Les marchés : Rallye de fin d'année ?
La Bourse de Paris a perdu de son élan en fin de séance. Après un début de séance dans le vert, le CAC 40 termine finalement en légère baisse de 0,14%, à 8 110 points. Le secteur automobile s'est distingué, porté par une progression de 2,2% de Renault. Mais la tendance générale est restée hésitante, dans un marché dépourvu de nouveaux catalyseurs majeurs. En zone euro, l'indice PMI manufacturier s'établit à 50, un niveau qui marque la frontière entre contraction et expansion, signe d'une stabilisation encore fragile de l'activité industrielle.
Outre-Atlantique, l'ambiance reste plus positive. Les indices américains ont enchaîné un sixième mois consécutif de hausse. La période de fin d'année, traditionnellement favorable aux marchés actions, nourrit les espoirs d'un rallye haussier prolongé. Le calendrier économique s'annonce toutefois allégé dans les prochains jours, ce qui pourrait tempérer la dynamique actuelle. La situation budgétaire aux États-Unis ajoute une touche d'incertitude : la fermeture partielle de l'administration fédérale risque de retarder la publication de plusieurs indicateurs clés, privant les investisseurs de repères essentiels. Dans ce contexte, la Bourse de Paris reste dans une phase d'attente, partagée entre prudence et optimisme à l'approche de la fin d'année.
Les valeurs : GTT, Capgemini et Wallix
GTT Le groupe spécialiste français des membranes utilisées pour le transport du gaz naturel liquéfié (GNL), connaît une forte croissance et vient de relever ses prévisions pour 2025. Son action s'est envolée en Bourse après la publication de résultats supérieurs aux attentes sur les neuf premiers mois de l'année. Ancienne filiale d'Engie, GTT domine son marché : plus de 80% des navires transportant du GNL utilisent ses technologies. Son modèle économique est très rentable, car l'entreprise ne fabrique pas elle-même les navires mais perçoit des redevances en licenciant ses brevets à ses clients. Cela lui permet d'afficher des marges élevées (plus de 58 % l'an dernier) et une performance boursière remarquable : le titre a plus que doublé en cinq ans. Entre janvier et septembre, le chiffre d'affaires a grimpé de 29% à près de 600 millions d'euros, porté par la forte demande dans la construction de navires spécialisés. Le carnet de commandes reste solide, avec près de 300 navires à livrer. La reprise des projets de GNL aux États-Unis après la levée d'un moratoire par l'administration Trump a également stimulé l'activité. GTT vise désormais entre 790 et 820 millions d'euros de chiffre d'affaires pour l'année et un résultat brut d'exploitation compris entre 530 et 550 millions d'euros. Malgré cette progression spectaculaire, plusieurs bureaux d'études jugent que le titre n'est pas encore surévalué et voient encore un potentiel de hausse pour cette valeur considérée comme l'une des plus solides de la cote parisienne. Ce soir, le titre affiche la meilleure performance du SBF 120 : +8,74% à 186,60€ (+44% en 2025). Nous avons rehaussé ce matin notre objectif de long terme, cliquez ici pour le découvrir.
Capgemini a finalisé le rachat de Cloud4C, une entreprise basée à Singapour qui aide les sociétés à gérer leurs données et leurs applications dans le cloud, c'est-à-dire sur des serveurs en ligne plutôt que sur leurs propres ordinateurs. Créée en 2014, Cloud4C emploie environ 1 600 personnes et est connue pour ses solutions automatisées utilisant l'intelligence artificielle. Grâce à cette acquisition, Capgemini veut renforcer sa place sur le marché très porteur du cloud, un secteur clé pour la transformation numérique des entreprises. Le groupe compte développer de nouvelles offres adaptées à chaque métier, en utilisant l'IA pour simplifier la gestion et le transfert des données vers le cloud. Ce rachat permettra aussi à Capgemini de devenir un acteur encore plus important dans les services liés à SAP, un logiciel très utilisé par les grandes entreprises. La nouvelle semble prometteuse mais ne convainc pas du tout le marché ! Les investisseurs prennent quelques bénéfices sur le titre ce soir, le propulsant à la dernière place du CAC 40 : -2,85% à 129,70€ (-18% en 2025).
