
Amandine Montac, vous venez de remplacer Alain Colin à la tête de Monabanq. Dans quel contexte se déroule ce passage de témoin ?
Amandine Montac : « Alain Colin, qui est, il faut le rappeler, le fondateur de Monabanq, me passe le relais à un moment clé, puisque la banque est en pleine phase de développement. Nous préparons un plan d'accélération qui doit être présenté à la rentrée. »
Cela signifie-t-il que le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, votre actionnaire unique, a l'intention d'investir plus dans sa banque en ligne ?
Amandine Montac : « Oui, il nous incite à aller plus loin dans notre croissance, et donc naturellement dans une stratégie d'investissement. Le but est de continuer d'accélérer, tout en gardant notre culture, cette excellence relationnelle qui fait notre différence. »
« Nous sommes la banque en ligne du Crédit Mutuel Alliance Fédérale et nous en sommes fiers »
Le lien entre Monabanq et le Crédit Mutuel va-t-il être plus mis en avant ?
Amandine Montac : « Oui, car ce lien est très important pour nos collaborateurs et pour nos clients. Nous sommes la banque en ligne du Crédit Mutuel Alliance Fédérale et nous en sommes fiers. Nos clients nous choisissent aussi parce que nous sommes une banque avec des valeurs, que nous partageons avec le Crédit Mutuel : toujours placer le client au cœur de nos préoccupations, en lui apportant le plus de considération et de sérénité possible. “Les gens avant l'argent“, pour reprendre notre signature de marque. »
Monabanq est historiquement très discret sur l'évolution de son fonds de commerce. Où en est précisément la banque ?
Amandine Montac : « C'est vrai, pour une raison simple : la comparaison n'est pas possible, car les chiffres publiés par nos concurrents sont acquis grâce à des offres gratuites. Nous respectons ce modèle, mais le nôtre est très différent. Nos clients sont tous des abonnés payants, qui paient chaque mois le juste prix pour accéder à la gamme de produits la plus large du marché et à des conseillers disponibles. Ceci étant dit, Monabanq est une entreprise en croissance, qui recrute beaucoup de clients et de collaborateurs (400 cette année) et qui dispose d'un modèle vertueux qui va lui permettre d'être rentable à court terme. »
Vous évoluez sur un marché très concurrentiel. Qui, aujourd'hui, fait le choix de devenir client de Monabanq plutôt que d'une autre banque en ligne ?
Amandine Montac : « Notre clientèle est très proche de la population française en général, en termes d'âge, de catégorie socio-professionnelle... Elle est seulement un peu plus urbaine. Nous attirons à la fois des populations fragilisées qui vont rechercher un accompagnement spécifique, et des cadres supérieurs fiers d'opter pour une banque différente, qui place les gens avant l'argent. Ces clients ont en commun d'être très engagés : 70% d'entre eux nous choisissent comme banque principale, celle qu'ils utilisent au quotidien. C'est une des vertus de notre modèle. »
« Nous assumons notre modèle d'abonnement au juste prix »
N'êtes-vous pas tentée, pour accélérer votre croissance, de proposer un compte gratuit en entrée de gamme ?
Amandine Montac : « Non, nous assumons notre modèle d'abonnement au juste prix, et nous estimons que nous pouvons continuer à croître significativement grâce à lui. Le prix n'est pas un frein lorsque le service est de qualité. D'ailleurs, la majorité de nos clients optent aujourd'hui pour les gammes les moins bon marché. »
Quels autres leviers allez-vous utiliser pour accélérer votre croissance ?
Amandine Montac : « Le premier est l'investissement marketing. Nous sommes sur un marché passionnant, très médiatisé, où tout le monde bataille pour prendre des parts de voix (1). Notre souhait est de rentrer dans cette bataille en investissant significativement. Un autre levier est celui de l'innovation. Nous avons lancé récemment Monabudget, un système innovant qui permet au client de gérer intelligemment son épargne, son compte. D'autres nouveautés arriveront à la rentrée : de nouveaux produits, de nouvelles offres. Enfin, nous allons continuer à investir dans nos engagements sociétaux. »
Cette banque en ligne a une nouvelle solution pour éviter les découverts
Monabanq pourrait-elle envisager, comme d'autres l'ont fait, de profiter de la consolidation du marché pour racheter un concurrent plus petit ?
Amandine Montac : « Pourquoi pas, à condition que cela soit cohérent avec notre ADN, celui d'une banque à impact, accessible au plus grand nombre. »
« Nous ne troquerons jamais notre excellence humaine contre de l'intelligence artificielle »
Envisagez-vous, comme la plupart de vos concurrents, d'investir dans l'intelligence artificielle générative pour développer une assistance virtuelle ?
Amandine Montac : « Nous utilisons déjà un chatbot pour répondre à certaines questions basiques. L'IA est une alternative intéressante, qui peut rendre service aux clients en dehors des plages horaires couvertes par les conseillers. Ceci étant dit, nous ne troquerons jamais notre excellence humaine contre de l'intelligence artificielle. Nous sommes très fiers de nos équipes et notre objectif est d'assurer au maximum une réponse humaine. »
Le crédit immobilier redémarre. Allez-vous, comme d'autres, utiliser ce levier pour capter et fidéliser des clients ?
Amandine Montac : « Oui, le marché s'ouvre de nouveau, et nous allons recommencer à pousser le crédit immobilier à partir de la rentrée. »
Votre offre à destination des professionnels est réservée aux autoentrepreneurs. Envisagez-vous de l'ouvrir à d'autres, comme les professions libérales ?
Amandine Montac : « Il est clair que le marché des pros va continuer à décoller, avec des nouvelles réglementations comme la facturation électronique. Ce n'est pas notre priorité à court terme : nous allons nous concentrer sur le client particulier dans les mois qui viennent. Mais nous allons nous y intéresser, plutôt à l'horizon 2026. »
Banque en ligne : le comparatif des offres
(1) La part de voix est un indicateur utilisé en marketing pour mesurer la visibilité ou la présence d'une marque par rapport à ses concurrents sur un marché donné.