Huit clients de cette caisse régionale ont porté plainte dans cette affaire. Ils avaient souscrit le produit de placement « Doubl'O Monde » en espérant doubler leur capital en six ans « en toute sérénité », comme mis en avant par la plaquette publicitaire. Six ans plus tard, les investisseurs ont tout juste récupéré leur capital réduit des frais bancaires.

« Seul le capital était garanti, la performance quant à elle était conditionnelle » sur le document fourni au client, a plaidé un des avocats de la Caisse d'Epargne devant le tribunal correctionnel de Saint-Etienne jeudi. « Comment imaginer une seconde que la Caisse d'Epargne ait voulu doubler ses clients ? », a-t-il poursuivi.

« La pratique commerciale trompeuse ne fait pas le doute », a répondu le représentant du parquet Philippe Chassaigne, pour qui la banque aurait de surcroît pu « faire un geste » en n'encaissant pas les frais de souscription et de gestion. « Le produit tel qu'il était présenté, ce n'était pas Perdisimo mais Doubl'O », a-t-il ironisé. Selon l'Association française des usagers de banques (AFUB), entre juillet 2001 et avril 2002, « Doubl'O » aurait été souscrit par 266.000 clients en France, dont 6.000 ont porté plainte au sein d'un collectif mis en place par l'AFUB. De nombreux cas ont été réglés à l'amiable.

« Des dizaines de contentieux civils ont déjà été jugés », dont certains ont mené à des condamnations, « mais c'est la première fois que cette affaire arrive au pénal », a déclaré à l'AFP l'avocat de plusieurs parties civiles, Fabien Rajon. « L'objectif est de mettre un coup d'arrêt aux pratiques commerciales agressives des banques », a-t-il ajouté. La décision a été mise en délibéré au 13 décembre.