Le gel complet du barème de l'impôt sur le revenu n'aura peut-être pas lieu. Lors des réunions bilatérales organisées cette semaine à Bercy entre Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, et les représentants des groupes politiques, un scénario intermédiaire a émergé. « On ne serait plus sur un gel complet, le gouvernement est en train de bouger », glisse un député, dans des propos rapportés par Le Parisien.

Selon un autre, Bercy proposerait d'indexer les deux premières tranches sur l'inflation autour de 1%, tout en gelant les tranches supérieures. Un compromis présenté comme un geste envers les ménages modestes et les classes moyennes. Un virage après la polémique sur le « gel total ».

Impôt sur le revenu : voici le barème 2026 (sauf en cas de censure du budget)

Dans son projet de loi de finances 2026, présenté le 14 octobre, le gouvernement de Sébastien Lecornu avait initialement prévu une « année blanche » : les seuils d'entrée dans les cinq tranches du barème – de 0% à 45% – devaient rester figés à leur niveau de 2025.

Cette décision devait rapporter 1,9 milliard d'euros et permettre de financer la baisse parallèle de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) à hauteur de 1,3 milliard. Mais le projet avait aussitôt suscité des critiques, notamment sur ses effets sur le pouvoir d'achat.

Impôt sur le revenu 2026 : barème gelé ou indexé sur l'inflation ? Voici ce que ça change

Car un gel complet aurait mécaniquement entraîné l'entrée dans l'impôt d'environ 200 000 ménages supplémentaires, selon les chiffres avancés par Bercy, ainsi qu'une hausse d'impôt pour les foyers situés en limite de tranche. En indexant les deux premières tranches, fixées aujourd'hui à 11 497 € et 29 315 € par part fiscale, le gouvernement espère éviter cet effet d'aubaine budgétaire trop visible.

Les classes moyennes, grandes gagnantes du scénario révisé

Ce gel partiel profiterait surtout aux contribuables imposés à 11% et 30%, soit plus de 26 millions de foyers selon la DGFiP. Tous verraient une légère atténuation de la hausse d'impôt prévue initialement.

En revanche, les deux tranches supérieures, à 41% (à partir de 83 823 €) et 45% (au-delà de 180 294 €) resteraient gelées. Une ligne rouge pour le Parti socialiste, qui propose d'aller plus loin et de geler aussi le seuil d'entrée à 41%. Un amendement en ce sens doit être déposé.

Contacté par la presse, Bercy botte pour l'instant en touche : « Ni démenti, ni confirmation. On ne commente pas des discussions en cours », indique le ministère, soucieux de ne pas apparaître comme reprenant la main sur un budget officiellement entre les mains du Parlement.

En parallèle, Matignon planche sur une mesure dite « pouvoir d'achat » pour alléger la facture fiscale des travailleurs proches du smic. L'idée : modifier les paramètres de la décote, ce mécanisme qui adoucit l'entrée dans l'impôt des foyers modestes.

Ce dispositif bénéficierait notamment aux couples gagnant chacun autour de 1,1 smic à 2 smic, dont les revenus sont aujourd'hui imposés à 11%. Une façon pour le gouvernement de corriger les effets d'un gel du barème perçu comme injuste, tout en préservant les recettes fiscales.

Entre arbitrage politique et souci d'équilibre budgétaire, la mesure illustre la ligne de crête sur laquelle avance Bercy : maintenir la rigueur des finances publiques, sans casser le fragile redressement du pouvoir d'achat.

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