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Appliqué depuis 2019 à l'ensemble des salaires, pensions de retraite et à toutes les ressources régulières, le prélèvement à la source est censé permettre d'échelonner la charge de l'impôt sur le revenu sur l'ensemble de l'année. Comment le taux de prélèvement est-il calculé ? Le contribuable a-t-il la main sur ses éventuels acomptes ? Et comment adapter le taux en cas de changement professionnel ou personnel ?

Réforme voulue par le ministère de l'Économie et des Finances depuis de longues années, le passage au prélèvement à la source a été adopté par le Parlement lors du quinquennat du président François Hollande. Préparé par Bercy sous la houlette du secrétaire d'État au Budget Christian Eckert, le prélèvement à la source a ensuite été mis en œuvre et en musique pendant le quinquennat d'Emmanuel Macron, avec Gérald Darmanin aux manettes au ministère des Comptes publics.

L'année 2018 faisait office de transition, puisque les revenus de 2018 n'ont pas été imposés, ou en partie seulement (« année blanche »). Et le véritable coup d'envoi du prélèvement à la source a été opéré au 1er janvier 2019. Depuis, les salaires, les pensions de retraites, les prestations sociales ou encore les revenus d'indépendant font tous l'objet d'un prélèvement à la source, ou d'un acompte mensuel ou trimestriel.

Le prélèvement opéré à la source, lors de l'année de perception des revenus, est ensuite pris en compte l'année suivante pour le calcul définitif de l'impôt. Il s'agit donc uniquement d'une réforme du mode de perception de l'impôt sur le revenu : du point de vue de la facture annuelle à régler par le contribuable, cette réforme est considérée comme « neutre ».

Qui prélève l'impôt à la source ?

Le prélèvement est effectué par un « tiers collecteur » : l'employeur, la caisse de retraite, etc. La Direction générale des finances publiques (DGFiP) calcule le taux de prélèvement du contribuable, le communique à son employeur, et ce dernier se charge de soustraire l'impôt mensuel du salaire, pour orienter cette ponction mensuelle directement vers la DGFiP, à l'image des cotisations sociales (CSG, etc.) ou retraite qui sont elles aussi ponctionnées à la source sur le bulletin de paie.

Comment est calculé votre taux de prélèvement à la source ?

Votre taux de prélèvement à la source est très proche de votre taux moyen d'imposition : il correspond à la part de vos revenus que vous devez au fisc. En cela, ce pourcentage est totalement différent des taux du barème progressif (11%, 30%, 41% et 45%). Les taux du barème portent chacun uniquement sur une part de vos revenus, alors que le taux de prélèvement (ou taux moyen) s'applique lui à l'ensemble de vos revenus.

Exemple. Madame G. vit seule et a des revenus très confortables, en déclarant 100 000 euros par an. Elle fait partie des foyers aisés voire très aisés et figure dans la tranche à 41% : il s'agit de son taux marginal d'imposition (TMI). Le fisc ne ponctionne pas 41% de tous ses revenus ! Uniquement la part supérieure de ses revenus, et les autres taux (0%, 11% et 30%) « saucissonnent » la part inférieure de ses revenus.

Résultat : madame G. paie 20 845 euros d'impôt. Son taux de prélèvement à la source (et donc ici son taux moyen) est de 20,8% : cela signifie qu'un peu plus de 20% de ses revenus sont ponctionnés par la DGFiP chaque mois et chaque année.

Quel taux s'applique par défaut ?

Si vous déclarez en personne seule : c'est le taux de prélèvement personnalisé qui s'applique. Si vous êtes célibataire, du point de vue du fisc, ou si vous déclarez seul(e), le taux personnalisé est le taux par défaut. Il est censé coller au plus près de votre taux d'imposition moyen. Schématiquement, si vous gagnez 2 000 euros par mois, soit 24 000 euros par an, et que vous payez 240 euros d'impôt annuel, soit 1% de vos revenus, alors votre taux de prélèvement personnalisé ressort à 1%. Chaque mois, votre employeur retire 20 euros (soit 1%) de votre salaire pour le reverser directement au Trésor public.

Si vous déclarez en couple : c'est le taux individualisé qui s'applique. Pour les foyers soumis à l'imposition commune, le taux appliqué par défaut a changé à partir de septembre 2025. Désormais, les deux membres du couple se voient attribuer chacun un taux proportionnel à leurs revenus individuels. Si l'un gagne 30 000 euros par an et l'autre seulement 10 000 euros, schématiquement l'un se verra ponctionner ses revenus de 2% et l'autre de 0%.

