Lancé il y a un an en France, Wero rencontre un certain succès, facilité, il est vrai, par le fait que Paylib, qu'il a remplacé, comptait déjà 35 millions d'inscrits. Selon les chiffres récemment fournis par EPI, le consortium qui développe l'application, Wero compte près de 16 millions d'utilisateurs actifs, c'est-à-dire ayant utilisé au moins une fois le service, dans l'Hexagone. C'est beaucoup plus qu'en Allemagne (2,3 millions), mais beaucoup moins qu'en Belgique (7 millions d'usagers, sur une population totale de 11,7 millions d'habitants).

Le portefeuille numérique de paiement (ou wallet) lancé par le secteur bancaire, toutefois, n'en est encore qu'à ses débuts. Wero se lancera en 2026 dans deux nouveaux pays, au Luxembourg et aux Pays-Bas. Le potentiel d'adoption y est important, tant Payconiq et iDEAL, qu'il va remplacer, sont populaires dans ces pays.

Wero va également élargir ses cas d'usage. Cantonné aujourd'hui au paiement entre particuliers, il pourra bientôt être utilisé pour effectuer des paiements e-commerce : dès 2025 en Allemagne et en 2026 en Belgique puis en France.

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Viendra ensuite le paiement en boutique physique, sans doute courant 2026 pour les premiers tests. Une « brique » prévue depuis le lancement de Wero, mais qui pourrait prendre une forme différente que celle qui était prévue.

Le paiement mobile NFC s'est imposé

Voici ce qui avait été annoncé. Pour payer en face à face, EPI comptait s'appuyer sur le QR Code, une technologie relativement simple à mettre en place : le commerçant a juste besoin d'afficher le QR Code sur un écran. Une fois flashé avec un mobile, celui-ci permet d'initier un virement instantané du compte du client vers celui du commerçant.

Le problème, c'est que l'usage du QR Code est encore peu répandu en Europe. En France notamment, où les usagers ont pris l'habitude d'utiliser une autre technologie, le NFC, qui permet de payer sans effort, en approchant juste son téléphone du terminal de paiement. Selon les derniers chiffres de la Banque de France, cette manière de payer, popularisée par Apple Pay et Google Pay, grandit à vitesse grand V : son usage a été multiplié par 20 en 5 ans et représentait, fin 2024, un paiement carte sur six en boutique physique.

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Face à cette popularité grandissante, Wero aurait finalement choisi de proposer également le paiement par NFC, selon le média spécialisé Mind Fintech. Quitte à faire une entorse à son projet. Le paiement par NFC, en effet, nécessite aujourd'hui d'utiliser une carte bancaire comme « rail » de paiement. Or l'ambition affichée de Wero était justement de se passer de la carte, pour des questions économiques (son acceptation coûte cher aux marchands) et de souveraineté (les deux premiers réseaux de paiement, Visa et Mastercard, ne sont pas européens, mais états-uniens).

« Nous allons intégrer la carte dans Wero l'année prochaine »

« Nous allons intégrer la carte dans le wallet l'année prochaine », soit en 2026, a pourtant confirmé Martina Weimert à Mind Fintech. Le paiement par QR code, lui, n'est pas annulé : les deux modes, « complémentaires » selon la patronne d'EPI, cohabiteront.

Cette intégration de la carte bancaire ne signifie peut-être pas, pour autant, que les objectifs d'économies et de souveraineté sont oubliés. Pour effectuer les paiements par NFC, Wero pourrait, en effet, s'appuyer sur les réseaux de paiement par carte européens, comme CB en France ou Girocard en Allemagne, réputés moins chers que Visa ou Mastercard. À terme, EPI espèce aussi proposer du paiement NFC sans carte, en s'appuyant sur les rails de paiement du virement instantané.