Les marchés : Paris piétine, Wall Street flambe
Ce n'était pas la séance de l'année ! Les volumes investis en Bourse ont été assez faibles aujourd'hui. Le CAC 40 chute de 0,29%, à 7 960 points, après avoir passé une bonne partie de la séance au-dessus des 8 000 points. Après une mauvaise performance la semaine passée (-2,3%), l'indice parisien peine à retrouver de l'élan, comme les autres places européennes. par l'Assemblée, les investisseurs suivent de près les tractations politiques en France, alors que le gouvernement tente de maintenir un objectif de déficit public sous les 5% du PIB. Aux États-Unis, l'atmosphère est plus optimiste. Les spéculations autour des prochaines baisses de taux continuent d'alimenter les échanges.
Aujourd'hui, les paris sont globalement en faveur d'une baisse en décembre, avec à la clé une forte hausse des indices américains : +2,4% pour le Nasdaq, +1,3% pour le S&P 500 . Plusieurs statistiques économiques attendues cette semaine pourraient influencer ces anticipations, on en reparle dans cette édition. Wall Street fonctionnera toutefois au ralenti en raison de Thanksgiving, jeudi et vendredi. Côté valeurs, les entreprises de la défense reculent de nouveau après des discussions entre les États-Unis et l'Ukraine autour d'un futur accord de paix. Thales (-1,5%), Safran (-2,4%) et Dassault Aviation (-0,6%) clôturent en baisse.
À l'inverse, Ubisoft (+3,1%) continue de progresser après l'annonce de l'investissement finalisé de Tencent dans l'une de ses filiales. Ce soir, nous vous parlons également de la chute de l'ancienne star de la Bourse danoise, Novo Nordisk, anciennement première capitalisation européenne. Bonne lecture !
Les valeurs : Novo Nordisk, Ubisoft et Casino
Novo Nordisk Coup dur pour le géant danois de la pharmacie qui chute de 6% en Bourse après des résultats décevants dans ses essais cliniques contre la maladie d'Alzheimer. Après deux ans d'essais menés sur plus de 3 800 personnes, son traitement n'a pas montré de bénéfice réel par rapport à un placebo, même si certains marqueurs biologiques se sont légèrement améliorés et que le médicament reste sûr à utiliser. Face à ces résultats décevants, l'entreprise a décidé d'arrêter ses essais. Cette annonce est un coup dur pour Novo Nordisk, qui espérait ouvrir un nouveau marché important après le succès de ses traitements contre le diabète et l'obésité. Ces difficultés s'ajoutent à une année déjà compliquée pour le laboratoire, dont l'action a plongé de près de 55% depuis janvier. Novo Nordisk fait face à la concurrence de versions « copiées » et moins chères de médicaments anti-obésité aux États-Unis, ainsi qu'à des perspectives de ventes plus faibles que prévu. L'entreprise a dû revoir ses objectifs financiers à la baisse et a lancé une vaste restructuration, incluant la suppression de 9 000 emplois dans le monde, afin d'économiser plus d'un milliard d'euros par an. Elle table désormais sur une croissance plus modeste de ses revenus et de ses bénéfices pour 2025. Affaire à suivre !
Ubisoft Nous vous en parlions vendredi soir, Ubisoft respire enfin un peu mieux. L'éditeur français de jeux vidéo a reçu plus d'un milliard d'euros de la part de Tencent, son partenaire chinois, qui vient d'investir dans Vantage Studios, la filiale où Ubisoft a regroupé ses grandes licences comme Assassin's Creed, Far Cry ou Rainbow Six. En échange, Tencent détient désormais un peu plus de 26% de cette nouvelle structure. Cet argent frais arrive à un moment critique. Ubisoft faisait face à un sérieux problème de dette, notamment parce que certains prêts devenaient immédiatement remboursables après un souci comptable ayant entraîné un dépassement des règles imposées par ses créanciers. Grâce à l'investissement de Tencent, l'entreprise peut rembourser ses dettes urgentes et vise même un endettement quasi-nul d'ici mars 2026, alors qu'il dépassait encore le milliard d'euros fin septembre. En Bourse, l'action d'Ubisoft continue de rebondir : après +3,87% vendredi, le titre grimpe de 3,10% ce soir, à 7,25€. Cette embellie est aussi portée par des résultats semestriels meilleurs qu'attendus. Malgré ces signaux positifs, plusieurs bureaux d'études restent prudents, car les détails de la nouvelle organisation autour de Vantage Studios ne seront connus qu'en janvier 2026. Depuis le début de l'année, Ubisoft chute de 44% à la Bourse de Paris.
