Si le Royaume-Uni reste son premier marché, Revolut réalise dans l'Union européenne 80% de son activité, avec pas moins de 40 millions de clients, sur un total de 55 millions, indique M. Le Nel.
« Nous sommes présents dans les 27 pays (de l'UE) de manière significative », poursuit-il, avec des parts de marché à faire pâlir ses concurrents dans certains pays, comme l'Irlande, Chypre et Malte (50%) ou la Roumanie (25%).
Lancée il y a dix ans, Revolut s'est positionnée à ses débuts sur le change et les paiements, rappelle le dirigeant. Ne concurrençant pas frontalement les banques traditionnelles sur le crédit, elle a ainsi acquis une place de banque secondaire : 40% de clients transfèrent par exemple en début de mois leur « reste à vivre » sur un compte Revolut et utilisent la banque pour les paiements du quotidien, et son éventail de placements.
Mais la banque, qui a doublé son bénéfice net en un an, le hissant à 920 millions d'euros en 2024, veut désormais jouer dans la même cour que ses aînées : elle a commencé à commercialiser des crédits immobiliers en Lituanie, où elle dispose d'une licence bancaire, et prévoit d'étendre cette offre en Europe.
Un milliard d'euros
Au sein de l'Europe, la France tient une place à part pour Revolut et la néobanque annonce lundi l'installation à Paris de son siège pour l'Europe de l'Ouest. Le milliard d'euros qu'elle met sur la table, sur les trois prochaines années, permettra notamment de créer plus de 200 emplois, explique M. Le Nel.
« La France est un marché très important pour nous, il y a un environnement non seulement pro-business mais pro-tech, pro-fintech », insiste le directeur en charge des risques et de la conformité, Pierre Décoté.
« Le système d'éducation (...) est reconnu mondialement », continue-t-il, et fournira le « vivier de talents » dont la banque a besoin.
Avec plus de 5 millions de clients, la France représente le deuxième marché de Revolut après le Royaume-Uni. Il est celui qui « croît le plus vite », explique M. Le Nel, qui vise 10 millions de clients dans l'Hexagone d'ici fin 2026.
Revolut deviendra-t-elle alors la première banque en ligne, dépassant BoursoBank, filiale de la Société Générale, dont la base - 7,6 millions de clients à fin mars 2025 - croît aussi à vitesse grand V ?
« Aujourd'hui, il est réaliste de se dire qu'on peut atteindre les 20 millions » de clients en France à moyen terme, affirme M. Le Nel, « ce n'est même pas un plan sur la comète ! »
Licences
Le bureau de Paris supervisera entre autres l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne et l'Irlande. Revolut conserve pour l'Europe de l'Est son siège historique de Vilnius, en Lituanie.
La banque déposera en parallèle une demande de licence d'établissement de crédit auprès du gendarme français des banques et des assurances, l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), afin de pouvoir ensuite commercialiser des produits d'épargne réglementée, à l'image du Livret A.
La licence bancaire est un sujet sensible pour Revolut. Après des années d'audit, le Royaume-Uni ne lui a accordé pour le moment qu'une licence « sous restrictions ». MM. Le Nel et Décoté n'ont pas souhaité commenter le sujet.
La relation entre la néobanque et ses superviseurs peut même aller jusqu'à la sanction financière : Revolut a ainsi écopé en avril d'une amende de 3,5 millions d'euros en Lituanie pour manquements dans ses processus de contrôle du blanchiment d'argent.
M. Décoté minimise et dément toute « défaillance », préférant retenir « des améliorations possibles de contrôle » notifiées par le superviseur lituanien.
Des rumeurs d'entrée en Bourse continuent par ailleurs d'entourer la fintech, valorisée 40 milliards d'euros l'an dernier.
« Nous n'avons pas besoin de lever de fonds et nous n'avons pas forcément besoin de liquidités », répond M. Le Nel, pour qui l'entrée en Bourse « n'est donc aujourd'hui pas sur la feuille de route ».