LCL s'apprête à transformer en profondeur son modèle de banque de détail. Face à la montée en puissance des acteurs 100% digitaux, la banque traditionnelle prépare une refonte de son offre pour mieux répondre aux attentes de ses six millions de clients particuliers, ainsi qu'aux futurs arrivants, selon des informations obtenues par L'Agefi auprès de sources concordantes. Cette nouvelle stratégie, qui s'inscrit dans un horizon 2027, a été présentée aux représentants du personnel le 12 février dernier.

Le choix du 100% digital ou de l'accompagnement personnalisé

À partir de 2026, l'offre de LCL s'articulera autour de deux formules distinctes. La première, baptisée LCL Easy, reposera sur un modèle entièrement digital destiné aux clients autonomes. Ces derniers bénéficieront d'une application et d'un site internet dédiés, avec des frais réduits, tout en conservant la possibilité de contacter des conseillers à distance ou en agence. Cette offre vise à capter une clientèle adepte des solutions low-cost et digitales, telles que celles proposées par Fortuneo, BoursoBank, ou encore Revolut, tout en incitant les clients actuels, qui ne fréquentent plus les agences physiques, à migrer vers ce nouveau modèle. Plusieurs centaines de milliers de clients, notamment parmi les jeunes, pourraient ainsi être concernés dès l'an prochain.

La seconde offre, LCL Premier, proposera un accompagnement renforcé pour les clients recherchant un service plus personnalisé. Plus onéreuse, elle s'adressera à ceux qui souhaitent un contact régulier avec un conseiller tout en profitant des outils digitaux les plus performants. Ce service pourra être enrichi par l'intervention d'experts à distance. Contrairement aux segmentations actuelles de LCL, qui prennent en compte les revenus et le potentiel de rentabilité, cette offre ne serait pas réservée à une clientèle disposant d'un certain niveau de patrimoine.

LCL souhaite assurer une fluidité totale entre ces deux offres, permettant aux clients de passer de l'une à l'autre en fonction de leurs besoins, tout en conservant un identifiant bancaire unique (IBAN). Durant la phase de transition, les comptes existants continueront à fonctionner sous l'ancien modèle, tandis que toutes les nouvelles ouvertures se feront sur LCL Easy ou LCL Premier.

Une mutation forcée des banques traditionnelles

LCL n'est pas la première banque à réfléchir à son virage digital. BNP Paribas, via Hello Bank, propose le même type d'offre combiné à un réseau d'agences proposant un accompagnement payant via le service « affinité », facturé 12 euros par mois depuis 2021. Chez LCL, plusieurs paramètres restent encore à définir, notamment la grille tarifaire et le positionnement marketing, sachant que les noms Easy et Premier sont pour l'instant des appellations internes et non des marques déposées.

Interrogée par L'Agefi, la banque confirme ces orientations stratégiques et insiste sur sa volonté de développer son activité. « Il s'agit bien d'un plan de développement, qui vise une croissance du PNB dans les prochaines années », indique un proche du dossier. Aucune suppression d'emplois ni fermeture d'agences n'est prévue à court terme.

Depuis la fin de la crise sanitaire, les néobanques grignotent des parts de marché aux établissements traditionnels. En 2024, Revolut, BoursoBank et N26 ont attiré 40% des nouveaux clients particuliers en France. « La multibancarisation croissante des clients, qui vont chercher chez ces acteurs des offres de banque au quotidien, accentue le phénomène depuis deux ou trois ans », observe un banquier. Bien que LCL détienne entre 7% et 8% des parts de marché en France et environ 15% en Île-de-France, sa capacité à séduire de nouveaux clients reste limitée : en 2023, elle n'a attiré que 3% des ouvertures de comptes.

BoursoBank : les chiffres du succès fou du leader de la banque en ligne

Cette pression concurrentielle s'étend également aux segments professionnels et patrimoniaux, deux axes forts du Crédit Lyonnais historique. L'arrivée de BoursoFirst, l'offre de banque privée 100% digitale de BoursoBank à 29 euros par mois, constitue un nouveau défi. Pour les banques traditionnelles, il devient donc impératif d'adapter leur modèle.

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