« Le début de l'année est nettement meilleur qu'anticipé il y a trois mois », a-t-il expliqué, rendant hommage à l'action de la Banque centrale européenne (BCE), qui a lancé en décembre et février deux opérations de prêts à trois ans (LTRO) en direction des établissements de crédit.

« Le marché a été rassuré sur le fait qu'il n'y aura pas de credit crunch (assèchement du crédit, ndlr) » et « le marché de la dette senior sur lequel les banques peuvent aller emprunter s'est rouvert. (...) Le LTRO nous permet de prêter là où il faut prêter (...) sans avoir la peur du lendemain », a-t-il précisé, rappelant que les banques devaient pour prêter à une certaine échéance disposer d'une ressource d'une échéance comparable.

Nouveau modèle de croissance

« Si des problèmes structurels demeurent dans la durée, nous avons préservé un peu de temps pour travailler », a ajouté Frédéric Oudéa, qui est également président de la Fédération bancaire française (FBF). « Il faut qu'on arrive collectivement à trouver un modèle de croissance qui s'appuie sur le crédit, certes, mais aussi sur la compétitivité », a-t-il dit, évoquant banques et Etats.

« Les peurs extrêmes sont derrière nous », a affirmé le patron de la SocGen, rappelant les inquiétudes sur le sort de la zone euro et des banques européennes qui prévalaient en fin d'année 2011. « Le crédit continue à être distribué en France dans des conditions tout à fait exceptionnelles par rapport au reste de l'Europe ». Les crédits aux particuliers et aux entreprises ont progressé de 5,3% en 2011 dans l'Hexagone contre 1,7% dans l'ensemble de la zone euro.

Les nouvelles normes réglementaires dites Bâle III, qui doivent être mises en œuvre progressivement à partir de 2013, imposent « aux grands industriels du prêt de changer », a-t-il expliqué, évoquant notamment la désintermédiation (recours accru des entreprises au marché pour se financer) induite par ces règles prudentielles. « La banque a commencé à se transformer depuis trois ans (...) et va continuer dans les deux ou trois années qui viennent ».

Pour un modèle de banque universelle

Avec la disparition de Dexia et le renchérissement de la liquidité, les collectivités locales sont les acteurs économiques « qui posent désormais le plus de problèmes en terme de financement », a-t-il souligné. Les plus grandes collectivités pourront aller se financer sur les marchés, même si « le cœur du financement passera encore par les banques », « avec des maturités plus courtes et probablement à un prix plus élevé ».

Interrogé sur les prêts entre banques françaises, le PDG a assuré qu'il n'y avait « aucun problème de confiance » entre les établissements hexagonaux. « Nous continuons à avoir des échanges » mais « la nouvelle réglementation va réduire considérablement le marché interbancaire », a-t-il prévenu. Oudéa a également défendu le modèle de banque universelle à la française, jugeant que « la diversification des risques demeur(ait) une source de sécurité ».