Les marchés : le roi est de retour

Le CAC 40 repart de l'avant ce jeudi, en gain de 0,34% à 7 981 points, grâce aux résultats exceptionnels de Nvidia. Wall Street retrouve également le sourire après cette publication très attendue : le S&P 500 et le Nasdaq grimpent de plus d'1%. Les marchés, qui retenaient leur souffle face aux craintes de bulle autour de l'IA, se rassurent. Le mastodonte de Jensen Huang a une nouvelle fois surpassé les attentes, dissipant au moins temporairement les doutes qui pesaient sur le secteur technologique, on en reparle en détail dans la suite de cette édition.

Les investisseurs, jusque-là nerveux, retrouvent de l'appétit pour le risque. Après plusieurs séances tendues, les chiffres flamboyants du roi de l'IA ont donc suffi à relancer la machine et à redonner un peu d'air à un marché qui manquait clairement de visibilité depuis quelques jours.

Et comme si l'agenda n'était pas assez chargé, les investisseurs avaient aussi un œil sur les chiffres de l'emploi américain de septembre, repoussés par les 43 jours de shutdown. Les créations d'emplois ont finalement largement dépassé les attentes : 119 000 nouvelles embauches contre 52 000 anticipées. Une statistique qui renforce l'idée d'un marché du travail résilient, mais qui pourrait aussi compliquer la tâche de la Fed. Pour l'instant, le marché préfère voir le verre à moitié plein.

Les valeurs : BNP Paribas, Soitec et Elior

BNP Paribas. BNP Paribas se reprend en Bourse après plusieurs semaines de fortes inquiétudes liées à un litige judiciaire aux États-Unis. La banque avait été condamnée à verser plus de 20 millions de dollars à trois réfugiés soudanais, ce qui avait fait craindre que cette jurisprudence n'entraîne des sanctions financières de plusieurs milliards et pesé sur le titre. Pour rassurer les investisseurs, BNP annonce aujourd'hui un vaste programme de rachat d'actions de 1,15 milliard d'euros.

La banque mise également sur une meilleure rentabilité, un meilleur ratio d'endettement, une croissance plus maîtrisée de ses risques et des cessions d'activités non essentielles. Elle confirme, par ailleurs, viser une hausse des dividendes pour ses actionnaires dans les années à venir.

Ces annonces, qui montrent une gestion plus prudente du capital et un effort pour redistribuer davantage aux actionnaires, ont été saluées par le marché : l'action rebondit de 4,40% à 70,02 euros ce soir, en tête du CAC 40 (+31% en 2025, hors dividendes). Les actionnaires vont toutefois rester attentifs à l'évolution du dossier judiciaire américain, qui continue de faire planer une incertitude importante à court terme.

Soitec. Le spécialiste français des matériaux pour semi-conducteurs s'effondre en Bourse après avoir publié des résultats très décevants. Lanterne rouge du SBF 120 ce soir avec une impressionnante baisse de 30,09% à 24,12 euros, l'action perd désormais 70% cette année. Soitec souffre d'une forte baisse de la demande dans deux secteurs clés : l'automobile et les smartphones. Ses ventes ont chuté d'un tiers sur le semestre et, pour la première fois depuis dix ans, ses comptes repassent dans le rouge.

Les investisseurs s'inquiètent aussi des prévisions pour les prochains mois, jugées trop faibles par rapport à leurs attentes. Les clients continuent d'écouler leurs stocks avant de recommander des puces, ce qui limite l'activité de Soitec. La direction promet de réduire les dépenses et de se concentrer sur la génération de cash, mais les perspectives restent très incertaines. Le groupe a annoncé en octobre le départ de son directeur général. Affaire à suivre !

Elior. Elior fait partie des grands gagnants de la séance. Son action grimpe de 6,77% à 2,84 euros, portée par des résultats annuels qui marquent un vrai tournant pour le groupe de restauration collective. Après plusieurs années difficiles, Elior repasse enfin dans le vert avec un bénéfice de 88 millions d'euros. Le chiffre d'affaires progresse légèrement et l'entreprise annonce même le retour de son dividende, ce qui montre sa confiance dans l'avenir.

Pour 2026, le groupe éligible au PEA-PME prévoit d'améliorer ses performances tout en réduisant sa dette. Même si ses objectifs restent prudents, le marché accueille très bien ce retour en force. Grâce à sa hausse journalière, Elior affiche un petit gain de 1% depuis le début de l'année.

