Les marchés : Ça commençait bien...
et ça a mal fini ! La séance d'hier s'est soldée par un gain de 0,34% du CAC 40, dans le sillage des grands indices mondiaux, stimulés par les excellents résultats de Nvidia. Excellents, mais finalement insuffisants pour faire oublier aux investisseurs la bulle de l'IA : le S&P 500 a clôturé en perte de 1,6%, -2,1% pour le Nasdaq.
Après la clôture française, le scepticisme est revenu à Wall Street. Beaucoup d'opérateurs craignent que l'essor de l'IA ne soit pas durable et que les valorisations actuelles des entreprises du secteur soient trop élevées. Cette « AI fatigue », ou lassitude face à la flambée des valeurs tech, s'est fortement ressentie ces derniers jours, avec des centaines de milliards de dollars de capitalisation perdus et l'une des pires semaines boursières depuis avril.
Les actifs risqués, comme les actions technologiques et les cryptomonnaies, ont été particulièrement touchés. À cela s'ajoute un événement qui a semé une sacrée pagaille hier soir à Wall Street. Le bureau américain des statistiques a reporté la publication de son rapport sur l'emploi au 16 décembre, après la réunion de la Fed des 9 et 10 décembre. Un détail ? Non, car ces chiffres sont essentiels pour que la Banque centrale américaine ajuste ses taux. Leur absence complique la prise de décision et réduit encore un peu plus les espoirs d'une baisse des taux en décembre.
À la clé, une sanction immédiate sur les valeurs technologiques. Il faut toutefois rappeler qu'au-delà de tout ce bruit de court terme, la Fed devrait massivement baisser ses taux à partir de mai 2026, sous l'impulsion du successeur de Jerome Powell, nommé par Trump. Ce soir, le CAC 40 grappille 0,02% à 7 983 points (-2,3% sur la semaine). Les variations sont également très faibles en Europe et aux États-Unis. Nous avons toutefois beaucoup de choses à vous dire ! Dans cette édition, nous faisons notamment le point sur l'ampleur de la baisse des marchés actions. Bonne lecture.
Les valeurs : Le secteur de la défense, Eli Lilly et Ubisoft
Le secteur de la défense La volatilité reste assez élevée sur les valeurs de la défense, qui continuent d'évoluer au gré des développements géopolitiques. Ce vendredi, elles clôturent dans le rouge après l'annonce de Volodimir Zelensky, qui se dit prêt à étudier de manière « constructive » le plan de paix proposé par les États-Unis. Ce plan pourrait amener Kiev à céder le Donbass et à réduire de moitié son armée. L'indice européen du secteur de la défense recule fortement, avec des baisses marquées pour Thales (-3,8%), Rheinmetall (-7,1%) ou Leonardo (-5,9%). Paradoxalement, si ce plan devait être appliqué, l'Europe devrait encore augmenter ses dépenses et capacités militaires, ce qui pourrait transformer la baisse actuelle en une opportunité pour les investisseurs de moyen / long terme. Affaire à suivre !
Eli Lilly Connaissez-vous Eli Lilly ? Cet après-midi, le géant pharmaceutique américain est devenu le premier groupe de son secteur à dépasser les 1 000 milliards de dollars de capitalisation boursière, un record jusque-là réservé aux géants de la tech. Cette progression spectaculaire, avec une action en hausse de 36% cette année, est surtout portée par ses médicaments contre l'obésité, le Mounjaro et le Zepbound, qui rencontrent un grand succès. Au dernier trimestre, ces traitements ont généré plus de 10 milliards de dollars, soit la moitié du chiffre d'affaires du laboratoire. Le marché mondial des médicaments amaigrissants devrait atteindre 150 milliards de dollars d'ici 2030, dominé par Eli Lilly et le danois Novo Nordisk. En hausse de 0,80% cet après-midi, l'action américaine se traite autour des 1 050$.
