Dans la foulée du record de l'or mercredi, à plus de 4 000 dollars, l'once d'argent, métal précieux également utilisé dans l'industrie, grimpait de 3,12% à 50,4142 dollars jeudi vers 13H30 GMT (15H30 à Paris). Interrogé par l'AFP, John Plassard, responsable de la stratégie d'investissement chez Cité Gestion Private Bank y voit « un effet de rattrapage » de l'argent après les importants gains de l'or.
Le dénominateur commun de ces deux valeurs refuge ? Une hausse des prix « alimentée par l'incertitude macroéconomique, la faiblesse du dollar et la demande persistante pour des actifs tangibles », résume Fawad Razaqzada, analyste chez City Index.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et ses attaques sur la Réserve fédérale américaine, la confiance du marché dans les actifs américains, dont le dollar, s'est en effet érodée. S'y ajoute la récente paralysie budgétaire aux Etats-Unis. Afin d'assurer leurs arrières, les investisseurs se tournent vers des valeurs alternatives, comme l'or et le bitcoin, qui a lui aussi récemment atteint un sommet.
Instabilités
En 2011, le métal blanc avait d'ailleurs frôlé le seuil des 50 dollars l'once (31,1 g), car il était vu comme une couverture contre l'inflation et la crise des dettes publiques européennes. « Les investisseurs tentent de plus en plus de se décharger de tout ce qui a un lien avec l'argent fiduciaire », ajoute M. Plassard.
« On est aussi dans une situation où on commence à parler d'une pénurie d'argent », ce qui tire là aussi le prix vers le haut, souligne par ailleurs l'analyste. Le secteur est en proie à un déficit structurel de longue date, où la demande excède l'offre. Or « l'argent est un métal industriel essentiel à la production de puces semi-conductrices pour l'IA qui alimentent les centres de données du monde entier », relève Kathleen Brooks, directrice de recherche pour le courtier XTB.
Les instabilités géopolitiques accrues, à commencer par les guerres au Moyen-Orient et en Ukraine, ont également soutenu la course folle de l'or et de l'argent. Dans ce contexte, les investisseurs sont aussi encouragés par la peur de manquer une bonne occasion (abréviée par « FOMO », ou « Fear of missing out » en anglais).