Les marchés : Record historique de l'or
Au lendemain de la démission de Lecornu, la Bourse de Paris tente de se stabiliser. Le CAC 40 clôture à l'équilibre, +0,04% à 7 975, après avoir chuté de 1,36% hier. Cette pause survient alors que la situation politique reste bloquée, Macron ayant demandé à Lecornu de prolonger de 48 heures ses négociations pour tenter d'éviter une impasse à l'Assemblée nationale. Goldman Sachs anticipe désormais un déficit public à 5,5% du PIB cette année et 5,3% en 2026, bien au-dessus des objectifs du gouvernement. Ou plutôt des anciens gouvernements...
Sur le marché, les valeurs du luxe ont soutenu le CAC aujourd'hui. Kering s'envole de 5,7% et LVMH gagne 3,6%, dopés par un relèvement de recommandation de Morgan Stanley. À l'inverse, Valneva chute de 5,5% après avoir abaissé ses prévisions et repoussé la publication des résultats d'un essai clinique clé. On en reparle dans la suite du Journal. Ce mardi, le cours de l'or a dépassé les 4 000 dollars l'once sur les contrats à terme de décembre, tandis que le cours spot a atteint un record autour des 3 990 dollars. C'est une première historique.
La valeur refuge, déjà propulsée au-dessus des 3 000 dollars en mars dernier, poursuit une ascension entamée depuis près de deux ans, nourrie par un climat mondial d'incertitude. Les tensions géopolitiques, les politiques commerciales américaines et le début du cycle de baisse des taux de la Réserve fédérale ont ravivé l'intérêt pour l'or. La détente monétaire rend en effet l'or plus attractif face aux placements rémunérateurs, tandis que la faiblesse du dollar renforce sa demande internationale. Les achats massifs des banques centrales soutiennent également la tendance.
D'après le World Gold Council, 43% des banquiers centraux prévoient d'accroître leurs réserves, et 95% anticipent une hausse des stocks officiels d'or dans l'année à venir. Le métal précieux, loin d'avoir dit son dernier mot, consolide ainsi son statut de refuge ultime dans un monde incertain. Dans la suite de cette édition, nous vous présentons
Les valeurs : Kering, Getlink et Valneva
Kering : Le luxe retrouve des couleurs en Bourse. Kering s'envole de 5,75% à 309,20€, signant la plus forte hausse du CAC 40, tandis que son cours affiche désormais une progression de 30% depuis janvier. Ce rebond spectaculaire est soutenu par Morgan Stanley qui a relevé sa recommandation avec un objectif de cours à 370€, saluant les premiers signes de redressement du groupe. La banque estime que le secteur du luxe, encore convalescent après un an de ralentissement, s'apprête à connaître une « explosion de créativité », portée par le renouvellement des directions artistiques chez plusieurs grandes maisons, dont Gucci et Bottega Veneta.
Chez Kering, le marché applaudit également les premières décisions de Luca de Meo, nouveau directeur général venu de Renault, qui a lancé une restructuration ambitieuse : simplification des coûts, rationalisation du réseau de boutiques et recentrage sur la rentabilité. Si la demande mondiale reste fragile, notamment en Chine et aux États-Unis, les investisseurs misent sur une renaissance stylistique et un retour progressif de la croissance dès 2026. Pour Morgan Stanley, Kering devient même la valeur préférée du secteur, symbole d'un luxe plus créatif et mieux discipliné financièrement.
Getlink : L'exploitant du tunnel sous la Manche évolue sans grand élan à la Bourse de Paris, cédant 1,05% à 15,15€, et affichant un recul d'environ 2% depuis le début de l'année. Le groupe subit les effets d'un abaissement de recommandation d'UBS, avec un objectif de cours réduit à 17€ contre 18€ précédemment. La banque suisse justifie ce virage par la faiblesse persistante du trafic de camions, en recul de 2% depuis janvier, malgré les espoirs d'un rebond liés aux nouvelles réglementations sur le dumping social dans le transport maritime. Plus d'un an après l'entrée en vigueur des nouvelles règles, Getlink n'est toujours pas parvenu à regagner du terrain face aux ferries. La récente décision de l'Autorité de la concurrence, validant l'alliance entre deux acteurs du secteur, assombrit encore ses chances de rebond. Dans un climat économique atone et un contexte politique incertain, le marché peine à voir quel élément pourrait relancer durablement la dynamique du titre.
