La fin prochaine de la politique d'assouplissement quantitatif (« QE ») de la BCE, mesure anti-crise en place depuis 2015, « ne sera cependant pas la fin de notre stimulus monétaire, loin de là », a déclaré François Villeroy de Galhau dans un discours à Tokyo, à l'occasion d'un forum financier. L'institution de Francfort a ainsi l'intention « d'intégralement réinvestir le stock d'actifs acquis (qui pèsera quelque 2 600 milliards d'euros fin 2018), aussi longtemps que nécessaire, afin de maintenir des conditions de liquidité favorables et un degré élevé de soutien monétaire », a rappelé le gouverneur.

Ce sujet devrait être abordé lors de la dernière réunion de l'année prévue le 13 décembre, mais François Villeroy de Galhau a estimé qu'il ne fallait pas trop se hâter. « A mon sens », a-t-il dit, « la diminution des réinvestissements ne devrait venir qu'après le premier relèvement des taux » directeurs, actuellement à leur plus bas et qui le resteront « au moins » jusqu'à l'été 2019, selon de récents propos du président de la BCE Mario Draghi.

Etre « très pragmatiques » dans le processus de normalisation

« Par conséquent, nous ne sommes pas obligés de nous précipiter, dès notre réunion de décembre, pour préciser la durée de nos réinvestissements », a affirmé le gouverneur de la Banque de France. A titre de comparaison, la Réserve fédérale américaine (Fed) a mis fin à ses rachats nets d'actifs à l'automne 2014 mais elle a ensuite continué à réinvestir les obligations parvenant à échéance, pendant une durée de 3 ans. Ce n'est donc qu'à l'automne 2017 qu'elle a entrepris de réduire la taille de son portefeuille, tandis qu'elle avait commencé à relever les taux fin 2015.

Parmi les autres instruments dont dispose la BCE pour soutenir l'économie, figurent les prêts géants à bas taux destinés aux banques (TLTRO). « De telles opérations pourraient à nouveau être envisagées, éventuellement avec des modalités différentes, si cela s'avérait nécessaire », a souligné François Villeroy de Galhau. « Comme n'importe quel orchestre, nous devons être capables d'adapter le rythme de normalisation de notre politique monétaire (allegro ou andante) et son intensité aux données économiques », a-t-il résumé, appelant à être « très pragmatiques » dans le processus de normalisation monétaire.