Olivier Fournier, Directeur de 2SF
Olivier Fournier
Directeur de 2SF
2SF (pour Société des Services Fiducaires) est la coentreprise créée par les groupes BNP Paribas, Crédit Mutuel Alliance Fédérale et Société Générale pour mutualiser et gérer leurs automates bancaires, sous la marque Cash Services.

L'essentiel

  • Voilà plus de 4 ans que BNP Paribas, la Société Générale et le Crédit Mutuel Alliance Fédérale ont annoncé leur volonté de mutualiser leurs automates bancaires, distributeurs de billets et autres guichets automatiques.
  • Un projet qui a donné naissance à une entreprise commune, la Société des Services Fiducaires (2SF), et à une nouvelle marque, Cash Services, désignant les 7 000 automates ouverts, à terme, à leurs clients, ainsi qu'à ceux des filiales CIC, Hello Bank et Monabanq.
  • Après un long processus de mise en place et de nombreux tests, Cash Services s'apprête désormais à prendre son envol. A terme, Cash Services doit aussi permettre d'implanter des DAB dans les collectivités locales en faisant la demande.
Olivier Fournier, où en est le déploiement des automates bancaires Cash Services ?

Olivier Fournier : « Notre premier site a été déployé en novembre 2023, nous en sommes aujourd'hui à 300. Nous allons monter en puissance : il y aura 1 000 sites déployés à la fin du 1er semestre et près de 3 000 à la fin de l'année. L'objectif est toujours d'atteindre les 7 000 sites au cours du 2e semestre 2026. »

Pourquoi cette montée en puissance a-t-elle pris autant de temps ?

Olivier Fournier : « Il faut se souvenir que 2SF n'existait pas début 2022. Déployer une telle solution demande de la préparation. Nous partons, en effet, d'automates existants, des modèles différents selon les implantations, et nous les rendons “communautaires“, accessible à tous les clients des banques partenaires. Si vous êtes, par exemple, client de SG et que vous utilisez un automate Cash Services placé dans une agence BNP Paribas, l'interface se met automatiquement aux couleurs de SG lorsque vous introduisez votre carte. »

« Des automates “communautaires“, accessible à tous les clients des banques partenaires »

« L'opération est relativement simple dans les automates placés dans des lieux publics — un aéroport, une gare, un centre commercial... — qui ne servent qu'à retirer de l'argent. Elle est beaucoup plus complexe pour ceux qui sont installés dans des agences bancaires et offrent un ensemble de services : des dépôts d'espèces et de chèques, des dépôts et retraits de monnaie, et bien sûr la consultation de comptes, l'impression de RIB, les virements... Cela demande beaucoup de développement et de tests. Ces préparatifs ont été achevés en septembre 2024 et la solution est désormais pleinement opérationnelle, ce qui va nous permettre d'accélérer. »

Un parc réduit, mais des automates plus nombreux pour les clients

Le parc cumulé des 4 marques bancaires partenaires de Cash Services comptait environ 10 000 sites. Dans le cadre de la mutualisation, il va passer, à terme, à 7 000 sites, 5 000 situés en agences et 2 000 hors agence, avec des fermetures surtout dans les centres urbains, où la concentration en DAB est plus grande. L'objectif pour les parties prenantes est, évidemment, de réduire des coûts.

Les clients des enseignes concernées auront toutefois plutôt à y gagner : le nombre de points où ils pourront retirer de l'argent (sans subir de frais de retraits déplacés) et faire des dépôts de chèques ou d'espèces va augmenter, et ce quelle que soit leur banque. Le plus petit des quatre parcs d'automates, celui géré par le CIC était, par exemple, de l'ordre de 2 100 sites avant la mutualisation.

Automate Cash Services
Image fournie par 2SF

Crédit Mutuel, BNP, SG : la mise en commun des distributeurs de billets s'accélère

Comment est déterminé l'ordre de migration des automates ?

Olivier Fournier : « Nous avons un plan de migration, mois par mois, homogène à travers la France et conçu en fonction des ressources disponibles localement. Chaque mise en service nécessite, en effet, l'intervention de transporteurs de fonds, de mainteneurs, de gestionnaires d'automates, de gardiens... Nous ne pouvons donc pas migrer l'ensemble des automates d'une région simultanément. »

« Le cycle de vie d'un automate est d'environ 8 ans »

Cash Services s'occupera-t-il également de renouveler les automates endommagés ou obsolètes ?

Olivier Fournier : « Oui. Une fois que la migration a été effectuée, la gestion de l'automate est assurée à 100% par 2SF. Nous avons donc la responsabilité d'entretenir ce parc et, notamment, de gérer son obsolescence. Le cycle de vie d'un automate est aujourd'hui d'environ 8 ans. »

De plus en plus d'usagers utilisent leur mobile pour payer, et certains ne détiennent même plus de cartes bancaires physiques. Le passage à Cash Services va-t-il permettre d'ouvrir les automates à ces nouveaux usages ?

Olivier Fournier : « Nous récupérons un parc avec un historique. Lorsque les automates sont équipés d'un lecteur adéquat, nous offrons déjà la capacité de retirer de l'argent sans contact. La carte bancaire, toutefois, reste nécessaire dans l'immédiat. Le retrait sans contact avec une carte virtuelle embarquée sur un mobile sera possible, à terme, une fois que nous aurons trouvé la solution pour éviter toute forme de risque pour les usagers. »

« Dans le courant du 2e trimestre 2025, nous serons en capacité d'étudier les demandes d'implantations des collectivités locales »

2SF va aussi déployer une offre à destination des collectivités locales. Pourriez-vous nous en dire plus ?

Olivier Fournier : « Effectivement, cela correspond à une volonté de nos actionnaires. Certaines communes rurales se retrouvent sans solution et leurs administrés doivent faire 3, 5, 8 km pour retirer de l'argent. Dans le courant du 2e trimestre 2025, nous serons en capacité d'étudier leurs demandes d'implantations. »

De nombreuses communes sont privées de distributeurs parce que ces derniers n'étaient pas rentables, faute d'usage suffisant, et ont donc été “débranchés“. Que 2SF peut-elle y faire ?

Olivier Fournier : « Vous l'avez compris, nous bénéficions de l'expertise cumulée de 3 groupes bancaires. Nous gérerons aussi un grand volume d'automates et d'opérations, ce qui procure quelques opportunités d'optimisation des coûts. Mais, vous avez raison, installer et gérer un automate représente un coût qui n'est pas neutre. Lorsqu'une collectivité nous sollicitera, nous examinerons en détail son projet, nous lui exposerons l'ensemble des charges qu'il implique, cartes sur table, afin de décider ensemble si l'investissement est opportun. »

« Cash Services n'est pas un espace fermé »

Serez-vous proactifs dans l'installation de ces automates dans les communes rurales, ou vous contenterez-vous de répondre aux demandes ?

Olivier Fournier : « Nous réagirons seulement sur sollicitation. Nous ne sommes pas dans une démarche de mise en concurrence d'acteurs déjà présents, mais d'accompagnement des municipalités en difficultés. Si une commune dispose déjà d'une solution de retrait, elle n'est pas en difficultés et nous n'aurons pas vocation à intervenir. »

Peut-on imaginer que Cash Services s'ouvre à d'autres marques bancaires ?

Olivier Fournier : « Cela est du ressort de nos actionnaires, des trois groupes bancaires qui ont lancé le projet. Mais je vous confirme que ce n'est pas un espace fermé, clos et sans évolution future. »