L'essentiel
- En 2025, l'or a atteint des niveaux historiques, stimulé par des tensions géopolitiques, une augmentation de la dette publique et une intervention accrue des banques centrales.
- La demande mondiale d'or en 2025 a atteint un sommet de 25 ans avec 1313 tonnes, un record d'environ 146 milliards de dollars pour le trimestre.
- Les prévisions pour 2026 restent haussières, l'or est considéré comme une assurance patrimoniale plutôt qu'un actif spéculatif, et est recommandé pour diversifier le patrimoine des épargnants.
Après une année 2025 hors normes, l'or aborde 2026 à des niveaux historiques. Valeur refuge par excellence, le métal jaune a profité d'un cocktail explosif mêlant tensions géopolitiques, envolée des dettes publiques et retour en force des banques centrales sur le marché. Reste une question centrale pour les épargnants : la hausse peut-elle encore se prolonger, ou le marché a-t-il déjà intégré l'essentiel des bonnes nouvelles ?
2025, une année record pour le métal jaune
L'année 2025 restera comme un tournant pour l'or. Après avoir débuté autour de 2 500 à 2 600 dollars l'once, le cours s'est envolé jusqu'à frôler des sommets historiques à l'automne. En euros, le kilo d'or a même dépassé les 120 000 euros à son pic d'octobre, une première. « Sur l'ensemble de l'année, on est sur une progression moyenne proche de 40%, ce qui est exceptionnel pour un actif historiquement plutôt régulier », souligne Alexis Monceaux, directeur général de Godot & Fils.
Cette envolée s'est accélérée à partir de la fin de l'été. Jusqu'en septembre, l'or évoluait encore dans une trajectoire relativement classique, proche de sa performance moyenne de long terme, autour de 7% par an. Mais plusieurs facteurs sont venus changer la donne : craintes de récession aux États-Unis, fragilité persistante de certaines économies européennes et, surtout, inquiétudes croissantes autour du niveau des dettes publiques mondiales.
Le moteur principal de cette hausse reste institutionnel. « Les banques centrales achètent de l'or comme elles ne l'avaient plus fait depuis des décennies », observe Alexis Monceaux. La Chine, en particulier, a fortement renforcé ses réserves, parfois bien au-delà de ce qu'elle laissait initialement entendre. Un signal fort, interprété par le marché comme une volonté de diversification face à un dollar de plus en plus contesté.
Selon le World Gold Council (WGC), la demande mondiale a atteint 1 313 tonnes au troisième trimestre, un plus haut en vingt-cinq ans, pour une valeur record d'environ 146 milliards de dollars sur le trimestre. À cette demande massive s'ajoutent des tensions très concrètes sur l'or physique. Les délais de fabrication des lingots s'allongent, les fondeurs tournent à plein régime et l'offre peine à suivre. « Là où il fallait quelques jours pour produire plusieurs dizaines de kilos, il faut désormais parfois plusieurs semaines », constate le dirigeant de Godot & Fils. Un déséquilibre offre-demande qui contribue mécaniquement à soutenir les prix.
2026 : poursuite de la hausse ou simple respiration ?
À court terme, une phase de consolidation n'est pas exclue. L'or reste un actif de long terme, qui avance par cycles. « Il peut y avoir des phases de respiration, mais historiquement, les anciens plus hauts deviennent souvent les nouveaux planchers », rappelle Alexis Monceaux. Contrairement à une bulle spéculative, la hausse actuelle s'inscrit dans un mouvement progressif, largement alimenté par des flux de long terme.
Pour 2026, le consensus des grandes banques internationales reste résolument haussier. Plusieurs établissements, dont JP Morgan ou Goldman Sachs, évoquent des objectifs supérieurs à 4 000 dollars l'once, ce qui placerait le kilo d'or autour de 130 000 à 135 000 euros. Soit encore un potentiel de progression à deux chiffres, même après l'excellente année 2025.
Peut-on pour autant parler de bulle ? Pour Alexis Monceaux, la comparaison ne tient pas. « Même lors des corrections passées, comme après le pic de 2011, l'or n'a jamais connu d'effondrement brutal. Les replis ont été étalés dans le temps, et les investisseurs patients sont revenus en territoire positif en quelques années. » Sur longue période, l'or affiche une performance annualisée comprise entre 7 et 8%, à condition d'être conservé suffisamment longtemps.
Dans ce contexte, 2026 pourrait encore rester un point d'entrée pertinent, notamment pour les épargnants peu exposés au métal jaune. « L'enjeu n'est pas de viser le point bas parfait, mais d'avoir de l'or dans son patrimoine », estime le dirigeant de Godot&Fils, qui recommande d'échelonner ses achats pour lisser le risque de timing.
Signe révélateur de ce changement de perception, la place de l'or dans les portefeuilles est en train d'augmenter. Longtemps cantonné à 5% des actifs, le métal jaune représente désormais 10%, voire 15% ou 20% des allocations recommandées par certains gestionnaires, observe Alexis Monceaux. Une évolution marquante, qui traduit moins un engouement spéculatif qu'un besoin de protection face à un environnement économique jugé plus instable. « Quand cette allocation devient une nouvelle norme, ce n'est pas une bulle, ce sont les données macroéconomiques qui parlent », estime le dirigeant de Godot & Fils.
Inflation, récession, instabilité financière : les facteurs qui ont porté l'or en 2025 restent largement présents à l'horizon 2026. Plus qu'un actif spéculatif, le métal jaune s'impose à nouveau comme une assurance patrimoniale. « Ce n'est pas un produit que l'on achète pour faire des allers-retours rapides, mais un actif que l'on met de côté et que l'on conserve », résume Alexis Monceaux.



















