Combien les Français mettent-ils de côté chaque mois ? C'est, de façon très schématique, ce que mesure le taux d'épargne. Attention, cela ne signifie pas que les Français épargnent plus de 18% de leurs revenus mensuels sur des placements. Le taux d'épargne global représente tout ce que les ménages ne consomment pas (par rapport à leur revenu disponible brut). Et ce taux global cache évidemment des réalités extrêmement disparates.
« Le taux d'épargne bat chaque trimestre un nouveau record à la hausse »
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« Le taux d'épargne bat chaque trimestre un nouveau record à la hausse » : dans sa dernière note de conjoncture trimestrielle, publiée ce jeudi 11 septembre, l'Insee pointe donc l'anomalie de cette année 2025. Certes, si vous regardez la courbe du taux d'épargne sur plusieurs années, le pic actuel paraît bien peu impressionnant à côté du plus de 25% atteint courant 2020. Mais c'était la crise sanitaire, synonyme de confinements...
Hors crise sanitaire, ce taux d'épargne grimpant de 18,2% l'an dernier à 18,5% en 2025 est un record, et ce en 45 ans de mesure de ce même indice par l'Insee ! Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture, a souligné tout de même lors de la conférence de presse de présentation de cette note trimestrielle que ce taux va suivre un léger reflux à 17,8% en fin d'année.
Mais ce ne sera que temporaire, la baisse de ce taux d'épargne étant liée à la perception automnal de l'impôt sur le revenu. « D'un point de vue comptable, on va avoir un peu moins de revenus bruts à cause de l'impôt sur le revenu », explique Dorian Roucher, « et donc une petite baisse du taux d'épargne ». Une baisse qui n'empêchera pas de battre un record (hors période Covid) sur l'ensemble de l'année.
« Aucun signal permettant d'anticiper une évolution de la confiance des ménages »
Les analystes de l'Insee estiment que ce taux d'épargne a tout de même atteint un sommet. Pourquoi ? « Il y a moins d'intérêts versés sur le Livret A et tous les placements », relève Dorian Roucher, du fait de la baisse des taux d'intérêt, dans le sillage de l'inflation naviguant sous les 1%.
Accalmie, donc, mais sans perspective de baisse de ce taux d'épargne et de reprise de la consommation. En clair : l'argent que les Français gagnent, ils préfèrent l'économiser plutôt que de le dépenser. Au cas où.
« Dans la situation économique actuelle, pensez-vous que ce soit le bon moment pour épargner ? »
« On ne voit aucun signal permettant d'anticiper une évolution de la confiance des ménages sur cet aspect », pointe Dorian Roucher, en faisant référence aux divers indicateurs d'épargne de l'Insee dans son baromètre mensuel de la confiance des ménages. À l'occasion de ce baromètre, l'Insee pose chaque mois la question suivante : « Dans la situation économique actuelle, pensez-vous que ce soit le bon moment pour épargner ? »
En juillet dernier, le solde d'opinion était de 42, ce qui signifie que plus de 70% des ménages interrogés répondent « oui » à la question ci-dessus (et plus de 30% répondent non, soit une différence supérieure à 40 points). D'où l'étonnement de Dorian Roucher : « Depuis 45 ans que l'Insee pose ces questions, on n'a jamais vu autant de ménages dire “je vais mettre de côté” ! » La peur du lendemain.