La politique budgétaire telle que dessinée dans les projets de loi de finance (PLF) et de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) présentés sous la houlette de l'ancien Premier ministre Michel Barnier « impliquait une restriction budgétaire de 1,5 point de PIB », ventilée en 0,9 point de « mesures nouvelles en prélèvements obligatoires » et 0,6 point d'« effort sur la dépense publique », estime le centre de recherche économique de Sciences Po Paris.

Mais la censure du gouvernement de Michel Barnier a rendu impossible l'adoption de ces projets de loi, qui prévoyaient notamment 27,1 milliards d'euros de mesures nouvelles en prélèvements obligatoires (dont plus de 20 milliards supportés par les entreprises). Sans adoption, ce montant retombe de 27,1 à 5,8 milliards d'euros. « Si l'abandon du projet de loi de finances est favorable pour les ménages, notamment les plus aisés, le gel du barème de l'impôt sur le revenu et la fin du bouclier tarifaire devraient peser sur le pouvoir d'achat des ménages, en particulier ceux des classes moyennes », calcule l'OFCE.

Une « impulsion moins négative » sur la croissance

La loi spéciale, promulguée samedi par Emmanuel Macron pour prélever l'impôt et financer l'Etat et la Sécurité sociale, même sans budget, va réduire l'ajustement initialement contenu dans le projet de loi de finances pour 2025. « Sans mesure nouvelle, le déficit public serait entre -6,1% et -6,4% du PIB en 2025 », estime l'OFCE.

En revanche, ses économistes estiment que la loi spéciale pourrait avoir une « impulsion moins négative » sur la croissance et la porter « jusqu'à 1,4% en 2025 contre 0,8% » anticipé précédemment. « L'incertitude et l'indécision budgétaire, alimentées par une situation politique sans précédent, pourraient (aussi) jouer dans l'autre sens et ramener la croissance de l'activité à notre prévision pour 2025 (0,8%) », nuancent-ils. La loi spéciale est « censée être transitoire, le temps d'adopter une loi de finances », rappelle l'OFCE, sans quoi, subsiste un risque de « falaise budgétaire ».

Une simple reconduction des crédits d'une année sur l'autre « n'est pas compatible avec des engagements contractuels » comme la hausse mécanique de la masse salariale ou des loyers et fait courir le risque de « se retrouver en cours d'année à avoir consommé tous les crédits et donc de ne plus pouvoir honorer les engagements de l'Etat », explique l'OFCE.