Isoler ses murs, changer ses fenêtres, remplacer ses volets... autant de travaux devenus essentiels dans la course à la performance énergétique. Mais pour nombre de propriétaires retraités, le parcours est semé d'embûches. En cause : le refus récurrent des banques d'accorder un éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ) aux seniors, au motif de leur âge, quand bien même ce critère n'est encadré par aucune limite légale. Une situation qui pourrait freiner des milliers de projets de rénovation.
C'est l'alerte lancée par le député Éric Pauget dans une question adressée au Gouvernement mi-mars. Il déplore « une véritable paralysie administrative » : même après avoir monté un dossier conforme auprès de France Rénov', de nombreux ménages âgés se voient opposer un refus par leur établissement bancaire, sans recours possible. Un paradoxe d'autant plus incompréhensible que l'éco-PTZ, financé par l'État, est justement conçu pour être accessible sans condition de ressources.
Plusieurs alternatives pour rénover son bien
Le Gouvernement ne nie pas le problème. Dans sa réponse publiée fin mai, il rappelle que « l'octroi de ce prêt demeure soumis à l'appréciation des établissements bancaires », ces derniers restant libres d'appliquer leurs propres critères de solvabilité et de risque. Autrement dit : pas de discrimination officielle, mais une réalité de terrain qui écarte de fait certains profils, dont les seniors disposant pourtant d'un patrimoine immobilier.
Pour tenter d'y remédier, l'exécutif met en avant plusieurs alternatives. D'abord, le prêt avance rénovation (PAR), créé par la loi Climat et Résilience. Ce crédit atypique, garanti par une hypothèque, ne nécessite un remboursement qu'au moment de la revente ou de la succession du bien.
Une version améliorée, le PAR+, vise quant à elle les foyers modestes, avec une exonération d'intérêts durant les dix premières années. Le prêt avance mutation (PAM) permet également aux ménages modestes ou âgés d'accéder à un financement amortissable uniquement à la mutation du bien (vente ou transmission).
Rénovation énergétique : ce prêt évolue et devient « à taux zéro »
Enfin, une mission sur la création d'une « banque de la rénovation énergétique » est en cours. Pilotée par les sénatrices Amel Gacquerre et Marianne Margaté, en lien avec le réseau Procivis, elle pourrait déboucher sur un nouvel acteur public ou hybride, capable de financer les rénovations là où les banques privées se montrent frileuses.
Reste que, malgré ces pistes, les freins persistent. Tant que les banques pourront écarter un dossier sur des critères non régulés comme l'âge, le fossé entre les ambitions de la transition écologique et la réalité des ménages âgés continuera de se creuser.