Il tape du poing sur la table. Jeudi, le ministre de la Justice a sorti l'artillerie lourde. Auditionné par les sénateurs sur la délinquance financière, Gérald Darmanin a suggéré de supprimer l'argent liquide pour lutter contre le trafic de drogue.
Sur RTL, ce vendredi matin, il a remis le couvert mais en nuançant ses propos de la veille. Il souhaite « diminuer l'argent liquide », rapporte La Voix du Nord.
« Des pays l'ont fait, il y a des pays au Moyen-Orient, en Asie où il n'y a quasiment plus d'argent liquide »
« On évalue entre 4 et 6 milliards d'euros, par exemple, d'argent liquide de trafic de drogue chaque année en France. On en saisit que quelques millions d'euros et encore. L'une des réponses, c'est la suppression très forte de l'argent liquide pour avoir une traçabilité. Des pays l'ont fait, il y a des pays au Moyen-Orient, en Asie où il n'y a quasiment plus d'argent liquide », a-t-il indiqué.
Mais au final, Gérald Darmanin reconnaît que cela ne pourra pas s'appliquer en France : « On n'en a pas les moyens politiques. Il y a une longue discussion à avoir avec les Français ». Supprimer les espèces conviendrait notamment au Traité de fonctionnement de l'Union Européenne, qui indique que les billets émis par la Banque centrale européenne (BCE) ont cours légal dans tous les pays de l'Union. En creux, le ministre reconnaît aussi le fort attachement des Français aux espèces : « L'argent liquide propose d'autres avantages : la liberté individuelle où l'État ne regarde pas tout, à tout moment. »
Interdire tout paiement en espèces supérieur à 1 000 euros
L'an dernier, le sénateur Christian Bilhac avait formulé une proposition de loi visant à interdire tout paiement en espèces pour des sommes supérieures à 1 000 euros. Selon lui, les limites actuelles, 10 000 euros dans l'Union européenne, sont trop élevées pour lutter efficacement contre le blanchiment des activités illicites, estime-t-il.
En France, les transactions en liquide entre un particulier et un professionnel (artisan, commerçant, etc.) sont déjà interdites au-delà de 1 000 euros. En ce qui concerne les transactions en cash entre particuliers, elles doivent faire l'objet d'un écrit (avec date, nom de l'acheteur, objet de la transaction, etc.) au-delà de 1 500 euros. Le texte de Christian Bilhac a été rejeté par le Sénat le 13 novembre 2024.