Casino Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, devenu le patron du groupe Casino il y a un an et demi, veut injecter 300 millions d'euros dans l'entreprise pour obtenir en échange une forte réduction de sa dette. Casino doit aujourd'hui rembourser 1,4 milliard d'euros, une somme trop lourde pour un groupe qui ne génère pas assez d'argent. L'objectif est de ramener cette dette à 800 millions d'euros et d'en baisser le coût, alors que les taux d'intérêt restent élevés. Cette nouvelle négociation avec les banques et les créanciers commence en ce moment, car la dette arrive à échéance en 2027. Casino veut éviter une nouvelle crise et se donner de la marge pour financer son plan « Renouveau 2030 », qui prévoit la modernisation de ses 4 666 magasins et l'ouverture de 430 points de vente supplémentaires. En échange de cet apport financier, Daniel Kretinsky souhaite conserver son contrôle sur le groupe, ce qui pourrait lui permettre de monter jusqu'à 68% du capital. Le titre éligible au PEA-PME gagne 5,45% ce lundi, à 0,27€, mais s'effondre de 75% depuis le début de l'année.
Le monde d'après : Le symbole de la bulle de l'IA ?
Oracle est devenue le symbole des inquiétudes autour d'une possible bulle liée à l'intelligence artificielle. Depuis son record début septembre, son action a chuté de plus de 40% et enchaîne les semaines de baisse. La raison principale : l'entreprise s'endette massivement pour construire les centres de données nécessaires aux projets d'IA, notamment celui avec OpenAI, qui a signé un contrat gigantesque... sans disposer des fonds pour le financer. Résultat, Oracle doit emprunter, ses flux de trésorerie sont négatifs et les investisseurs s'inquiètent de sa solidité financière.
Cette inquiétude se voit dans l'explosion du prix des assurances contre un défaut d'Oracle (les CDS), qui ont presque triplé depuis quelques mois. Les agences de notation estiment désormais que la dette du groupe s'approche de la catégorie spéculative, même si une faillite reste très improbable. Le problème est que, contrairement à d'autres géants comme Alphabet ou Meta, Oracle n'a pas la même marge de manœuvre financière. En parallèle, Jensen Huang, le patron de Nvidia, a tenté de calmer ces peurs en rappelant que l'IA apporte déjà des gains considérables à de nombreuses entreprises et qu'il ne s'agit pas, selon lui, d'une bulle.
Ses arguments n'ont pourtant pas suffi : Nvidia recule aussi en Bourse ces derniers jours, en partie parce que certains investisseurs préfèrent sécuriser leurs profits en cette fin d'année. En somme, Oracle concentre aujourd'hui les doutes que suscite l'engouement rapide pour l'IA, tandis que le marché commence à s'interroger sur la solidité réelle de cet immense cycle d'investissement.
L'agenda du lundi : Les taux et Thanksgiving
Cette semaine devrait une nouvelle fois être dominée par les spéculations autour des prochaines baisses de taux de la Fed. La Banque centrale américaine disposera d'ailleurs de nouveaux indicateurs pour affiner son analyse, notamment l'indice des prix à la production (on en reparle dans le lexique). S'ajouteront trois autres données américaines : une nouvelle estimation de la croissance, les commandes de biens durables et un indice de confiance des consommateurs.
En Europe, Paris et Berlin publieront leurs dernières révisions de croissance et d'inflation, tandis que la BCE dévoilera le compte rendu de sa dernière réunion de politique monétaire. Par ailleurs, la semaine sera écourtée à Wall Street en raison de Thanksgiving : la Bourse américaine sera fermée jeudi, avant une demi-séance vendredi. Les volumes échangés au niveau mondial devraient donc être faibles en fin de semaine. Enfin, le marché suivra de près les négociations de paix en Ukraine.
Demain à la Une : L'IPP américain
La séance de ce mardi s'annonce riche en indicateurs. Les marchés attendent principalement les derniers chiffres de croissance en Allemagne ainsi que l'indice américain des prix à la production (IPP). Ce dernier sera particulièrement scruté, la publication de l'inflation (IPC) ayant été repoussée. Avec la fin du shutdown, les statistiques américaines sont progressivement publiées, mais elles ne devraient pas offrir à la Fed une vision parfaitement à jour avant sa réunion des 9 et 10 décembre. Sur le plan technique, les acheteurs viseront les niveaux des 8 000 et 8 050 points sur le CAC 40 lors des prochaines séances, tandis que les vendeurs cibleront les 7 925 et 7 865 points. À suivre !
Le lexique : IPC & IPP
L'IPC, ou indice des prix à la consommation, mesure l'évolution moyenne des prix payés par les ménages pour un panier représentatif de biens et services, ce qui en fait un indicateur clé de l'inflation ressentie par les consommateurs. L'IPP, ou indice des prix à la production, suit la variation des prix auxquels les producteurs vendent leurs biens à la sortie d'usine. Il reflète ainsi l'évolution des coûts en amont de la chaîne de production et peut anticiper les pressions inflationnistes futures.
























