Deux semaines après que le directeur général Slawomir Krupa a fait part de son intention d'harmoniser la politique de télétravail au sein du groupe pour améliorer la performance, la direction a annoncé vendredi aux syndicats la dénonciation unilatérale de l'accord sur le télétravail, en dépit des mobilisations organisées ces derniers jours.
"Maintenant que c'est officiel, on se pose des questions sur l'avenir", témoigne auprès de l'AFP un manager d'un service informatique de Société générale ayant requis l'anonymat. "Ça avait été un choc de recevoir le mail (de M. Krupa), d'autant plus en pleine semaine du bien-être au travail", se rappelle-t-il.
Trois syndicats de Société Générale - CFDT, CFTC et CGT - ont dénoncé vendredi dans un communiqué commun la « méthode méprisante » de la direction et refusé de s'engager dans des discussions dont l'objectif a déjà été fixé à un jour maximum de télétravail par semaine, alors que 70% des salariés disposent actuellement d'au moins deux jours.
De son côté Société Générale, contactée par l'AFP, a confirmé la dénonciation de l'accord sur le télétravail sans faire plus de commentaires.
Les trois syndicats CFDT, CFTC et CGT, qui représentent ensemble environ 60% des salariés, ont déjà organisé deux journées de mobilisation - vendredi 27 juin et jeudi 3 juillet. Ils appellent désormais à "amplifier le mouvement de contestation". "Aujourd'hui, on va maintenir ce rapport de force puisque là, clairement, le climat social est plus qu'exécrable", a précisé une source syndicale à l'AFP.
« L'effet d'une bombe »
Selon une autre source syndicale, le choix de faire ces annonces juste avant les congés d'été "n'est pas anodin", d'autant que doivent également se tenir lundi d'autres discussions entre direction et syndicats sur un accord d'entreprise portant sur l'emploi au sein du groupe.
"La direction pourrait envisager d'économiser quelques départs volontaires et donc quelques chèques en démotivant les salariés et en les incitant à la démission", a estimé cette source syndicale.
Un sentiment partagé par une salariée de Société Générale travaillant dans la gestion de projet et qui a témoigné sous le prénom d'emprunt Sandrine. "On risque d'avoir une vague de démission quand ce sera effectif", a-t-elle dit à l'AFP, en précisant que les dernières annonces lui avaient fait "l'effet d'une bombe".
Pour l'instant, quelle que soit l'issue d'éventuelles discussions entre direction et organisations syndicales, l'accord sur le télétravail en vigueur doit légalement continuer de s'appliquer pendant 15 mois, soit jusqu'en septembre 2026.
Pour les syndicats de la Société Générale, au-delà de la "brutalité" de ces annonces et des "difficultés" qu'elles pourraient entraîner pour de nombreux salariés, une réduction des quotas de jours de télétravail serait également pénalisante pour l'entreprise elle-même, en affectant son attractivité auprès de futures recrues.
Le télétravail, dont le développement avait été largement été accéléré au moment de la pandémie de Covid, a été remis en cause ces derniers mois dans plusieurs grandes entreprises, d'abord aux Etats-Unis mais aussi en Europe, qu'il s'agisse d'Amazon, de Tesla, de JPMorgan Chase, d'Ubisoft ou encore d'Iliad.
A contre-courant de Société Générale, France Assureurs a annoncé vendredi dans un communiqué avoir renouvelé l'accord de branche sur le télétravail avec quatre organisations syndicales, afin de "faciliter et sécuriser le télétravail au sein des sociétés d'assurance.