C'est un fait : les distributeurs automatiques de billets (DAB) sont moins nombreux qu'auparavant. Fin 2024, le territoire métropolitain comptait environ 10 000 automates de moins que fin 2018, ce qui représente une baisse de 15%, principalement dans les communes de plus de 2 000 habitants.
Cette baisse est cohérente avec un autre fait : les Français utilisent de moins en moins les pièces et les billets. Selon la cartographie des moyens de paiement en France en 2024 récemment publiée par la Banque de France, ils règlent 19% de leurs dépenses courantes en espèces. Un chiffre en lent déclin, avec un décrochage au moment de la pandémie de covid : en 2029, cette part était encore de 24%, et de 33% en 2012. Nous sommes de plus en plus nombreux, en clair, à privilégier la carte bancaire, sans contact ou non, pour régler nos achats, même de petits montants.
La crainte existe toutefois des conséquences d'un accès restreint aux espèces, dans un contexte où les risques climatiques et géopolitiques sont toujours plus présents et menacent la bonne marche des moyens de paiements électroniques. Récemment, le gouvernement français a encouragé les Français à se constituer un kit d'urgence en cas de catastrophe. Il est conseillé d'y inclure du cash, au moins 200 euros pour une famille de 4 personnes.
Combien d'argent liquide faut-il prévoir dans votre kit d'urgence en cas de catastrophe ?
Inciter fiscalement les commerçants ?
Les pouvoirs publics, cependant, n'ont pas l'intention de contraindre les banques à maintenir des DAB qui ne sont plus rentables. C'est pourquoi ils ont choisi une autre solution pour maintenir l'accès aux espèces sur tout le territoire : le retrait d'espèces à l'achat, souvent appelé cashback.
Cette pratique, qui consiste à payer en caisse un montant supérieur au prix des achats et à récupérer la différence en espèces, est autorisée en France depuis 2018. Las, elle semble être restée très confidentielle, même s'il n'existe aucune statistique précise sur le sujet.
Une récente proposition de loi, déposée par le député socialiste Pierrick Courbon, s'est donné pour objectif d'y remédier en rehaussant le plafond de retrait (de 60 euros actuellement à 150 euros) et, surtout, en créant pour les commerçants une incitation fiscale à proposer le service.
Elle propose également de confier à La Poste une nouvelle mission de service universel de la monnaie fiduciaire, qui consisterait à installer, approvisionner et à entretenir des DAB là où les autres opérateurs bancaires sont défaillants. Le texte a été examiné par la commission des finances de l'Assemblée nationale. Il figurait à l'ordre du jour de la séance publique du 11 décembre dernier, jour de niche parlementaire socialiste, mais n'a pas été discuté, faute de temps. Il devrait poursuivre son parcours parlementaire en 2026.
Les frais d'un retrait dans un distributeur d'une autre banque (en zone euro)
Des points d'accès aux espèces plus ouverts
Le retrait d'espèces à l'achat est aussi à l'ordre du jour de la future révision de la directive européenne sur les services de paiement (DSP3). Le texte, qui a fait l'objet d'un accord entre le Parlement et le Conseil européens le 28 novembre dernier, contient une mesure destinée à permettre aux magasins de fournir des espèces (100 euros au minimum, 150 euros au maximum) aux clients, sans que ce dernier soit tenu d'acheter quoi que ce soit. Il doit encore être formellement adopté par le Parlement et le Conseil avant de pouvoir entrer en vigueur, sans doute pas avant la fin de 2026.
Une autre initiative, enfin, devrait également voir le jour l'an prochain. Le réseau français de paiement et de retrait par carte CB travaille à ouvrir les 27 000 points d'accès aux espèces déjà existants chez les commerçants. Ces points, aujourd'hui, sont privatifs, c'est-à-dire réservé aux seuls clients de la banque qui les ont installés : le Crédit Mutuel, le Crédit Agricole ou La Banque Postale, selon les cas. Il pourrait prochainement être ouvert aux porteurs des 76 millions de cartes CB en circulation. Les premiers teste seront effectués au premier semestre 2026, par La Banque Postale et le Crédit Agricole.
La Banque Postale, Crédit Agricole... Ce qui va changer pour vos retraits d'argent























