Les marchés : Le luxe plombe le CAC
Après avoir atteint un nouveau sommet historique hier, la Bourse de Paris marque une pause. Le CAC 40 recule de 0,63% ce soir et s'établit à 8 207 points. Les prises de bénéfices dominent, notamment sur les poids lourds du luxe. L'Oréal et Hermès, en repli, ont publié des chiffres d'activité inférieurs aux attentes au troisième trimestre, ce qui a pesé sur l'ensemble de l'indice.
Le climat international n'a pas aidé à calmer la nervosité des marchés. Les dernières déclarations de Donald Trump ont ravivé les incertitudes géopolitiques. Le président américain a affirmé qu'il ne souhaitait pas rencontrer Vladimir Poutine “pour rien”, laissant entendre que la rencontre prévue à Budapest pourrait être annulée. Moscou, de son côté, assure que les préparatifs se poursuivent. Ces signaux contradictoires réduisent les espoirs d'un éventuel apaisement en Ukraine et dopent mécaniquement les valeurs du secteur de la défense, Dassault Aviation gagne 2,7% et Thales 1,4%. Trump a également entretenu le flou sur le front commercial.
Tout en promettant un “bon accord” avec le président chinois Xi Jinping, il a laissé planer le doute sur la tenue de leur rencontre initialement annoncée pour fin octobre. Ces ambiguïtés alimentent la volatilité d'un marché fébrile, tiraillé entre récents records et risques géopolitiques persistants. Le CAC, malgré son repli du jour, reste très proche de ses plus hauts historiques. La séance de demain sera particulièrement chargée en résultats d'entreprises tricolores et pourrait relancer la marche en avant !
Les valeurs : L'Oréal, Hermès et Eutelsat
L'Oréal Le géant français des cosmétiques chute de 6,70% à 371,35€ au fixing, après la publication de résultats trimestriels inférieurs aux attentes. Malgré une croissance de 4,2% au troisième trimestre, L'Oréal n'a pas atteint le consensus des analystes, qui anticipaient 4,7%. La déception vient surtout d'Amérique du Nord, où la croissance n'a atteint que 1,4%, contre 3,1% espérés. Le directeur général, Nicolas Hieronimus, a tenté de relativiser ces chiffres en soulignant un effet temporaire lié à la mise en place de nouveaux systèmes informatiques, ainsi qu'un déséquilibre sectoriel, le maquillage pesant davantage dans les ventes du groupe. En Asie, la situation apparaît plus encourageante, avec une progression de 4,7%, notamment grâce à une stabilisation des ventes en Chine. En revanche, l'Amérique latine a également déçu avec une croissance deux fois inférieure aux attentes. Lors de la conférence téléphonique, le ton du dirigeant s'est voulu prudent : il estime que le marché mondial de la beauté devrait croître d'environ 4% en 2025, tout en reconnaissant que la performance du quatrième trimestre, marquée par la période des fêtes et le « Singles' Day » chinois, sera décisive. Les analystes de Deutsche Bank et Barclays jugent les commentaires du management manquant de conviction et évoquent des perspectives plus sombres pour le secteur. L'Oréal compte désormais sur son « plan de stimulus beauté », avec de nouveaux lancements de parfums et produits innovants, pour raviver sa croissance d'ici la fin de l'année.
Hermès Hermès a beau avoir publié une croissance de 9,6% au troisième trimestre, dépassant légèrement les attentes du marché (9,4%), son action perd 2,27% à 2 199€ ce mercredi à la Bourse de Paris. En cause : une déception relative dans sa division phare de maroquinerie-sellerie, qui n'a progressé “que” de 13,3%, contre 14% attendus, et un regain d'appétit des investisseurs pour des valeurs jugées plus décotées dans le secteur du luxe, comme Kering. Malgré des résultats robustes, le marché semble bouder les valeurs les plus défensives du secteur. Hermès, pourtant l'un des groupes les plus performants sur le plan commercial, affiche depuis le début de l'année une baisse de 5%, loin derrière Kering, en forte hausse de 34%. Pour plusieurs bureaux d'analyse, la publication du maroquinier pâtit surtout d'un contexte de rotation sectorielle : les investisseurs délaissent les titres jugés sûrs au profit de ceux offrant plus de potentiel en cas de reprise du luxe en 2026. UBS et Royal Bank of Canada notent aussi que la croissance en Asie-Pacifique reste modeste, tandis que Jefferies estime que la régularité d'Hermès, autrefois une force, est désormais perçue comme un manque d'élan dans un marché redevenu optimiste... Clairement, les investisseurs sont devenus très exigeants envers le secteur du luxe !