Ubisoft Après six jours de suspension, l'action Ubisoft cote à nouveau. Le groupe a enfin publié ses résultats semestriels, et la nouvelle est positive : le chiffre d'affaires du deuxième trimestre dépasse les attentes, avec plus de 490 millions d'euros générés. Cette performance solide est portée par les ventes des jeux déjà sortis et par les partenariats stratégiques de l'éditeur. Cependant, des retraitements comptables de l'exercice précédent ont conduit au non-respect de certains engagements financiers, créant des tensions avec les créanciers. La situation devrait être résolue grâce au groupe chinois Tencent, qui va investir 1,16 milliard d'euros dans la filiale Vantage Studios, permettant ainsi de réduire la dette. Du côté des ventes, les franchises phares comme Rainbow Six continuent de bien performer, tandis que le dernier Assassin's Creed déçoit. Ubisoft reste néanmoins ambitieux pour le reste de l'année, avec plusieurs sorties de jeux prévues et l'objectif d'améliorer les résultats financiers. Malgré ces perspectives, la situation demeure fragile, et la confiance dans l'entreprise doit être reconquise. Le titre éligible au PEA-PME gagne 3,87% ce soir, à 7,03€, mais perd toujours 46% depuis le début de l'année.
Le résultat du vendredi : Novembre rouge
On fait le point sur la baisse des marchés actions.
Les grands indices boursiers français, européens, américains et japonais ont atteint leur plus haut niveau historique à la fin octobre-début novembre. Depuis, ils connaissent une forte baisse. À ce jour, novembre est le plus mauvais mois en termes de performances boursières depuis mars-avril, période marquée par la petite panique provoquée par l'annonce des droits de douane de Donald Trump (“Liberation Day”). Quelle est l'ampleur réelle de cette baisse ?
CAC 40 : -2,3% sur la semaine, -1,7% sur le mois, +8,2% en 2025
Euro Stoxx 50 : -3,1% sur la semaine, -2,6% sur le mois, +12,6% en 2025
S&P 500 : -2,9% sur la semaine, -4,4% sur le mois, +11,1% en 2025
Nasdaq : -4,1% sur la semaine, -7,4% sur le mois, +13,7% en 2025
Nikkei : -3,5% sur la semaine, -7,2% sur le mois, +21,9% en 2025
Le monde d'après : Walmart rejoint le Nasdaq
Walmart, premier distributeur américain et plus grand employeur privé au monde, affiche de solides performances. Ses ventes trimestrielles ont dépassé les attentes, stimulées par des consommateurs fragilisés par l'inflation, à la recherche de prix bas et de promotions. Ces bons résultats soulignent paradoxalement les difficultés persistantes des ménages à faibles revenus aux États-Unis.
Au-delà des chiffres, Walmart effectuera le 9 décembre un basculement de sa cotation du New York Stock Exchange vers le Nasdaq. Cette décision, davantage symbolique qu'économique, souligne le virage technologique du groupe, désormais orienté vers le commerce en ligne. L'e-commerce représente près de 18% de ses ventes et contribue à 60% de sa croissance aux États-Unis. Le groupe parvient à rendre son activité en ligne rentable, en s'appuyant sur son vaste réseau de magasins pour proposer une livraison ultra-rapide. Cela fait de lui une menace croissante pour Amazon.
Son arrivée sur le Nasdaq marque donc ce virage technologique, une tendance que suivent d'autres entreprises hors-tech, comme PepsiCo, Marriott ou Mattel, séduites par sa liquidité, ses coûts de transaction plus faibles et son alignement avec l'innovation. L'action de Walmart s'est envolée de plus de 6% hier après la publication des résultats, à 107$ (+19% depuis le début de l'année). Elle est très proche de son plus haut niveau historique.
Le lexique : Quelles sont les différences entre...
... le New York Stock Exchange et le Nasdaq ? Le New York Stock Exchange (NYSE) est une bourse traditionnelle où les actions sont échangées principalement via des courtiers sur un parquet physique, privilégiant les grandes entreprises établies. Le Nasdaq est une bourse entièrement électronique, axée sur les entreprises technologiques et innovantes, avec des transactions automatisées et une ouverture plus flexible aux jeunes sociétés. Le NYSE, c'est la tradition. Le Nasdaq, c'est la modernité.











