fabrication du support physique en lui-même. Il est, en général, fait de PVC ou de polycarbonate, des matériaux plastiques à la fois flexibles et durables. De plus en plus souvent, ce plastique est issu du recyclage.
Les cartes passent ensuite par l'impression, avec des procédés qui peuvent varier selon le design choisi : offset, sérigraphie, impression à chaud... Elles sont aussi enduites d'une couche de protection, qui permettra de prévenir leur usure.
La fabrication de la carte passe également par l'intégration des technologies de sécurité. La principale est bien sûr la puce électronique, fichée au cœur de la carte et surmontée de sa zone de contact, ce petit rectangle de métal emblématique qui permet d'alimenter la puce en électricité et d'échanger les informations de sécurité avec les terminaux de paiement et les automates bancaires.
Ces puces, dont la taille est d'environ 1,5 sur 2,5 mm, arrivent à l'usine de Vitré sous la forme de larges disques de silicium, formées de 45 à 50 couches et contenant chacune 45 000 puces. Des sortes de « galettes » high tech dont la fabrication prend 90 jours.
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A l'image de nos smartphones ou de nos ordinateurs, les puces embarquées dans les cartes de paiement ont des capacités de calcul toujours plus élevées. A Vitré, les cartes produites à partir de 2026 seront munies d'une nouvelle technologie de puce à 28 nanomètres. Cela leur permettra d'embarquer des algorithmes de sécurité plus complexes : elles seront donc plus à même de résister à la puissance de calcul surmultipliée des ordinateurs quantiques, dont commencent à s'équiper les fraudeurs. « Nous entrons dans une nouvelle ère avec l'informatique quantique », confirme Nicolas Miannay. « Il est indispensable de proposer des solutions résistantes face à ces nouvelles capacités d'attaque de la sécurité. C'est ce que nous faisons avec ces nouvelles puces ». Autre nouveauté, elles seront fabriquées en Europe, en Allemagne plus précisément (2), permettant ainsi de réduire la dépendance du fabricant aux microprocesseurs fabriqués en Asie.
Indispensable, la puce n'est pas le seul élément de sécurité intégré à la carte. Si ses jours sont comptés, la piste magnétique y est toujours présente. Les réseaux de paiement Visa et Mastercard imposent également l'apposition d'un hologramme, qui permet de s'assurer que la carte n'a pas été contrefaite.
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Chaque carte est personnalisée
La dernière étape consiste à personnaliser la carte pour son futur porteur : imprimer ou graver son nom, le numéro unique de la carte, sa date d'expiration et son code de sécurité à 3 chiffres ; charger dans la puce ces données spécifiques, et d'autres, comme le code à 4 chiffres qui servira à authentifier les paiements en magasin ; vérifier également sa qualité, à travers une batterie de tests.
Une fois cette opération terminée, il ne reste plus qu'à la conditionner et à l'expédier vers l'utilisateur final. C'est à lui que revient la responsabilité de la dernière étape : activer la carte, avant de l'utiliser pour payer et retirer.
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(1) Source : Banque de France, statistiques relatives aux paiements au 1er semestre 2023. (2) Idemia a signé une alliance stratégique avec GolbalFoundries, l'un des leaders mondiaux de la fabrication de semi-conducteurs.