Les agences bancaires françaises disparaissent à un rythme inédit. C'est ce que révèle ce lundi un article des Échos. En cinq ans, plus de 3 296 agences ont baissé le rideau, contre 2 900 sur toute la décennie précédente. Le nombre total de points de vente est ainsi tombé à 36 411, selon une étude Infostat Marketing pour Les Échos.

Cette accélération s'expliquerait par plusieurs facteurs : montée en puissance des services numériques, baisse de fréquentation, effets durables du Covid, pression sur les coûts, et concurrence des néobanques. Résultat : même les banques mutualistes, historiquement attachées à leur maillage local, réduisent leurs réseaux.

Société Générale en tête des fermetures

Société Générale a fermé 542 agences en 5 ans (20% de son réseau), notamment dans le cadre de sa fusion avec le Crédit du Nord. Une opération douloureuse pour l'établissement, qui a perdu des clients mais tente de regagner du terrain avec des campagnes agressives, notamment sur le crédit immobilier.

Avec un taux immobilier sous les 3% pour les nouveaux crédits, cette grande banque frappe fort

BNP Paribas n'est pas en reste : elle a supprimé plus de 300 agences sur la même période (près de 16% du réseau) et prévoit encore environ 500 fermetures d'ici 2030, en contrepartie d'investissements massifs dans le numérique et Hello bank !.

BNP Paribas pourrait passer de 1 500 à 1 000 agences bancaires d'ici 2030

Alors qu'elles résistaient jusque-là, les banques mutualistes ont, elles aussi, engagé une transformation rapide. BPCE (Caisse d'Épargne, Banque Populaire) a fermé plus de 600 agences en 5 ans. Crédit Agricole, premier réseau bancaire de détail, a supprimé 350 agences, soit un recul modéré de 6,2%, mais qui pourrait s'amplifier d'ici 2030. Changement de cap également pour le Crédit Mutuel : 247 fermetures sur la période, contre seulement 85 lors des dix années précédentes. Le groupe mise désormais sur l'optimisation du réseau, en regroupant les agences les plus petites.

Il faut dire que depuis plusieurs années, et notamment avec le Covid, les applications bancaires sont devenues la norme. En 2023, 79% des Français avaient téléchargé une application bancaire, contre 66% en 2020, selon la Fédération bancaire française (FBF). Parallèlement, la part de clients se rendant régulièrement (tous les deux à trois mois) en agence est tombée à 36%.

Ces fermetures sont-elles alors inéluctables ? Si les clients plébiscitent la rapidité du digital, beaucoup restent attachés à la proximité. Pas de quoi rassurer les syndicats. « Le réseau d'agences bancaires est un pourvoyeur d'emplois dans le secteur bancaire français, souligne Frédéric Guyonnet, président du SNB, auprès des Échos. La réduction du nombre d'agences nous inquiète sur ce point. »