L'essentiel

  • MaPrimeRénov' a connu des changements importants en 2025, avec des règles fluctuantes et des coupures temporaires de financement.
  • A partir de 2026, le programme ne financera plus certains travaux.
  • Malgré un budget annoncé à 4,4 milliards d'euros pour 2026, l'instabilité du dispositif préoccupe les ménages et les professionnels de la rénovation énergétique.

Au moment de résumer l'année 2025 du dispositif MaPrimeRénov', difficile d'être linéaire, tant les règles ont changé en cours de route. Comme en 2024, le dispositif a fonctionné par à-coups, avec un premier semestre relativement fluide, avant un net coup d'arrêt à partir de l'été.

Jusqu'au mois de juin, les deux parcours cohabitent : la rénovation d'ampleur, très subventionnée mais complexe, et les travaux « par geste », plus accessibles, notamment pour le remplacement d'un système de chauffage ou certains postes d'isolation. « On était enfin arrivé à un équilibre qui fonctionnait, avec des règles lisibles pour les ménages », résume Pierre-François Morin, directeur de l'activité rénovation énergétique chez Hello Watt.

Début juin, la mécanique se grippe. Des annonces contradictoires, une communication confuse, et surtout un arrêt temporaire du guichet MaPrimeRénov' pour les rénovations d'ampleur à partir du 20 juin. Officiellement, la lutte contre la fraude est invoquée. En pratique, la contrainte budgétaire pèse lourd.

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« S'il n'y avait eu que la fraude, on aurait pu corriger sans tout bloquer », observe Jean-Régis de Vauplane, directeur commercial et marketing chez Ithaque. Conséquence immédiate : un attentisme massif des ménages. L'activité chute brutalement pendant l'été, avec des pertes estimées entre 70% et 90% pour certains acteurs de l'accompagnement.

Un recentrage et un plafond maximal raboté

À l'automne, l'État tente de relancer la machine. Le guichet « rénovation d'ampleur » rouvre fin septembre, mais sous conditions drastiques : nombre de dossiers plafonné, aides réduites, recentrage sur les ménages modestes et très modestes, et un plafond maximal ramené à 32 000 euros.

Dans le même temps, plusieurs arrêtés actent des changements majeurs pour l'avenir. À compter de 2026, MaPrimeRénov' ne financera plus certains travaux en monogeste, comme l'isolation des murs par l'intérieur ou l'extérieur, ni le chauffage biomasse. Un signal fort, qui rebat les cartes dès la fin 2025.

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« Un ménage qui reporte aujourd'hui son projet d'isolation des murs a de grandes chances de ne plus avoir d'aide demain, et donc de renoncer à ses travaux », alerte Pierre-François Morin. À l'inverse, les dossiers déposés avant le 31 décembre restent instruits selon les règles actuelles.

Même budget mais nouvelles règles pour 2026

À quoi faut-il alors s'attendre en 2026 ? Sur le papier, l'Agence nationale de l'habitat prévoit un budget de 4,4 milliards d'euros et un objectif de 120 000 rénovations performantes. Mais ce chiffre inclut des dossiers déposés en 2025 et encore en attente de traitement, comme le souligne Effy, qui dénonce une ambition « en trompe-l'œil ».

Sur le fond, la trajectoire est claire : plus de rénovations globales et une priorité assumée donnée à la pompe à chaleur. « C'est aujourd'hui le geste le plus subventionné et celui qui offre le retour sur investissement le plus rapide en termes de facture énergétique », explique Pierre-François Morin. Même dans un logement mal isolé, une pompe à chaleur permettrait de réduire significativement la consommation.

« Depuis six mois, il ne se passe pas un mois sans une annonce ou un changement de règles »

Cette orientation s'inscrit dans la stratégie nationale bas carbone : électrifier les usages, réduire la dépendance au gaz et au fioul importés, et soutenir une filière industrielle largement implantée en France. Quitte à sacrifier, au moins temporairement, certains travaux pourtant essentiels à long terme.

Reste une constante, désormais bien identifiée par les ménages comme par les professionnels : l'instabilité du dispositif. « Depuis six mois, il ne se passe pas un mois sans une annonce ou un changement de règles », rappelle Pierre-François Morin. Et 2026 pourrait encore réserver des ajustements, en fonction du budget réellement voté et de l'exécution des enveloppes.

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De plus, le traitement des dossiers va encore se faire attendre. « Pas de budget, pas de guichet », a déclaré le ministre du logement, Vincent Jeanbrun, il y a quelques jours. Après l'échec des députés et sénateurs la semaine dernière à trouver un compromis pour adopter le budget de l'Etat avant la fin de l'année, difficile de dire à quoi ressemblera MaPrimeRénov' dans les prochaines semaines.

D'où le message martelé par les acteurs du secteur à l'approche de la fin d'année : quand un projet est prêt, mieux vaut ne pas attendre. « Tous les dossiers qui peuvent être déposés avant le 31 décembre doivent l'être. On connaît les règles aujourd'hui, mais rien ne garantit qu'elles seront aussi favorables demain », insiste le directeur de Hello Watt.

Après une année 2025 marquée par les stop-and-go, MaPrimeRénov' s'engage donc en 2026 sur une ligne plus étroite, plus ciblée, et plus incertaine. Pour les ménages, le bon timing pourrait bien faire la différence entre un projet aidé... et un projet abandonné.