Les marchés : L'heure de vérité !
La Bourse de Paris termine la semaine dans le rouge. Après une matinée hésitante, le CAC 40 a basculé dans le rouge à partir de 16h, pour finalement céder 1,53% à 7 918 points. Sur la semaine, l'indice parisien abandonne 2%, plombé par la crise politique et par un regain de tension commerciale entre les États-Unis et la Chine.
Les investisseurs attendent la nomination du nouveau Premier ministre, alors que la situation politique continue de freiner la confiance française. Les déclarations de Sébastien Lecornu, écartant une dissolution immédiate de l'Assemblée, ont apporté un court répit, mais l'absence de décision concrète entretient la nervosité. Le marché déteste le vide politique et la stabilité gouvernementale reste un facteur clé pour la crédibilité économique d'un pays.
À l'international, la tension est montée d'un cran après les nouvelles attaques de Donald Trump contre Pékin. Le Président américain a dénoncé l'« hostilité commerciale » de la Chine et promis des mesures de rétorsion tarifaires massives. Ses déclarations ont entraîné un brusque repli des indices en Europe et à Wall Street, les investisseurs redoutant un nouvel épisode de guerre commerciale susceptible de freiner la croissance mondiale.
Dans ce contexte, les marchés adoptent une posture prudente. Les investisseurs se tournent désormais vers la semaine prochaine, marquée par le coup d'envoi de la saison des résultats trimestriels des grands groupes, avec les grandes banques américaines en première ligne. Une nouvelle épreuve pour jauger la santé réelle de l'économie mondiale et la solidité de la tendance haussière des derniers mois.
Les valeurs : LVMH, Stellantis et Wallix
LVMH À quelques jours de la publication de ses résultats trimestriels, LVMH suscite un regain d'enthousiasme parmi les bureaux d'analyse. Après plusieurs trimestres difficiles, marqués par un recul de 9% dans la mode et la maroquinerie au deuxième trimestre et une chute de 12% du titre depuis le début de l'année, les grandes banques voient désormais dans le géant du luxe un pari gagnant.
Deutsche Bank, Bernstein, Morgan Stanley, HSBC et Goldman Sachs sont repassées à l'achat. Deutsche Bank, dernière en date, vise désormais 635€ par action et estime que la reprise du luxe ne fait que commencer, portée par une amélioration attendue de la demande chinoise. Ses analystes saluent la réactivité du groupe, entre changements de direction, ajustement des prix, nouveaux produits et efforts de réduction des coûts. Depuis fin juin, le titre a déjà regagné 26%, et les observateurs jugent le potentiel encore important. Pour Bernstein, LVMH est même « la meilleure idée du luxe » en cette fin d'année. Tous attendent désormais les résultats du troisième trimestre, prévus mardi prochain, pour confirmer ce retour en grâce du géant mondial du luxe. Ce soir, il ne fait toutefois pas exception à la baisse des actions françaises et perd 2,36% à 546€.
Stellantis Le constructeur auto signe la plus forte baisse du CAC ce soir, suite aux propos de Trump : -7,29% à 8,56€ (-31% en 2025). Nous vous en parlions hier, le contexte est morose pour le secteur auto, Renault, BMW, Ferrari et Volkswagen traversent une période difficile. Longtemps pénalisé par l'effondrement de ses ventes en Amérique du Nord et une gestion de stocks hasardeuse, Stellantis retrouve toutefois des couleurs grâce à un net redressement de ses ventes au troisième trimestre : +13% au total, et +35% aux États-Unis.
L'arrivée du nouveau directeur général, Antonio Filosa, en juin, est très attendue par les actionnaires, au moment où la part de marché américaine de Stellantis remonte à 8,7%. L'annonce d'un investissement de 5 milliards de dollars aux États-Unis renforce cette dynamique. Cependant, les bureaux d'études restent prudents : malgré ces signaux positifs, la rentabilité du groupe reste fragile et la volatilité du titre élevée. Les résultats du troisième trimestre, attendus le 30 octobre, seront scrutés de près.
Wallix Le titre éligible au PEA-PME recule de 9,09% à 24€ ce soir, malgré une progression impressionnante de 145% depuis le début de l'année. Le spécialiste français de la cybersécurité a publié des résultats semestriels globalement conformes aux attentes, marqués par une nette amélioration de ses marges. Le marché espérait être surpris, il ne l'a pas été et sanctionne l'action, sûrement trop fortement. La perte nette a été réduite à 3 millions d'euros, contre 5,5 millions un an plus tôt, tandis que le chiffre d'affaires a progressé de près de 19%, à 18 millions d'euros.
Les revenus récurrents, issus des abonnements et de la maintenance, représentent désormais près des trois quarts de l'activité, confirmant la solidité du modèle commercial. Si la publication ne constitue pas un catalyseur immédiat pour le titre, les investisseurs restent confiants dans la trajectoire du groupe, soutenue par la montée en puissance des solutions de cybersécurité souveraines en Europe. Oddo BHF a d'ailleurs réitéré sa recommandation à l'achat sur la valeur, avec un objectif de cours relevé à 31€, estimant que “le potentiel n'est pas épuisé” à condition que Wallix poursuive sa bonne exécution.
Le monde d'après : Levi's serre la ceinture
Levi Strauss & Co a beau afficher un trimestre solide, la Bourse ne suit pas. Le groupe américain de prêt-à-porter a relevé ses perspectives pour l'exercice 2024-2025 après un été marqué par une croissance de 7% de ses ventes et des bénéfices supérieurs aux attentes. Son virage stratégique avec le recentrage sur la marque Levi's, la vente de Dockers et l'expansion dans le sport avec Beyond Yoga, commence à porter ses fruits. Les résultats du groupe sont soutenus par l'Asie (+12%), tandis que les ventes en Amérique (+7%) et en Europe (+3%) confirment le retour de la marque sur une trajectoire positive. Mais l'ombre des droits de douane plane sur la suite.
Très exposé à la Chine, Levi's prévoit désormais une hausse moyenne de 20% des tarifs douaniers hors Asie, contre 10% auparavant. Son directeur financier craint une baisse importante des marges au quatrième trimestre, une période cruciale marquée par les fêtes. De quoi refroidir les investisseurs et faire perdre 12% ce vendredi à l'action (+27% depuis le début de l'année). Pour autant, la marque des célèbres jeans continue de séduire les bureaux d'analyse. Bank of America maintient sa recommandation à l'achat, saluant la robustesse de Levi's dans un contexte commercial tendu et sa capacité à élargir ses canaux de distribution. Le groupe fondé en 1853 prouve qu'il sait encore se réinventer même si, cette fois, il devra serrer sa ceinture.
Le lexique : Le CAC Small
Le CAC Small est un indice boursier français composé d'environ 180 petites capitalisations cotées sur Euronext Paris. Il regroupe les sociétés dont la taille est inférieure à celles des entreprises du CAC 40, du CAC Next 20 et du CAC Mid 60. Cet indice reflète la performance des petites entreprises cotées, souvent innovantes et en croissance, mais aussi plus sensibles aux variations de marché. Le CAC Small cote actuellement autour des 16 400 points.