L'essentiel
- L'impôt sur le revenu est progressif, avec plusieurs taux applicables en fonction du revenu. Par conséquent, seuls 44% des foyers s'acquittent de cet impôt.
- Plus l'on gagne, plus l'on paie : tel est le principe du barème de l'impôt sur le revenu. Toutefois, l'impôt sur le revenu ne pèse « que » 18% des ressources annuelles des 481 foyers les plus aisés, soit quasiment la même proportion que pour les 1,3 million de foyers à plus de 100 000 euros annuels.
- La contribution différentielle sur les hauts revenus, instaurant un minimum de 20% d'impôt pour les revenus pour les foyers les plus fortunés, fera son apparition fin 2025 via un acompte sur l'impôt 2026.
En France, sur 100 foyers fiscaux, 44 paient l'impôt sur le revenu, 11 touchent une restitution du fisc par le jeu des crédits d'impôt... et donc 45 ont une ardoise « nulle » vis-à-vis du Trésor public.
C'est le principe de la progressivité de l'impôt, qui repose sur un barème en cinq tranches : pour un célibataire, les revenus (après abattements) sont imposés à 0% jusqu'à 11 497 euros, puis 11%, puis 30%, puis 41%, et 45% ce qui dépasse 180 294 euros. Résultat : personne ne paie précisément 30% ou 45% : vos revenus sont saucissonnés et soumis à un, deux, trois voire cinq taux au fur et à mesure qu'ils grimpent dans ce barème.
Et ce n'est pas tout : pour aboutir à votre solde annuel, il faut compter ce que vous avez déjà payé à la source (sur votre salaire, votre pension, etc.), intégrer le quotient familial, la potentielle décote, les crédits et réductions d'impôt, etc.
Comment décrypter le complexe calcul de votre impôt sur le revenu
Quel est l'impôt moyen des plus gros contribuables ?
Grâce aux statistiques détaillées de la Direction générale des finances publiques (DGFiP), il est possible de calculer l'impôt sur le revenu moyen, payé en 2024, pour chaque strate de la population.
Avant de nous attaquer aux foyers aisés voire fortunés, ceux qui redeviennent millionnaires chaque année avec plus de un million d'euros de ressources annuelles, découpons l'ensemble des foyers fiscaux par catégorie de revenu fiscal de référence.
Rappel : ce RFR ne correspond pas exactement à vos ressources annuelles : dans le cas d'un salarié par exemple, en est déjà décompté l'abattement forfaitaire de 10%, donc environ 27 000 euros de RFR si vous touchez 30 000 euros de salaire net par an.
Revenu fiscal de référence | Nombre de foyers fiscaux | Montant total de l'impôt (après crédits d'impôt) | Montant moyen de l'impôt par foyer fiscal |
---|---|---|---|
0 à 10 000 € | 8,3 millions | - 357 millions € | - 43 € |
10 001 à 12 000 € | 1,7 million | - 131 millions € | - 78 € |
12 001 à 15 000 € | 2,7 millions | - 218 millions € | - 81 € |
15 001 à 20 000 € | 5,6 millions | - 23 millions € | - 4 € |
20 001 à 30 000 € | 8,5 millions | 3,9 milliards € | 456 € |
30 001 à 50 000 € | 8,2 millions | 12 milliards € | 1 463 € |
50 001 à 100 000 € | 5 millions | 24,7 milliards € | 4 880 € |
Plus de 100 000 € de RFR | 1,3 million | 43,8 milliards € | 34 159 € |
Ensemble des foyers fiscaux | 41,2 millions | 83,5 milliards € | 2 027 € |
Source : statistiques DGFiP. Impôt 2024 sur les revenus 2023.
Calcul MoneyVox : montant moyen de l'impôt par foyer fiscal (sur la base du nombre de foyers figurant dans cette tranche).
Sans surprise, suivant la logique du barème progressif de l'impôt sur le revenu, les plus de 18 millions de ménages disposant d'un RFR inférieur à 15 000 euros sont majoritairement non imposables. Et leur impôt est même négatif, puisque de nombreux ménages modestes bénéficient de crédits d'impôt.