La recommandation du jour : Nvidia dans l'assurance vie

Derrière la montée en puissance de l'intelligence artificielle, un nom revient sans cesse : Nvidia. L'entreprise californienne, longtemps perçue comme un simple fabricant de cartes graphiques pour gamers, est aujourd'hui devenue le véritable cœur technologique de la révolution numérique mondiale. Ses processeurs, incontournables pour l'entraînement des modèles d'IA, alimentent aussi bien les data centers que les supercalculateurs utilisés par les géants du cloud.

En quelques années, Nvidia a su transformer son avance technologique en un modèle économique redoutablement efficace. Son chiffre d'affaires et ses bénéfices progressent à un rythme vertigineux, porté par une demande structurelle qui dépasse largement le cadre du gaming. L'entreprise a su diversifier ses relais de croissance, notamment dans les domaines de la santé, de la robotique et de l'automobile autonome, tout en consolidant des marges parmi les plus élevées du secteur technologique.

Pour un investisseur particulier, s'exposer à Nvidia via un contrat d'assurance vie peut avoir beaucoup de sens. Cette enveloppe permet de profiter du potentiel de long terme du titre tout en bénéficiant d'un cadre fiscal particulièrement avantageux, notamment après huit ans de détention.

Bien sûr, la valorisation de Nvidia reflète déjà en partie ses perspectives exceptionnelles, et la volatilité du titre peut être importante à court terme. Mais dans une logique patrimoniale de long terme, intégrer cette valeur emblématique de l'intelligence artificielle au sein d'une assurance vie, c'est miser sur la poursuite d'une transformation mondiale dont Nvidia demeure le principal bénéficiaire.

Le monde d'après : carton plein pour Nvidia !

Nvidia a encore cartonné ! Le groupe a livré des résultats trimestriels exceptionnels hier soir : chiffre d'affaires en hausse de 62% sur un an, bénéfice net en progression de 65% à 31,9 milliards de dollars, marge brute à 73%, et des perspectives encore meilleures pour les mois à venir. Résultat immédiat, l'action bondit de 5% ce soir à 195$ (+42% en 2025). 5% de hausse, c'est 225 milliards de dollars de capitalisation en plus, soit les deux tiers de LVMH ajoutés en quelques minutes. Le Nasdaq rebondit de plus de 2% ce soir, preuve que la première capitalisation mondiale continue d'alimenter la hausse de la Bourse américaine.

Pourtant, la tension était maximale avant la publication. Le marché craignait un essoufflement. Un chiffre un peu en deçà des attentes extrêmement élevées et l'euphorie IA aurait pu se transformer en Armageddon boursier. Valorisation stratosphérique, investissements massifs des géants du secteur, récentes prises de bénéfices de certains investisseurs... Les signaux d'alerte se multipliaient. Et comme toujours, Nvidia a explosé le consensus avec 57 milliards de revenus contre 55 attendus, et 65 milliards prévus pour le prochain trimestre.

La question du moment n'est donc plus : « Nvidia peut-elle encore surprendre ? », la réponse est clairement oui. La vraie question est : « Combien de temps la locomotive IA pourra-t-elle tirer tout le train ? » Car même si son PDG Jensen Huang balaie toute idée de bulle, le marché reste en équilibre précaire entre euphorie et inquiétude. Pour le moment, Nvidia offre un répit (temporaire ?) à Wall Street.

Demain à la Une : PMI, Walmart et Ubisoft

En principe, c'est une fin de semaine calme qui nous attend. Le programme est plutôt léger, maintenant que le pic de tensions lié à Nvidia est passé. Ce vendredi, place à une nouvelle salve d'indicateurs PMI sur l'activité économique en zone euro et aux États-Unis. Wall Street suivra également un indice de confiance des consommateurs américains.

Du côté des entreprises, comme nous vous en parlions hier, Walmart publiera ce soir après la clôture ses résultats trimestriels. Les effets sur le marché se feront donc ressentir ce vendredi. Demain, Paris surveillera par ailleurs Ubisoft : après six jours de silence radio, la cotation de ses actions reprendra. La tension risque d'être vive sur le titre de l'éditeur de jeux vidéo...

Le lexique : Nvidia

Le nom « Nvidia » vient de « vidéo » et « invidia », le mot latin pour « jalousie ». En 1993, lorsque la société fut fondée, ses trois créateurs (dont Jensen Huang) cherchaient un nom évoquant à la fois l'innovation dans le domaine de la vidéo et des graphismes, tout en reflétant une certaine ambition : susciter l'admiration et, pourquoi pas, l'envie, voire la jalousie, de la part de ses concurrents.

Ainsi, Nvidia incarne à la fois la technologie visuelle et l'excellence que l'entreprise cherche à imposer sur le marché des cartes graphiques. Ce n'est que plus récemment que le groupe s'est orienté vers les puces dédiées à l'IA.