Les marchés : Powell tempère

La Bourse de Paris recule de 0,53% à 8 157 points ce jeudi, plombée par plusieurs poids lourds du CAC 40. L'indice parisien pâtit des fortes baisses de Stellantis (-8,7%), Crédit Agricole (-4,8%) et Schneider Electric (-3,3%). Trois actions sanctionnées après des publications trimestrielles décevantes. Sans surprise, la Fed a baissé hier ses taux de 0,25% mais malgré ce contexte porteur les investisseurs ont préféré prendre quelques bénéfices.

Et pour cause, Jerome Powell a tempéré les attentes d'une troisième baisse consécutive des taux en décembre, rappelant que le marché du travail restait assez solide et la croissance encore positive. En Europe, la Banque centrale européenne a opté pour le statu quo, comme prévu. Christine Lagarde a confirmé le maintien des taux, estimant que la politique actuelle restait adaptée au contexte global... C'est assez désespérant.

On se console comme on peut, la croissance française accélère légèrement au troisième trimestre : +0,5%, après +0,3% au deuxième. Une donnée encourageante qui tranche avec la prudence ambiante des marchés, plus attentifs aux signaux venus des États-Unis qu'aux performances domestiques. Sur le front géopolitique, la rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping s'est conclue sur une note mitigée. Les deux dirigeants ont affiché leur volonté d'apaisement, Pékin s'engageant à reprendre les achats de soja américain et à renforcer la lutte contre le commerce du fentanyl (une drogue dure), tandis que Washington promet de réduire partiellement ses barrières douanières. Mais les points sensibles notamment les restrictions sur les semi-conducteurs et la question de Taïwan n'ont pas été abordés. Washington et Pékin signent ainsi un accord temporaire qui apporte un petit répit plus qu'un véritable tournant économique. Un mot enfin de Nvidia. Comme annoncé hier soir, nous avons relevé notre objectif sur le géant américain, toujours convaincus de son potentiel de long terme.

Les valeurs : Airbus, Stellantis et Aubay

Airbus a publié des résultats meilleurs que prévu pour le troisième trimestre 2025. Le géant aéronautique a réalisé un chiffre d'affaires de 17,8 milliards d'euros, en hausse de 14% sur un an. Le résultat opérationnel, son principal indicateur de rentabilité, ressort à 1,94 milliard d'euros, en progression de 38%. Les ventes de la division d'aviation civile, qui représente la majeure partie de l'activité, se sont également envolées grâce à la livraison de 201 avions, contre 174 l'an dernier. Un autre point positif : le nombre de « planeurs » (ces avions terminés mais en attente de moteurs) a été réduit de moitié, passant de 60 à 32 entre juin et septembre. Airbus prévoit d'éliminer totalement ce problème d'ici fin 2025, les fournisseurs de moteurs semblant en mesure de rattraper leurs retards de livraison. Côté finances, le groupe a généré près de 700 millions d'euros de trésorerie sur le trimestre, alors que les bureaux d'analyse n'en attendaient qu'un peu plus de 500 millions. Airbus confirme par ailleurs ses objectifs pour 2025 : livrer environ 820 avions, dégager 7 milliards d'euros de résultat opérationnel et un flux de trésorerie libre de 4,5 milliards d'euros. Ces résultats solides, contrastant avec les pertes massives de Boeing, ont été bien accueillis à la Bourse, l'action Airbus gagne 2,06% ce soir, à 212,70€, et se hisse en tête du CAC 40. Le titre gagne près de 40% depuis le début de l'année.

Stellantis Patatras ! C'est la douche froide pour Stellantis ce soir : -8,75% à 8,85€ (-30% en 2025). Le groupe automobile, issu de la fusion entre Peugeot et Fiat Chrysler, a pourtant annoncé une hausse de 13% de son chiffre d'affaires au troisième trimestre, à 37,2 milliards d'euros. Mais les investisseurs ont pris leurs bénéfices après un mois de forte hausse du titre, déçus par le manque de clarté de la direction sur la suite des opérations. Si la croissance des ventes est réelle, elle repose surtout sur une base de comparaison très faible : l'an dernier, Stellantis avait connu un fort recul à cause d'une réduction tardive de ses stocks aux États-Unis. Les bureaux d'études estiment que la reprise reste fragile, notamment outre-Atlantique, où la hausse des ventes s'explique surtout par des effets temporaires, comme la fin d'un avantage fiscal sur les véhicules électriques. Le nouveau directeur général, Antonio Filosa, n'a pas réussi à rassurer le marché. Il a évoqué des « changements stratégiques » à venir, susceptibles d'entraîner des ajustements comptables qui pourraient peser sur le bénéfice net et le dividende. Les perspectives du groupe demeurent vagues, et sa rentabilité, autrefois supérieure à 10%, pourrait se stabiliser entre 6 et 8% à moyen terme. En somme, Stellantis affiche un rebond technique de ses ventes, mais les doutes persistent sur la solidité de sa reprise et sur la capacité de la direction à restaurer la rentabilité du groupe, en particulier aux États-Unis