Quelles tranches du barème s'appliquent à vos revenus ?
Plus les revenus grimpent, plus l'impôt moyen augmente. Remarquons tout de même que sur le 1,3 million de foyers affichant un RFR supérieur à 100 000 euros par an, plus de 40 000 foyers ne paient pas l'impôt sur le revenu. Pourquoi ? Probablement par le jeu des multiples dispositifs de défiscalisation.
Les statistiques détaillées de la DGFiP permettent justement de détailler l'impôt payé par ce 1,3 million de foyers à plus de 100 000 euros de RFR, en allant jusqu'aux 481 foyers qui déclarent plus de 9 millions d'euros de revenus par an. Après abattements divers.
Revenu fiscal de référence | Nombre de foyers fiscaux | Montant moyen de l'impôt par foyer fiscal |
---|---|---|
100 001 à 200 000 € | 1 million | 18 764 € |
200 001 à 300 000 € | 148 335 | 45 973 € |
300 001 à 400 000 € | 48 750 | 72 029 € |
400 001 à 500 000 € | 22 891 | 94 870 € |
500 001 à 600 000 € | 12 522 | 117 079 € |
600 001 à 700 000 € | 7 745 | 138 316 € |
700 001 à 800 000 € | 4 968 | 161 155 € |
800 001 à 900 000 € | 3 453 | 184 391 € |
900 001 à 1 million € | 2 545 | 200 951 € |
1 à 2 millions € | 9 426 | 283 145 € |
2 à 3 millions € | 2 422 | 492 107 € |
3 à 4 millions € | 964 | 648 987 € |
4 à 5 millions € | 458 | 858 518 € |
5 à 6 millions € | 300 | 1 million € |
6 à 7 millions € | 191 | 1,2 million € |
7 à 8 millions € | 138 | 1,5 million € |
8 à 9 millions € | 94 | 1,7 million € |
Plus de 9 millions € de RFR | 481 | 4 millions € |
Source : statistiques de la DGFiP sur l'impôt 2024 portant sur les revenus 2024.
Montant moyen de l'impôt par foyer fiscal calculé par MoneyVox.
Les 481 foyers les plus aisés versent moins de 20% de leurs ressources déclarées chaque année, en impôt sur le revenu
Les 481 foyers les plus riches du pays ont donc payé en moyenne en 2024 un impôt de 4 034 233 euros sur leurs revenus. Est-ce trop ? Ou trop peu ? La réponse est évidemment soumise à débat...
Côté chiffres, en effectuant des calculs simplistes sur la base des données de la DGFiP, ces 481 foyers se voient ponctionner 18% de leur RFR. En détail, leur RFR moyen atteint tout de même 22 millions d'euros. Et leur impôt sur le revenu moyen 4 millions d'euros.
18%, c'est à peine plus que les 17% de revenus ponctionnés aux 1,3 millions de foyers dont le RFR dépasse 100 000 euros. Et c'est logiquement plus que les 4% de revenus ponctionnés pour les foyers allant de 30 000 à 50 000 euros par an. Reste un constat global : dans aucun cas l'impôt sur le revenu (donc sans compter les taxes foncières ou l'IFI prélévés en parallèle) ne grève la moitié des revenus annuels.
7 500 euros, 20 000 euros par mois... À partir de combien êtes-vous (très) très riche ?
Contribution différentielle sur les hauts revenus, première en 2025
La fameuse contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR) va bien voir le jour en 2025. Elle n'intègre toutefois pas l'impôt 2025 portant sur les revenus 2024, puisque le budget 2025 n'a pas été adoptée à temps pour une application dès cette année.
Rappelons que cette CDHR instaure un minimum de 20% d'impôt sur le revenu pour tous les contribuables touchant plus de 250 000 euros (pour une personne seule, au-delà de 500 000 euros pour un couple). Elle s'appliquera tout de même en 2025 mais via un système d'acompte afin d'anticiper le dû au fisc en 2026. Cet acompte sera réclamé fin 2025 aux foyers concernés.