Wallix Le champion français de la cybersécurité accélère encore et affiche une croissance de 21,7% au troisième trimestre, portée par la forte hausse de ses revenus issus des abonnements (+43%). Le groupe profite d'une demande mondiale en plein boom, dopée par la multiplication des cyberattaques et l'entrée en vigueur de nouvelles règles de protection en Europe. Avec déjà 3 700 clients dans plus de 100 pays, Wallix confirme ses objectifs pour 2025 et prévoit un retour aux bénéfices sur l'ensemble de l'année. Le marché applaudit et l'action éligible au PEA-PME
s'envole de 7,14% à 24,75€, portant sa hausse annuelle à près de 150%. Les investisseurs saluent la visibilité exceptionnelle du modèle par abonnement et la montée en puissance du segment industriel, désormais au cœur de la stratégie. Un parcours impressionnant pour le champion français de la cybersécurité.
Le monde d'après : Un deal à 38 milliards
La frénésie autour de l'intelligence artificielle ne faiblit pas. OpenAI, créatrice de ChatGPT, vient de conclure un contrat colossal avec Amazon Web Services (AWS), estimé à 38 milliards de dollars sur sept ans. Grâce à cet accord, la start-up américaine pourra exploiter la puissance des centres de données d'Amazon, équipés de processeurs Nvidia, pour accélérer le développement de ses modèles d'IA. En clair, OpenAI s'offre un carburant technologique de premier ordre pour poursuivre sa course à la domination de l'IA générative. Résultat immédiat, l'action Amazon bondit de 5% à Wall Street. Pour Amazon, ce partenariat tombe à point nommé.
Sa filiale cloud, AWS, reste le numéro 1 mondial du secteur, mais sa croissance commençait à s'essouffler face à la concurrence de Google Cloud et Microsoft Azure. Après une hausse de 20% de ses revenus sur un an, son meilleur rythme depuis 2022, cette alliance conforte la stratégie du PDG Andy Jassy : maintenir Amazon au centre de la nouvelle ruée vers l'intelligence artificielle. En toile de fond, un petit cercle de géants continue de se renforcer mutuellement dans un écosystème de plus en plus fermé. On parle d'investissements circulaires. Tant que ces entreprises génèrent des profits records et que les investisseurs suivent, la fête de l'IA semble loin de s'arrêter. Et pour l'instant, elle reste très rentable.
L'agenda du lundi : Un programme allégé
Le programme de la semaine s'annonce un peu plus léger que celui des derniers jours. Les investisseurs attendent surtout une nouvelle salve d'indices PMI sur l'activité des services en zone euro. Le shutdown américain continue de fortement freiner la publication des statistiques officielles. La Banque d'Angleterre devrait par ailleurs laisser ses taux inchangés jeudi. Du côté des entreprises, plusieurs poids lourds publieront leurs résultats trimestriels : Palantir, AMD, McDonald's, Bouygues, Engie, Legrand, Veolia, Euronext et Air France. Affaire à suivre !
Demain à la Une : les niveaux à suivre
Au programme demain : les résultats trimestriels d'AMD (semi-conducteurs), d'Uber et de Biomérieux. Aucune publication économique majeure n'est attendue, c'est l'occasion de faire un point technique sur le CAC 40. Dans les prochaines séances, les acheteurs viseront les 8 165 et 8 215 points par extension, tandis que les vendeurs cibleront les 8 050 et 8 000 points. La prudence est clairement de retour sur les actions françaises, et l'absence d'actualités fortes ne devrait pas faciliter un éventuel retour sur les plus hauts du CAC cette semaine (à 8 260 points).
Le lexique : Le rallye de fin d'année
Le rallye de fin d'année désigne une tendance boursière haussière observée fréquemment entre la fin du mois de novembre et la fin du mois de décembre. Ce phénomène s'explique par un ensemble de facteurs saisonniers, psychologiques et techniques : l'optimisme lié aux fêtes, les anticipations économiques favorables pour l'année suivante, les ajustements de portefeuille réalisés par les gérants avant la clôture comptable, ainsi que la moindre activité des marchés durant les congés, qui amplifie les mouvements. Bien que récurrent, le rallye de fin d'année n'est pas systématique et dépend du contexte macroéconomique et des conditions de marché.



 
