Soutien aux plus précaires, défense des droits des femmes, accès au sport... Les associations de tout secteur voient leurs finances se dégrader, selon le Mouvement associatif, qui revendique 700 000 organisations-membres. Pour la première fois, l'organisme appelle à la mobilisation samedi afin d'interpeller les pouvoirs publics. Des rassemblements sont prévus partout en France, dont à Paris, à 14H00 sur la place Stalingrad.
Directrice de l'association de lutte contre l'exclusion « Les enfants du canal », Samira El Alaoui évoque une situation « très stressante », « nous n'avons plus de trésorerie » et « aucune visibilité » sur le versement du solde des subventions attribuées par l'Etat, après avoir touché un acompte en mai, déplore-t-elle auprès de l'AFP.
Leur montant a été maintenu, mais avec « la hausse des salaires et des loyers », elles restent insuffisantes pour assurer le fonctionnement de la structure francilienne, qui emploie 70 personnes et gère notamment des centres d'hébergement. Impossible par exemple de réaliser les travaux de rénovation nécessaires pour réattribuer certains appartements. Et en l'absence de rentrée d'argent d'ici mi-octobre, l'association sera en cessation de paiement.
Environ 30% des associations employeuses ont moins de trois mois de réserve de trésorerie, selon un sondage réalisé en septembre par le Mouvement associatif. « La situation est extrêmement tendue, les difficultés financières ne sont plus absorbables, ça ne tient plus », alerte auprès de l'AFP Claire Thoury, présidente du Mouvement.
Les quelque 1,5 million d'associations en activité en France subissent, selon elle, la « crise inflationniste » qui gonfle leurs charges. Elles sont aussi victimes de la « crise budgétaire » des pouvoirs publics, qui limitent leur soutien.
Côté gouvernement, l'ancienne ministre chargée de la Vie associative Marie Barsacq avait assuré cette année à plusieurs reprises être « pleinement mobilisée » pour continuer à « préserver les moyens » des associations. Mais l'incertitude demeure sur le contenu du prochain budget.
En ce qui concernent les collectivités, en l'absence de marge de manœuvre financière, elles réduisent les subventions qu'elles octroient parfois drastiquement.
Coût social
Cela amène les associations à diminuer ou supprimer certaines activités. A Dijon, « Solidarité Dignité Accompagnements Travail » (SDAT) a mis fin cette année à plusieurs dispositifs d'insertion sociale, dont un dédié à une quarantaine de jeunes en situation de rupture. « On le vit mal, ce n'est pas normal, les besoins sont là », souligne auprès de l'AFP Brice Morey, directeur de la structure qui dépend à 90% de fonds publics. « On a essayé de limiter la casse, en transférant les personnes vers d'autres dispositifs, même s'ils sont moins adaptés ».
Cette baisse de moyens a aussi créé un délai d'attente pour les nouveaux demandeurs, au risque de voir leurs difficultés s'amplifier avant leur prise en charge. Ces « choix politiques » de réduction de subventions vont « peser » d'abord sur les « personnes accompagnées » mais aussi « à long terme sur la société », avertit Brice Morey.
Outre une réduction d'activité, ces baisses de budget entraînent des suppressions d'emploi dans les associations de toute taille. La compagnie de théâtre « Les singuliers associés » prévoit de supprimer un équivalent temps plein sur cinq emplois pour assurer sa survie. Aides réduites et baisse des ventes de spectacles ont mis ses comptes dans le rouge. « C'est angoissant, on vit au jour le jour », témoigne auprès de l'AFP, Philippe Demoulin, l'un des co-fondateurs de la structure basée à Limoges.
Pour « redresser la barre », elle vient de lancer des versions « moins chères » de ses spectacles destinés notamment à des publics « fragiles » et créés à l'aide d'artistes qui ont accepté d'être « rémunéré au minimum ». « On sent toutefois que ce n'est que le début » des difficultés, « si on survit à 2025, qu'en sera-t-il de 2026 ? », s'interroge Philippe Demoulin.