Toutefois, cette somme rapportée à la richesse produite par le pays sur l'année, devrait représenter 10,1% du PIB en 2026, une proportion qui ne bouge pas par rapport à 2025 et qui reste inférieure au pic à 11,2% touché en 2020, année de la crise sanitaire.
Pour 2025, l'AFT maintient inchangé son programme d'emprunt à moyen et long termes, fixé à 300 milliards d'euros.
La hausse de 10 milliards d'euros prévue en 2026 s'explique, selon l'Agence, par une progression des amortissements de dette : la France doit rembourser 168 milliards d'euros en 2025, un montant qui atteindrait 175,8 milliards en 2026.
Pour établir sa trajectoire de financement, l'AFT s'appuie sur des hypothèses d'évolution des taux d'intérêt. Le Trésor français anticipe un taux à dix ans autour de 3,70% en janvier 2026, puis 3,80% un an plus tard, avant une hausse graduelle vers 4,00% à l'horizon 2029.
Et par ailleurs, le programme d'emprunt doit financer le déficit public qui doit s'établir en 2026, selon le projet de loi de finances présenté mardi par le gouvernement de Sébastien Lecornu, à 4,7% du PIB. Le Premier ministre a toutefois prévenu qu'il pourrait être plus élevé à la fin de la discussion parlementaire mais en restant inférieur à 5%.
Poids de la dette
Le texte comprend un effort global de 30 milliards d'euros, dont environ 17 milliards d'euros en dépenses et près de 14 milliards d'euros en recettes.
Parmi les postes de dépenses qui augmenteront en 2026 par rapport à 2025 : la charge de la dette, c'est-à-dire les intérêts payés aux créanciers, qui devrait s'élever à 59,3 milliards d'euros en 2026, contre environ 55 milliards d'euros aujourd'hui.
Cela en fait le deuxième poste budgétaire de l'Etat derrière l'Éducation nationale.
Après une longue période de taux d'intérêt historiquement bas, la succession de crises, comme la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine et la flambée de l'inflation, a provoqué une nette remontée du « prix » de l'argent, alourdissant mécaniquement la facture pour les emprunteurs.
La dette du pays, qui dépasse déjà 3.400 milliards d'euros, devient ainsi de plus en plus coûteuse, un mouvement encore accentué pour la France depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024, qui a ajouté de l'incertitude sur la trajectoire budgétaire du pays.
Cette instabilité n'est pas sans conséquence : l'agence de notation Fitch a abaissé en septembre la note souveraine de la France.
En 1980, la dette publique française représentait 20,8% du PIB. Quarante-cinq ans plus tard, elle devrait atteindre 115,9% à la fin de l'année, selon le PLF présenté mardi.
« En 2026, le ratio de dette atteindrait 117,9% du PIB, soit une hausse de 2 points de PIB par rapport à 2025 », selon le même document.
Sous l'œil des marchés
La trajectoire budgétaire française est surveillée de près sur les marchés financiers qui réclament aujourd'hui à être mieux rémunérés pour prêter à la France.
Sur le marché obligataire, le taux d'intérêt à dix ans de la France, qui évoluait autour de 3,10% avant la dissolution, a atteint jusqu'à 3,60% en septembre, peu après la chute du gouvernement Bayrou, et s'établissait à 3,47% à la clôture lundi.
À titre de comparaison, l'Allemagne, première économie de la zone euro réputée pour sa discipline budgétaire, a vu le rendement de son emprunt à même échéance terminer à 2,64% la veille. L'écart entre les deux taux, appelé « spread » dans le jargon financier, évolue entre 0,8 et 0,85 point de pourcentage, contre moins de 0,50 point avant juin 2024.