Valneva : Valneva recule de 5,54% à 4,60€ à la Bourse de Paris, après plusieurs semaines de fortes fluctuations. Le titre continue de jouer les montagnes russes depuis l'été. Le spécialiste des vaccins a déçu les investisseurs en abaissant ses prévisions 2025, avec désormais un chiffre d'affaires attendu entre 165 et 180 millions d'euros (contre 180 à 190 millions précédemment), et en repoussant de plusieurs mois les résultats de son essai clinique de phase III pour son vaccin contre la maladie de Lyme, désormais attendus au premier semestre 2026.
Si ce décalage retarde un catalyseur majeur pour la société, Valneva a cherché à rassurer en annonçant le refinancement de sa dette. L'entreprise éligible au PEA-PME a obtenu jusqu'à 500 millions de dollars de financement non dilutif, ce qui repousse ses premières échéances de remboursement à 2030. Cette opération lui offre un peu d'air dans l'attente des revenus potentiels liés à son futur vaccin contre Lyme, développé avec Pfizer, dont la commercialisation est envisagée pour 2027. En attendant, la volatilité reste de mise sur le titre, très sensible aux annonces cliniques et aux ajustements de perspectives. Depuis le début de l'année, le titre progresse de 114%.
Le monde d'après : Le mine d'or de Trump
Le carton du jour à Wall Street est signé... par un inconnu. L'action du groupe minier canadien Trilogy Metals s'est envolée de plus de 250% après l'annonce d'une entrée au capital du gouvernement américain. L'administration Trump, via le Département de la Défense, a acquis 10% du capital pour 35,6 millions de dollars, avec une option pour monter jusqu'à 17,5%. L'objectif affiché est de sécuriser l'approvisionnement américain en métaux critiques, essentiels à la défense et à la transition énergétique. Le principal projet de Trilogy, baptisé Upper Kobuk Minerals Project, se situe en Alaska, dans l'un des districts cuprifères les plus riches au monde.
L'investissement américain intervient alors que Donald Trump vient d'autoriser la construction de l'Ambler Road, une route stratégique qui facilitera l'exploitation des gisements locaux de cuivre, zinc, cobalt et argent. Une décision qui rompt avec la politique de blocage de l'administration Biden, ce qui suscite l'opposition des défenseurs de l'environnement. Cette opération s'inscrit dans une stratégie plus large. Après des participations dans Lithium Americas et MP Materials, Washington multiplie les incursions dans les ressources minières pour réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine qui contrôle encore près de 70% de la production mondiale de terres rares. Une nouvelle bataille économique et géopolitique s'ouvre donc... dans les sous-sols !
Demain à la Une : En plus de la crise politique...
La séance de demain sera assez légère en publications économiques. Le shutdown empêche toujours les administrations américaines de dévoiler de nouvelles données. Les investisseurs attendent surtout les chiffres de production industrielle en Allemagne et le compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Fed. La Banque centrale américaine reste en effet active pendant le shutdown, elle est financée indépendamment du budget fédéral. Bien sûr, les développements politiques en France seront également suivis de près par les Européens... On en reparle vite !
Le lexique : Les fonds obligataires datés
Les fonds obligataires datés sont des fonds d'investissement composés d'obligations ayant une même échéance ou une date de maturité proche. Leur particularité est qu'ils ont une durée de vie déterminée dès leur création : à la date d'échéance fixée, le fonds est dissous et les capitaux, majorés des intérêts perçus et du potentiel gain en capital, sont restitués aux investisseurs. Pendant la durée de vie du fonds, le gestionnaire sélectionne un panier d'obligations (souvent émises par des entreprises ou des États) qu'il conserve jusqu'à leur remboursement. Ce type de fonds permet aux investisseurs de connaître à l'avance l'horizon de placement et d'obtenir une visibilité accrue sur le rendement potentiel, tout en étant exposés au risque de crédit et au risque de taux liés aux obligations détenues.