Les marchés : On a l'habitude...
La Bourse de Paris termine la séance en légère baisse (-0,18% à 7 920 points) après avoir perdu plus jusqu'à 1,3% en séance. Le CAC 40 reste sous pression, emporté par un mouvement global de repli des marchés. Les investisseurs redoutent une nouvelle escalade dans la guerre commerciale entre Washington et Pékin. La Chine se dit prête à « se battre jusqu'au bout » sur les droits de douane, tout en maintenant la porte ouverte au dialogue. Les opérateurs de marché espèrent un compromis, peut-être une prolongation de la trêve tarifaire en vigueur, mais la nervosité reste palpable. Clairement, on a l'habitude de ce scénario : la pression monte entre les deux superpuissances, entraînant des prises de bénéfices sur les actions, avant une accalmie diplomatique et un rebond des indices boursiers. Un scénario en “V” sur les marchés.
En France, les inquiétudes sont d'un autre ordre. Après plusieurs semaines d'incertitude politique, Sébastien Lecornu a présenté sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale. Son discours, très attendu, visait à rallier une majorité fragile autour d'un projet de budget marqué par un effort budgétaire de près de 30 milliards d'euros. Bien moins que prévu ces derniers mois, pour ménager les oppositions...
Sur les marchés, la prudence domine. L'or a franchi un nouveau record historique à 4 179$ l'once, symbole d'une fuite vers les valeurs refuges. Un record qui illustre à la fois les doutes sur la croissance mondiale, la nervosité politique en Europe, les achats massifs des banques centrales et la défiance persistante face aux tensions géopolitiques.
Dans la suite de cette édition, nous revenons sur les deux lanternes rouges du CAC et du SBF, Michelin et Soitec. Nous vous donnons également des pistes pour traverser la tempête boursière avec notre gestion pilotée et une fois n'est pas coutume, on parle de fiscalité. Bonne lecture !
Les valeurs : Michelin, Soitec et Bilendi
Michelin Coup de tonnerre à Clermont-Ferrand. Le géant du pneu Michelin a surpris les marchés avec un avertissement sur résultats d'une ampleur inattendue, provoquant une chute de 8,93% de son action à la Bourse de Paris, à 26,11€. Nous vous en parlions sur WhatsApp, le groupe a abaissé ses prévisions de résultat opérationnel (voir lexique) pour 2025, désormais attendues entre 2,6 et 3 milliards d'euros, soit jusqu'à 800 millions de moins qu'espéré. En cause, un marché nord-américain en net recul, avec une baisse de près de 10% des ventes au troisième trimestre et une demande en berne des poids lourds et du secteur agricole.
Si les bureaux d'analyse anticipaient un profit warning, l'ampleur de la révision a pris tout le monde de court. Pour autant, les grandes maisons restent globalement confiantes. Michelin est en effet solide financièrement : marges robustes, endettement faible et leviers suffisants pour restaurer la confiance, notamment via d'éventuels rachats d'actions. “Les vents contraires actuels pourraient se transformer en vents favorables”, estime Jefferies, qui anticipe pour le groupe au Bibendum une reprise cyclique forte en 2026 et 2027. L'action perd désormais 18% depuis le début de l'année.
Soitec Autre forte baisse à la Bourse de Paris, Soitec chute de 17,01% à 36,79€, une volatilité qui ne surprend plus vraiment... Le groupe financier Oddo BHF a abaissé ses prévisions de résultat pour les trois prochains exercices annuels. Le titre du spécialiste isérois des matériaux semi-conducteurs est ultra-volatil, et cumule depuis le début de l'année les déconvenues : abandon des objectifs de moyen terme en mai, prévisions décevantes au premier trimestre, et départ annoncé de son directeur général Pierre Barnabé pour avril 2026. Oddo souligne que la prudence reste de mise face aux stocks importants et à la visibilité limitée du marché automobile.
