L'essentiel
- Perdre un emploi entraîne une baisse de revenus de 630 euros en moyenne, après plus de six mois de chômage.
- Pour compenser cette perte, les ménages piochent dans leur épargne.
- Plus le chômage est long, plus les foyers diminuent leur consommation. En moyenne, elle baisse de 2% le premier mois après la perte d'un emploi et de 15% six mois après.
La perte d'un emploi entraîne une baisse de revenus de 630 euros en moyenne, lorsque la période de chômage indemnisé dure plus de six mois, selon une étude de l'Insee publiée ce jeudi 20 février 2025.
Comment les ménages compensent-ils cette perte ? En utilisant leur épargne ou en se serrant la ceinture ? Faute de chiffres existants, l'institut s'est appuyé sur les données bancaires de clients de La Banque Postale suivis de 2021 à 2023. « Ces données présentent l'avantage de documenter l'évolution simultanée des revenus, des dépenses et de l'épargne des ménages, les six mois précédant et les six mois suivant la perte d'emploi. »
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Le revenu augmente juste avant la perte de l'emploi
Cinq mois avant la perte d'un emploi, le revenu moyen disponible des ménages concernés est de 2 055 euros en moyenne. Un mois avant, il augmente de 460 euros, grâce au versement du solde de tout compte (indemnités de licenciement, compensations pour des congés payés non pris...).
Les premiers mois de chômage entraînent ensuite une perte de salaire plus conséquente. En cause, les allocations qui ne sont pas perçues directement. « Ce délai peut être dû à un retard dans l'inscription à France Travail ou à des différés légaux d'indemnisation qui dépendent du montant des indemnités versées par l'employeur à la fin du contrat de travail », explique l'Insee.
Les revenus augmentent à nouveau après trois mois de chômage. Le montant moyen de l'allocation est proche de 850 euros en moyenne.
300 euros d'épargne en plus
Lorsque les Français voient leurs ressources augmenter avec les indemnités de licenciement, ils épargnent, en moyenne, 300 euros de plus. Ensuite, avec la baisse des revenus, les Français piochent dans leur épargne pour atténuer la baisse de leur consommation.
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Ce sont les plus modestes qui sont touchés. Les 25% des Français disposant des ressources les plus faibles diminuent leur consommation de 58%, en moyenne, contre 17% pour le quart des ménages disposant du plus de liquidités.
« Les ménages lissent leur consommation »
Plus le chômage dure, plus les foyers diminuent leur consommation. En moyenne, elle baisse de 2% le premier mois après la perte d'un emploi et de 15% six mois après, en cohérence avec les contraintes de liquidité (comme les difficultés d'accès au crédit). « Faute de pouvoir ou vouloir emprunter, les ménages lissent leur consommation en la diminuant progressivement à mesure que la période de chômage se prolonge et que leur épargne diminue », analyse l'Insee.
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Par ailleurs, mise à part l'épargne, d'autres moyens existent pour compenser la perte du niveau de vie, notamment les crédits à la consommation. Mais « cela ne semble pas être le cas à court terme, puisque le montant des crédits à la consommation souscrits auprès de La Banque Postale reste stable autour de la période de perte d'emploi ». Toutefois, ces crédits ont pu être souscrits dans d'autres établissements bancaires.
Selon l'Insee, les transferts d'argent familiaux et amicaux sont également marginaux à court terme, « puisque les transferts entre particuliers demeurent stables autour du choc de revenu ».