Du rififi au sommet du groupe La Poste. Après 12 ans de règne, son patron, Philippe Wahl doit céder sa place en raison de son âge, 68 ans. Deux candidats en interne se sont positionnés pour la suite. Il y a d'abord Nathalie Collin, qui gère la branche Grand Public et Numérique soit notamment les quelque 50 000 salariés des 17 000 bureaux de poste et points de contact. Et Stéphane Dedeyan, le président du directoire de La Banque postale.
Mais pour avoir toutes ses chances, ce dernier va devoir faire une croix sur sa rémunération actuelle. « Alors que la filiale bancaire a perdu près d'un demi-milliard d'euros en 2024, il aimerait conserver sa rémunération actuelle, de près de 856 000 euros, primes comprises − soit quasi le double du salaire plafonné à 450 000 euros que touche un dirigeant d'entreprise publique, et 250 000 euros de plus qu'à sa prise de fonctions, en 2023 », rapporte le Canard Enchaîné.
Une rémunération politiquement difficile à justifier
Selon l'entourage de Stéphane Dedeyan, ce dernier aurait obtenu des garanties de Philippe Wahl sur le déplafonnement de sa rémunération, rapporte le palmipède. En effet, La Poste n'est plus détenue qu'à 34% par l'Etat et à 66% par la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Si juridiquement, l'argument peut tenir la route, politiquement, c'est une tout autre histoire.
« C'est intenable : le patron de la CDC, au salaire plafonné à 450 000 euros, gagnerait presque deux fois moins que celui de la boîte dont il est majoritairement actionnaire », rapporte le Canard.
D'après un article de L'Informé du mardi 27 mai, Stéphane Dedeyan a fait savoir qu'il était prêt à revoir sa position sur le sujet de sa rémunération. « Il ne dit pas qu'il est prêt à réduire son salaire de patron de La Banque postale mais, dans le cadre des échanges sur les conditions d'un futur mandat, il est ouvert à des changements », explique un proche du dossier
« Le sujet de la rémunération est inflammable à l'Assemblée. On voit mal comment un dirigeant qui réclamerait une multiplication par deux du salaire de son prédécesseur pourrait passer sans encombre l'épreuve des auditions. »
« Stéphane Dedeyan a pris conscience qu'il était obligé de bouger et il l'a accepté », abonde un proche du patron de La Banque Postale. Car pour devenir patron du groupe La Poste, il faut aussi obtenir l'aval du Parlement.
« Le sujet de la rémunération est inflammable à l'Assemblée. On voit mal comment un dirigeant qui réclamerait une multiplication par deux du salaire de son prédécesseur pourrait passer sans encombre l'épreuve des auditions. La commission des affaires économiques est tout de même présidée par une députée LFI », souligne un administrateur du groupe, interrogé par L'Informé.
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