Aubay Très bon trimestre pour le groupe de conseil en technologie, qui affiche une hausse de 23,9% de son chiffre d'affaires à 160,1 millions d'euros. Cette progression s'explique par le rachat de Solutec et une croissance interne de 3%, meilleure qu'attendu. La France tire les résultats vers le haut (+6,3%), tandis que l'Italie et l'Espagne repartent dans le vert. Le groupe garde un niveau d'activité élevé (94%) et continue de recruter, signe d'un marché dynamique et d'une bonne santé commerciale. Fort de ces résultats, Aubay revoit ses objectifs à la hausse et vise désormais entre 600 et 608 millions d'euros de chiffre d'affaires cette année, avec une marge bénéficiaire comprise entre 8,5% et 9%. Une annonce saluée en Bourse, le titre éligible au PEA-PME bondit de 9,27% à 49,50€ ce soir, portant ainsi sa hausse annuelle à près de 10%.

La recommandation du jour : Investir dans la défense

Dans un contexte géopolitique tendu, la défense est redevenue une priorité nationale. En France, le budget alloué au secteur devrait atteindre 64 milliards d'euros d'ici 2027, soit le double de 2017. C'est dans ce cadre que Bpifrance lance “Bpifrance Défense”, un fonds qui ouvre aux particuliers l'accès au financement des entreprises françaises du secteur de la défense et de la souveraineté. Accessible dès 500€, il vise un objectif de rendement annuel net de 5% (non garanti). Une façon concrète d'investir dans la souveraineté et la sécurité de la France. Le fonds sera disponible début décembre chez Meilleurtaux Placement, nous vous en reparlerons à ce moment.

Le monde d'après : L'IPO à 1 000 milliards

OpenAI, la société à l'origine de ChatGPT, prépare activement son entrée en Bourse, qui pourrait avoir lieu entre fin 2026 et 2027. Selon Reuters, cette opération pourrait être l'une des plus importantes de l'histoire et valoriser l'entreprise à près de 1 000 milliards de dollars, soit autant que le groupe de Warren Buffett, Berkshire Hathaway. L'entreprise dirigée par Sam Altman, au cœur de la révolution de l'intelligence artificielle, cherche à lever au moins 60 milliards de dollars pour poursuivre son développement. Bien qu'un porte-parole affirme qu'aucune date n'est encore fixée, la société a déjà entamé une profonde réorganisation pour faciliter cette future cotation. OpenAI, qui a déjà dépensé plus de 13 milliards de dollars pour développer ses modèles, affiche encore des pertes malgré des revenus estimés à 20 milliards de dollars. Pour attirer de nouveaux investisseurs, elle a adopté le statut d'« entreprise d'intérêt public » et a revu son partenariat avec Microsoft. Ce nouvel accord donne davantage d'autonomie à OpenAI tout en consolidant la place de Microsoft, désormais détenteur de 27% du capital. En échange, OpenAI s'est engagée à acheter pour 250 milliards de dollars de capacités de calcul supplémentaires sur la plateforme Azure. Cette collaboration profite largement à Microsoft, dont les serveurs alimentent toutes les applications utilisant les modèles d'OpenAI, comme ChatGPT, Dall-E ou encore les outils d'IA de Canva et Morgan Stanley.

Demain à la Une : Apple et Amazon

La séance de demain sera plus calme sur le front des publications d'entreprises. Les marchés devront tout de même digérer les résultats d'Apple et d'Amazon, dévoilés ce soir après la clôture. Les derniers chiffres d'inflation en France et aux États-Unis seront également au programme. Après la baisse du CAC 40 ce jeudi, les vendeurs devraient viser les 8 110 et 8 050 points à court terme. Et les acheteurs, les 8 165 et 8 215 dans les séances à venir.

Le lexique : Une IPO

Une IPO, ou introduction en Bourse (Initial Public Offering en anglais), est une opération financière par laquelle une entreprise propose pour la première fois ses actions au public sur un marché boursier. Cette démarche permet à la société de lever des capitaux auprès d'investisseurs externes afin de financer sa croissance, rembourser des dettes ou offrir une meilleure liquidité à ses actionnaires initiaux. En contrepartie, l'entreprise devient soumise aux obligations de transparence, de gouvernance et de communication imposées aux sociétés cotées, ce qui marque une étape majeure dans son développement et son ouverture aux capitaux.