En 2023, sur 100 paiements par carte dans les commerces physiques, 61 étaient réalisés par carte physique, 34 par carte physique sans contact et 5, via le téléphone portable, selon les statistiques de l'Observatoire de la sécurité des moyens de paiement.
Le paiement mobile représentait 0% en 2016. « Le pic de la croissance, c'est entre 2019 et 2018, où on est à plus de 300%, mais cette croissance, elle ralentit. La dernière année, entre 2023 et 2022, elle est de 90% et elle va a priori encore ralentir en 2024 », estime Loÿs Moulin, directeur du développement pour le groupement Carte bancaire, qui organisait jeudi à Paris un colloque pour célébrer les 40 ans de sa création.
Méconnaissance, fracture numérique et crainte sur la sécurité font que cette solution de paiement mobile connaît une croissance plus lente que celle qu'on lui avait prédit au lancement d'Apple Pay en France, à l'été 2016.
« Cela va progresser fortement dans les prochaines années », assure toutefois M. Moulin. « Le moment où les courbes vont se croiser, je le situe à l'horizon de 2030, mais ses utilisateurs vont garder dans leur poche à la fois le paiement mobile et la carte physique ».
Le paiement sans contact, qui a décollé en France avec la crise du Covid, a également permis de répondre à des problématiques particulières.
Ainsi, le responsable financier de Vinci Autoroutes, Yvan Vincent-Viry, qui enregistre une dizaine de transactions par seconde en moyenne « a vu arriver avec bienveillance le sans contact ».
Sur les autoroutes gérées par Vinci, « le paiement se fait à 100% sur automates, c'est donc anxiogène pour les clients s'il y a un problème » alors qu'ils sont bloqués par une barrière avec d'autres voitures derrière eux.
Avec l'obsolescence du paiement du fait des pistes magnétiques des cartes, facilement falsifiables, le gestionnaire devait trouver un système plus sûr mais achoppait sur la difficulté de demander aux automobilistes de faire leur code de carte bancaire à bout de bras aux péages.
L'entreprise a eu des discussions avec le GIE CB et « aujourd'hui on a adapté le sans contact classique en acceptant de payer au-delà du seuil des 50 euros », explique Yvan Vincent-Viry.
- « Tokenisation » -
Autre innovation, qui permet d'éviter de laisser son numéro de carte physique sur les serveurs des sites marchands : la dématérialisation des paiements cartes ou « tokenisation », une technique de sécurité qui remplace les numéros de carte bancaire par un ensemble de caractères aléatoires uniques appelé « token » (jeton) lors d'une transaction sur internet.
« Maintenant qu'Amazon, Uber, Google tokenisent les PAN (Primary Account Number), on voit un nombre croissant de tokens par carte qui sont émis, et de transactions +tokenisées+ sur l'e-commerce », observe Remy Belloir, directeur commercial France du fabricant de cartes à puces Thales.
Certaines banques en ligne ne proposent d'ailleurs pas de cartes physiques à leurs clients.
Il existe cependant des freins à la dématérialisation des cartes.
« Le premier, c'est la capacité de retrait (d'argent liquide) dans les automates. Le deuxième, ce sont les inquiétudes que peuvent avoir les clients quant à leur capacité à payer à l'étranger », souligne Jean-Paul Albert, directeur des produits cartes de la banque Société Générale.
Pour le directeur monétique du distributeur Carrefour, Lionel Jouve, il faut cependant relativiser.
En étant « un marchand qui est présent au centre de Paris, mais aussi au fin fond des régions de France et de Navarre (...) on s'aperçoit quand même qu'il y a un mode de paiement qui est resté, c'est le chèque », affirme ce responsable. « Il a 160 ans, il pourrait prendre sa retraite (...) mais les Français sont attachés au chèque », raconte-t-il.
La carte à puce n'est donc pas encore sortie des portefeuilles des Français.