Eutelsat Eutelsat recule ce soir de 8,53% à 3,38€ (+50% depuis le début de l'année). L'opérateur de satellites a publié un début d'exercice en dessous des attentes, avec un chiffre d'affaires en baisse de 2,2% à 293 millions d'euros. Les activités vidéo et de connectivité géostationnaire ont reculé plus fortement que prévu, pesant sur la performance du trimestre. Le groupe reste toutefois confiant pour 2025, tablant sur la forte croissance de son activité en orbite basse, en hausse de 70%, et sur la montée en puissance de ses projets de connectivité. Le groupe éligible au PEA-PME vise des revenus stables, une marge d'exploitation légèrement inférieure et des investissements d'environ 1 milliard d'euros, mais le marché reste prudent face à un redémarrage jugé lent.
L'événement du mercredi : Netflix trébuche après ses résultats
Le géant du streaming chute ce soir de 9,8% à Wall Street, à 1 120$, plombé par un contentieux fiscal de 619 millions de dollars au Brésil. Cette charge exceptionnelle, qui a rogné sa marge opérationnelle de cinq points, a fait dérailler un trimestre pourtant solide sur le plan commercial : les revenus ont progressé de 17,2%, à 11,51 milliards de dollars, mais le bénéfice par action, à 5,87$, a déçu les investisseurs. Netflix, qui rêvait d'une capitalisation à 1 000 milliards de dollars d'ici 2030, marque ainsi une pause (autour des 478 milliards aujourd'hui). Le titre a déjà perdu de sa superbe depuis son pic de juin et limite désormais son gain annuel à 25%.
Au-delà du dossier fiscal, la concurrence fait aussi trembler le roi du streaming. Bank of America évoque « des menaces accrues », entre la possible fusion de Paramount et Warner Bros, et la montée des géants de l'intelligence artificielle comme OpenAI, dont le modèle vidéo Sora pourrait bousculer le secteur. Face à ces vents contraires, Netflix garde le cap : son dernier blockbuster (KPop Demon Hunters) a battu tous les records, et ses prévisions pour la fin d'année restent solides. Mais les marchés s'interrogent déjà : si Paramount s'offre Warner, Netflix pourrait-il riposter par une acquisition ? Certains bureaux d'études murmurent que le géant du streaming pourrait, à son tour, lorgner sur tout ou partie de Warner. Une stratégie risquée mais tentante... Car derrière les chiffres et les procès, Netflix rêve toujours d'étendre son empire !
Demain à la Une : De nouveaux résultats
Demain, Wall Street devra digérer les résultats trimestriels de Tesla, dévoilés ce soir après la clôture. À Paris, les investisseurs surveilleront les données de Vinci, Thales, Dassault Systèmes, Orange, STMicroelectronics, Accor, Renault et Nexans ! La saison de publication s'accélère et beaucoup espèrent qu'elle permettra au CAC 40 de battre de nouveaux records, après celui atteint hier à 8 271 points.
Le lexique : Les turbos
Les turbos sont des produits dérivés à effet de levier qui permettent d'amplifier les variations d'un actif sous-jacent (action, indice, matière première, etc.), à la hausse ou à la baisse. Ils possèdent une barrière désactivante : si cette barrière est atteinte, le turbo est automatiquement désactivé et perd tout ou partie de sa valeur. Ils s'adressent donc aux investisseurs avertis.