« La seule banque des exclus ». Voici comment Stéphane Dedeyan, le président du Directoire de La Banque Postale, a décrit son entreprise, au cours d'une audition face à la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation du Sénat, le jeudi 22 mai. Banque publique, LBP est, en effet, dépositaire d'une mission de service publique en matière d'accessibilité bancaire. Via le Livret A, elle fournit ainsi des services bancaires (compte bancaire, moyens de paiements, etc) à toute personne qui en fait la demande. Le dispositif, « gratuit, universel et non-discrimant » explique Stéphane Dedeyan, concerne 1,2 million de personnes, et même 3 millions si on ajoute les familles des bénéficiaires. On retrouve parmi eux des réfugiés étrangers, mais aussi à des personnes exclues du système bancaire traditionnel à la suite d'incidents de vie.
La Banque Postale : les dessous du Livret A universel
Un important besoin de guichets physiques
Les bénéficiaires de cette mission ont en commun d'avoir un important besoin d'accès à un guichet. Parce qu'ils ne sont pas francophones et/ou mal à l'aise avec les interfaces numériques. Mais aussi parce qu'ils gèrent leur budget « à l'euro près » explique le patron de LBP, et presque uniquement en espèces.
Si la convention signée avec l'Etat (et en cours de renégociation) ne comprend aucune obligation sur le sujet, l'accomplissement de la mission de La Banque Postale implique qu'elle puisse fournir des services bancaires dans un grand nombre de points de vente. Elle peut s'appuyer pour cela sur le large réseau de La Poste.
Pour autant, elle ne peut pas fournir des services bancaires dans les 17 000 points de contact de ce réseau, faute notamment de formation adéquate des guichetiers.
La Banque Postale : 1,2 million de clients utilisent leurs Livrets A autrement
Des guichetiers-facteurs dès cet été
Des conseils et des services bancaires avancés sont ainsi fournis dans les 6 500 bureaux de poste. « Nous disposons d'un conseiller bancaire pour 10 500 habitants et pour 1 500 clients », a rappelé le président du Directoire. Ces bureaux de poste, dont 360 environ proposent des services à destination des exclus du secteur bancaire (traduction, conseils budgétaires, lutte contre l'illectronisme), sont toutefois situés principalement en zone urbaine.
Qu'en est-il en zone rurale ? Dans de nombreuses communes, le bureau de poste a été remplacé par des agences postales communales, au nombre de 7 100 actuellement. Les services bancaires y sont présents, mais limités à des retraits et des dépôts d'espèces. La Banque Postale va toutefois déployer, dès cet été, 34 « guichetiers-facteurs », formés pour proposer plus de services bancaires.
La Banque Postale explique également avoir stabilisé son parc de distributeurs automatiques, dont le nombre atteint 5 500 dans 2 600 communes. Soit « une part de marché de 13%, alors que La Banque Postale ne sert que 5% des clients bancaires », a commenté Stéphane Dedeyan.