Impôt sur le revenu : taux individualisé ou foyer, comment choisir et changer (ou pas) ?

Quel taux pour vos placements financiers ?

Par défaut, pour les gains issus de vos placements financiers, ce n'est pas votre taux de prélèvement à la source qui s'applique. Il existe un taux forfaitaire dédié aux placements financiers : le prélèvement forfaitaire unique (PFU), ou « flat tax ». Le taux d'impôt sur le revenu du PFU est de 12,8% : cette ponction est réalisée par votre banque à la source dès le versement de vos intérêts annuels (par exemple) ou lors d'un retrait sur votre assurance vie.

Ce taux de 12,8% d'impôt sur le revenu est complété par 17,2% de cotisations sociales pour parvenir à 30% de flat tax au total.

Si vous êtes non imposable, vous pouvez réclamer un remboursement de cette flat tax lors de la déclaration de revenus (en cochant la case 2OP). Et si vous respectez les conditions, vous pouvez demander une dispense de prélèvement en la réclamant un an à l'avance.

Quels taux pouvez-vous choisir ?

Malgré l'application, par défaut, du taux personnalisé pour une personne seule, ou du taux individualisé pour un couple, vous avez la possibilité de modifier votre taux quand vous le souhaitez.

Une personne seule a le choix entre deux options :

  • Taux personnalisé, choix par défaut ;
  • Ne pas transmettre son taux personnalisé aux employeurs ou organismes (« taux neutre »).

Un couple soumis à l'imposition commune a le choix entre trois options :

  • Taux individualisés pour chaque membre du foyer, choix par défaut ;
  • Taux personnalisé du foyer, le même pour tous ;
  • Ne pas transmettre son taux personnalisé aux employeurs ou organismes (« taux neutre »).

Les 3 taux disponibles

Taux personnalisé, ou taux foyer. Un taux « personnalisé » pour l'ensemble du foyer : le même appliqué aux revenus de tous les membres du foyer, que vous soyez une personne seule ou une famille avec plusieurs enfants à charge ayant leurs ressources propres.

Exemple. Isabelle et Didier déclarent en couple, sans enfants à charge. Elle gagne 30 000 euros par an, lui 20 000 euros. S'ils choisissent cette option, le taux personnalisé du foyer est de 4,1%.

Isabelle touche un salaire de 2 500 euros par mois, ponctionné de 103 euros pour les impôts. Didier perçoit un salaire de 1 667 euros, rogné de 68 euros à la source. Soit 171 euros prélevés au titre de l'impôt sur le revenu sur leurs salaires.

Taux individualisé. Un taux proportionnel aux revenus pour chaque membre du foyer. Pour les couples, c'est le choix par défaut à compter de septembre 2025, alors qu'il s'agissait d'une simple option disponible entre 2019 et 2025.

Exemple. En laissant le choix par défaut, Isabelle et Didier voient leurs taux s'adapter à leurs revenus respectifs : soit 6,3% pour Isabelle et 0,8% pour Didier, dont le salaire est plus faible.

Isabelle touche un salaire de 2 500 euros par mois, désormais ponctionné de 158 euros pour les impôts. Didier perçoit un salaire de 1 667 euros, rogné de 13 euros à la source. Soit un même total de 171 euros prélevés chaque mois à la source sur leurs salaires, mais répartis différemment.

Taux non personnalisé, ou taux neutre. Vous pouvez opter dans votre espace « prélèvement à la source » sur impots.gouv.fr pour le « non personnalisé ». Il faut pour cela activer l'option « Ne pas transmettre votre taux de prélèvement personnalisé » (bouton « J'opte pour ne pas transmettre mon taux à mon employeur »). Un taux standardisé (voir le barème dans le tableau ci-dessous) s'applique alors pour le prélèvement à la source sur votre salaire ou autre ressource. Et vous devez alors mettre en place un prélèvement mensuel auprès du fisc pour compléter le manque à payer chaque mois. Pour qui le taux neutre est-il utile ? « Cette option ne présente un intérêt que si vous perce­vez d'importants revenus en plus de vos salaires et que vous ne souhaitez pas que votre employeur applique votre taux personnalisé », explique la DGFiP dans sa documentation. Seules quelques dizaines de milliers de foyers utilisent cette option « confidentialité ».

