L'essentiel

  • 44% des salariés du secteur bancaire présentent un risque élevé de burn-out, un quart d'entre eux montre des signes dépressifs.
  • 40% des répondants ont parfois peur au travail, en raison d'interactions de plus en plus violentes avec les clients.
  • Les contraintes réglementaires, qui sont perçues comme trop lourdes par 90% des banquiers, contribuent à leur mal-être et à un manque d'attractivité de la profession.

Réalisée tous les 3 ans depuis une quinzaine d'années, cette étude est commandée par le syndicat national de la banque et du crédit (SNB CFE-CGC). Cette fois, ce sont plus de 9 600 salariés du secteur bancaire qui y ont répondu. Un chiffre en forte hausse (+30% par rapport à 2021), fruit d'une « mobilisation accrue face à ces enjeux cruciaux pour la santé au travail », explique le syndicat dans un communiqué.

Plus de 4 salariés sur 10 au bord du burn-out

De fait, le constat est alarmant. Selon le SNB, qui a sollicité des psychologues cliniciens pour analyser le résultat de l'étude, plus de 4 salariés sur 10 (44% précisément) présentent un risque élevé ou très élevé de « burn-out », ce syndrome caractérisé par un état d'épuisement émotionnel, mental et souvent physique causé par un stress chronique lié au travail. Et un quart d'entre eux affiche des symptômes dépressifs.

L'intensité et les temps de travail sont évidemment en cause : la quantité d'informations à traiter, la difficulté à mener une tâche à bien sans être interrompu, le rythme de travail imposé par la hiérarchie. Mais le mal-être est aussi psychologique. Un quart des personnes interrogées a de plus en plus de mal à trouver du sens à leur travail, 46% ont des problèmes relationnels avec leur hiérarchie, 70% ont de faibles perspectives de promotion...

« On recense environ 10 000 incivilités par an dans le secteur bancaire »

Des incivilités de plus en plus violentes

S'y ajoute l'angoisse générée par la relation avec les clients. 40% des sondés expliquent éprouver parfois de la peur au travail. Un quart d'entre eux ont déjà dû faire face à des agressions verbales ou physiques. « On recense environ 10 000 incivilités par an dans le secteur bancaire », explique Frédéric Guyonnet, président national du SNB CFE-CGC. « Ce que nous constatons aussi, c'est qu'elles sont de plus en plus violentes, avec de plus en plus d'arrêts de travail ».

Dans ce contexte dégradé, la moitié des salariés interrogés aspire à plus de télétravail, pour s'éloigner de ces mauvaises conditions de travail. Pourtant, les deux tiers du personnel des agences n'y a pas accès.

Le télétravail, toutefois, n'a pas que des vertus. Son développement, pendant la pandémie de covid, a permis aux banques de supprimer des postes de travail, et donc de faire des économies. C'est le cas notamment chez BNP Paribas et SG, où respectivement 47% et 45% des salariés ne disposent plus de poste de travail fixe. Ils sont également de plus en plus nombreux à évoluer dans des open spaces, des espaces ouverts de travail comptant plus de 15 personnes.

Le poids des contraintes réglementaires

Un autre phénomène, extérieur aux organisations, contribue de plus en plus au mal-être des salariés de la banque : l'inflation des contraintes réglementaires qui encadrent l'ouverture des comptes, la distribution des crédits, la vente des titres financiers...

Le poids de la conformité dans le travail quotidien des salariés de la banque est devenu « insupportable », estime Frédéric Guyonnet. Ainsi, 9 salariés sur 10 considèrent qu'elles sont plus importantes que par le passé et qu'elles ont un impact négatif sur leur charge de travail.

« Nos collègues en agence ne font plus que ça, du réglementaire »

« Multiplier les nouvelles règles pour les banques françaises parce qu'une banque mal gérée a fait faillite aux Etats-Unis n'est pas logique. Nos collègues en agence ne font plus que ça, du réglementaire. Cela participe au manque d'attractivité de la profession : un commercial n'a pas envie de passer son temps à mettre à jour des fichiers, il préfère partir vers un secteur moins réglementé, comme l'automobile », constate le président du SNB. Ce dernier souhaite en faire une priorité, au même titre que les revendications sur les salaires ou les moyens techniques et humains déployés.

SG décrochée

L'importance du panel de répondants cette année a permis d'obtenir des échantillons statistiquement suffisants pour détailler les résultats par groupe bancaire. Les résultats sont relativement homogènes d'une enseigne, à une exception près : SG.

La marque de banque de détail du groupe Société Générale affiche, en effet, les résultats les plus dégradés en matière d'épuisement professionnel et de bien-être au travail. Un décrochage lié, selon Frédéric Guyonnet, à l'angoisse des salariés quant à la pérennité de leur emploi : « 52% d'entre eux estiment que la sécurité de leur emploi est menacée, contre 16%, par exemple, au Crédit Mutuel. »