Ses analystes anticipent une perte nette sur l'exercice 2026 mais maintiennent leur objectif de 52€, soit un potentiel de hausse de 36% par rapport au cours actuel. Ils estiment que chute actuelle s'explique surtout par la forte volatilité du titre et par la réévaluation de ses perspectives, après un rebond de 50% entre mi-septembre et la semaine dernière. Soitec publiera ses résultats semestriels le 19 novembre, une échéance désormais attendue avec impatience par ses actionnaires. Depuis janvier, le titre cède 57%...
Bilendi L'action éligible au PEA-PME progresse de 5,19% à 22,30€, portant sa hausse à 20% depuis le début de l'année, après la publication de solides résultats semestriels. Le spécialiste des technologies et solutions d'intelligence artificielle appliquées aux études de marché a vu son chiffre d'affaires bondir de 42% sur un an, à 43,6 millions d'euros. Sa performance opérationnelle s'est envolée de 57% à 9 millions, soit une marge record de 20,6%. Ces performances traduisent la montée en puissance de Bilendi dans un marché des données en pleine mutation, porté par l'intégration croissante de l'IA dans les outils d'analyse. Fort de cette dynamique, le groupe confirme ses ambitions pour 2026, avec un objectif de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires et une marge comprise entre 20 et 25%. Les investisseurs saluent cette visibilité à moyen terme et la solidité du modèle économique, qui font de Bilendi un acteur européen de référence.
Le monde d'après : Le mine d'or de Trump
Le carton du jour à Wall Street est signé... par un inconnu. L'action du groupe minier canadien Trilogy Metals s'est envolée de plus de 250% après l'annonce d'une entrée au capital du gouvernement américain. L'administration Trump, via le Département de la Défense, a acquis 10% du capital pour 35,6 millions de dollars, avec une option pour monter jusqu'à 17,5%.
L'objectif affiché est de sécuriser l'approvisionnement américain en métaux critiques, essentiels à la défense et à la transition énergétique. Le principal projet de Trilogy, baptisé Upper Kobuk Minerals Project, se situe en Alaska, dans l'un des districts cuprifères les plus riches au monde. L'investissement américain intervient alors que Donald Trump vient d'autoriser la construction de l'Ambler Road, une route stratégique qui facilitera l'exploitation des gisements locaux de cuivre, zinc, cobalt et argent.
Une décision qui rompt avec la politique de blocage de l'administration Biden, ce qui suscite l'opposition des défenseurs de l'environnement. Cette opération s'inscrit dans une stratégie plus large. Après des participations dans Lithium Americas et MP Materials, Washington multiplie les incursions dans les ressources minières pour réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine qui contrôle encore près de 70% de la production mondiale de terres rares. Une nouvelle bataille économique et géopolitique s'ouvre donc... dans les sous-sols !
Demain à la Une : LVMH, inflation et guerre commerciale
Demain, le CAC devra digérer les résultats de LVMH, publiés ce soir après la clôture. La Française des Jeux et ASML, le géant néerlandais des semiconducteurs, publieront leurs rapports trimestriels ce mercredi. Sur le front macroéconomique, on attend surtout les derniers chiffres d'inflation en France. Bien sûr, le marché continuera de surveiller les développements du bras de fer commercial entre Washington et Pékin. À ce stade, Trump prévoit de rencontrer Xi Jinping fin octobre, en Corée du Sud.
Le lexique : Le résultat opérationnel
Le résultat opérationnel représente le bénéfice généré par l'activité principale d'une entreprise, avant la prise en compte des éléments financiers (intérêts, placements) et exceptionnels. Il mesure la performance économique « pure », issue de l'exploitation quotidienne (ventes, production, services) en tenant compte des coûts de fonctionnement comme les salaires, les achats, ou l'amortissement des équipements. En somme, c'est un indicateur clé pour évaluer la rentabilité structurelle d'une société, issue de l'activité courante et mesurée par la différence entre les revenus et les charges liées à l'exploitation.