Est-ce le chant du cygne pour le chèque en France ? Selon la cartographie des moyens de paiement publiée ce mardi par la Banque de France, il a représenté 2% des paiements, hors espèces, effectués en France en 2024. Sa part de marché était encore de 12% en 2014, et de 20% en 2008. Le nombre de chèques émis l'an dernier a ainsi baissé de 12% par rapport à 2023. La baisse est encore plus sensible en volume d'argent échangé : -16%. Voilà pour le verre à moitié vide.
11 chèques par personne en 2024
Pourtant, si ces jours de gloire sont derrière lui, le chèque est loin d'avoir été abandonné par les Français. En 2024, ils en ont encore signé 784 millions, pour un montant total de 392 milliards d'euros. Ce qui représente une moyenne de 11 chèques par personne en 2024.
Cela peut paraître peu, si on compare avec la carte bancaire (304 utilisations par personne) ou même au virement (87), mais c'est beaucoup plus qu'ailleurs : deux chèques par an et par personne en moyenne dans l'UE, et même zéro dans de nombreux pays, comme l'Allemagne, l'Espagne, la Belgique ou les Pays-Bas.
Un chiffre résume la place à part prise par le chèque en France : nous représentons environ 15% de la population de l'Union européenne, mais nous sommes à l'origine de 87% des chèques qui y ont été émis en 2024 (comme en 2023).
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Le péril du virement instantané
Si le chèque conserve donc un attrait pour certains, les années 2025 et 2026 s'annoncent périlleuses pour lui, en raison de la démocratisation du virement SEPA instantané.
En 2024, l'usage de ce moyen de paiement apparu en 2018 et sur lequel l'Europe unie fonde de grands espoirs a fortement progressé : +46,5% en volume. Mais il ne représente encore qu'un virement sur 10, un chiffre légèrement inférieur à la moyenne de l'UE (11%).
On ne connaît pas encore les chiffres de 2025, mais cette part de marché devrait décoller. Depuis le début de l'année, le virement instantané, jusqu'ici facturé autour d'un euro pièce dans une large majorité des banques, est devenu gratuit, sous pression de l'Europe.
Ce que change le virement instantané gratuit dans la vie des Français
Or le virement instantané est un concurrent majeur pour le chèque sur plusieurs de ses cas d'usage. C'est déjà le cas pour les échanges d'argent entre particuliers, où l'application Wero, qui utilise les « rails » du virement instantané, trouve son public en France, avec 16 millions d'usagers.
D'autre cas d'usage du chèque pourraient également être concernés. Un exemple : en 2026, PayFip, le portail de paiement en ligne du Trésor Public, va intégrer une nouvelle option de paiement, le « virement simplifié » (ou initiation de paiement). Soit une technique qui permet de l'autoriser, en quelques clics depuis un mobile et sans avoir à renseigner un IBAN à 27 caractères, à initier un virement depuis votre compte pour régler une facture de crèche ou de cantine, certaines taxes locales, etc.
Mode d'emploi du virement simplifié, l'alternative à la carte et au chèque proposée par le fisc