À savoir : au sein d'un couple, cette option est personnelle. Elle ne s'applique que pour la personne qui la réclame, le conjoint étant alors toujours prélevé au taux « classique ».

Revenus mensuels 2025Taux neutre
Inférieurs à 1 620 €0%
De 1 620 € à 1 683 €0,5%
De 1 683 € à 1 791 €1,3%
De 1 791 € à 1 911 €2,1%
De 1 911 € à 2 042 €2,9%
De 2 042 € à 2 151 €3,5%
De 2 151 € à 2 294 €4,1%
De 2 294 € à 2 714 €5,3%
De 2 714 € à 3 107 €7,5%
De 3 107 € à 3 539 €9,9%
De 3 539 € à 3 983 €11,9%
De 3 983 € à 4 648 €13,8%
De 4 648 € à 5 574 €15,8%
De 5 574 € à 6 974 €17,9%
De 6 974 € à 8 711 €20%
De 8 711 € à 12 091 €24%
De 12 091 € à 16 376 €28%
De 16 376 € à 25 706 €33%
De 25 706 € à 55 062 €38%
Supérieure ou égale à 55 062 €43%

Source : loi de finances pour 2025.

Indépendants, revenus fonciers... Quels acomptes ?

Les acomptes concernent tous ceux qui signalent lors de leur déclaration de revenus des ressources sans « tiers collecteur ». C'est-à-dire des ressources hors salaire, pension de retraite, etc.

Le Trésor public ne peut réaliser de prélèvement à la source sur les loyers que vous percevez directement d'un investissement locatif, ni sur tous les revenus d'indépendant (BIC, BNC, BA), ni sur les pensions alimentaires, entre autres.

Un acompte, calculé automatiquement par le fisc, est prélevé sur le compte bancaire que vous avez renseigné à la DGFiP. L'opération apparaît au 15 du mois sous le libellé « PRELEVEMENT Direction Générale des Finances publiques ». Il est possible de réclamer un prélèvement trimestriel plutôt que mensuel.

Comme le rappelle la DGFiP, « ce prélèvement cumule les montants au titre de tous les types de revenus et pour toutes les personnes du foyer fiscal ».

Quelle modification possible ? Vous ne pouvez pas baisser les acomptes, sauf en passant par la rubrique « Actualiser suite à une hausse ou une baisse de vos revenus », où vous devez signaler une baisse globale de vos ressources. Il est en revanche possible d'augmenter l'acompte de prélèvement à la source, ou d'en créer un nouveau : le but est de coller au maximum à la réalité de vos ressources pour éviter d'avoir un important « solde restant à payer » sur l'avis d'impôt de l'année suivante.

Calcul final de l'impôt : comment le fisc prend en compte le prélèvement à la source ?

Vous êtes prélevé tout au long de l'année sur vos salaires, sur vos pensions, sur les loyers que vous percevez, etc. Et c'est uniquement l'année suivante que la DGFiP va affiner son calcul. Objectif : vous rendre ce que vous avez payé en trop, ou vous réclamer le restant à payer.

Les montants ponctionnés à la source sur vos salaires ou payés en acomptes apparaissent dans votre déclaration à la rubrique « prélèvement à la source ». Ces montants sont évidemment préremplis. La DGFiP prend ainsi en compte ce que vous avez déjà payé avant de finaliser le calcul de votre solde d'impôt annuel.

« Montant qui sera remboursé », « Impôt avant crédits d'impôts »... Ce calcul à déchiffrer en fin de déclaration

Crédit et réduction d'impôt : une avance à la mi-janvier

C'est l'un des bémols de la réforme du prélèvement à la source : votre taux de prélèvement ne prend pas en compte vos crédits et réductions d'impôt. Pour vous éviter d'avancer chaque année trop d'argent au fisc, la DGFiP reverse chaque année à la mi-janvier l'équivalent de 60% votre avantage fiscal annuel.

Ce virement de la « DGFiP Finances publiques », d'un montant moyen de 639 euros en 2025, au bénéfice de plus de 9 millions de foyers fiscaux, porte le libellé « AVANCE CREDIMPOT » sur votre compte bancaire. Il est calculé sur la base de la dernière déclaration de revenus complétée.

Benoît LETY
Benoît LETY

Benoît LETY suit principalement les thématiques impôt, retraite, salaire, aides sociales et épluche chaque semaine les questions de lecteurs. Tout... Lire la suite

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