Un « ultimatum que nous lançons au gouvernement et à la direction SNCF ». Ce jeudi, les cheminots de la compagnie ferroviaire sont en grève pour protester contre le démantèlement de Fret SNCF et l'ouverture à la concurrence des TER. Le trafic devrait être faiblement perturbé, selon les prévisions de SNCF Voyageurs.

Les syndicats ont également en tête les négociations annuelles sur les salaires, qui ont ouvert ce mercredi. La direction a d'ores et déjà proposé une augmentation de 2,2% en 2025, plus faible que les autres années mais supérieure à l'inflation. Jean-Pierre Farandou, patron de la SNCF, précisait, il y a quelques mois : « Entre 2022 et 2024, les cheminotes et cheminots ont bénéficié d'une augmentation de 17%, en moyenne, et jusqu'à 21% pour les premiers niveaux de salaires (...). Dans le même temps, l'inflation cumulée s'est élevée à 13% ». Quant aux contrôleurs, « ils ont déjà eu 500 euros d'augmentation en deux ans ».

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Une rémunération minimum légèrement au-dessus du smic

Derrière ces chiffres se cachent des disparités importantes, selon les situations. Il faut d'abord comprendre le fonctionnement du système de rémunération à la SNCF et dans la branche ferroviaire. Il est basé sur une grille avec neuf niveaux de qualification. Les salariés sont considérés comme « employés » de la classe 1 à 3, comme « agents de maîtrise » en classe 4 et 5, comme « cadres » pour les classes 6 à 8 et comme « cadres supérieurs » pour le neuvième palier de rémunération.

Pour chaque classe, un montant minimum est garanti avec une hausse tous les trois ans d'ancienneté. Selon la dernière convention collective de branche, un nouvel embauché en classe 1 perçoit, au minimum, 21 981 euros brut annuel, soit 1 831,75 euros par mois. La convention collective de la SNCF pour les contractuels (1) prévoit, elle, une rémunération légèrement plus avantageuse. Ce même salarié perçoit, en 2024, 22 802 euros brut par an, soit 1 900 euros mensuels (+3,7%).

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Un salaire de base et des primes

Les conducteurs de la compagnie ferroviaire ont, eux, une grille spécifique et sont assimilés à des agents de maîtrise (classes 4 et 5). Leur rémunération est, d'abord, composée d'un traitement de base. Il varie, selon l'échelon et l'ancienneté, de 1 681,38 euros à 2 886,31 euros brut par mois minimum pour les conducteurs transportant des voyageurs.

À cela s'ajoute une « prime de traction », qui correspond globalement au nombre de kilomètres parcourus dans le mois. « En début de carrière, elle tourne autour de 600 euros et atteint 1 200 euros en moyenne en fin de carrière, voire jusqu'à 1 500 euros quand on roule avec un TGV et qu'on fait de très longs trajets », explique Julien (*), un conducteur de train, à MoneyVox.

Ce salaire peut être réhaussé avec d'autres primes liées aux contraintes du métier : les horaires de nuit et les déplacements. Ces derniers sont indemnisés 65 à 70 euros pour chaque nuit passée hors du domicile. Généralement, « les conducteurs réalisent entre six et huit découchés par mois » et dorment dans des dortoirs mis à disposition par la SNCF. Cela représente 500 euros brut supplémentaires par mois environ, une somme qui prend en compte les repas.

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4 000 euros brut par mois pour les conducteurs de TGV

Finalement, ce sont les conducteurs de TER qui perçoivent la rémunération la plus basse. Ils touchent environ 2 900 euros brut, en moyenne, par mois, sans compter certains éléments variables de solde (des primes, ndlr). Les salaires sont plus élevés pour ceux qui roulent en transilien, avec 3 100 euros brut mensuel, en moyenne. En effet, ils perçoivent 170 euros brut par mois supplémentaires de prime « d'agent seul », s'il n'y a pas de contrôleur à bord.

Les conducteurs de TGV perçoivent, de leur côté, un salaire plus élevé car ils sont plus avancés dans leur carrière, font plus de kilomètres et dorment plus souvent loin de leur domicile. Concrètement, cette rémunération peut atteindre, environ, « 4 000 euros brut par mois en fin de carrière, sans compter certaines primes », estime Julien. Selon les données de la SNCF, un conducteur (TER, TGV et transilien confondus) touchait, en moyenne, 4 214 euros brut par mois en 2023.

Entre 2 700 euros et 2 900 euros brut pour les contrôleurs

Quant aux contrôleurs, ils appartiennent aux classes 2, 3 et 4. En clair, le salaire minimum garanti par la dernière grille des contractuels de la SNCF est de 23 479 euros brut annuel, pour un contrôleur de classe 2 à l'embauche, soit 1 957 euros brut par mois. Après 33 ans d'ancienneté, cette rémunération peut atteindre 30 822 euros brut par an, soit 2 569 euros brut mensuel minimum.

Globalement, « il n'y a pas de grosse disparité sur les salaires, quel que soit le type de train », nous précise Sylvain (*), contrôleur à la SNCF. Lui et ses collègues perçoivent entre 2 700 euros et 2 900 euros brut par mois en moyenne, en incluant une prime de travail entre 400 et 600 euros. « Plus on travaille, plus on va gagner. Mais si nous avons ne serait-ce que trois jours d'absence, ça se répercute fortement sur notre salaire, car on ne touche aucune prime. »

Effectivement, en cas d'arrêt maladie, « les conducteurs et contrôleurs ne touchent pas de primes et perçoivent uniquement le traitement de base », poursuit Julien. Leur plus grosse crainte ? Etre déclaré inapte au travail, à l'issue d'un bilan de santé complet qu'ils réalisent régulièrement. Car « rien ne compense la perte de rémunération ».

Des primes annuelles

Tous les salariés de la SNCF ont également le droit à une gratification de vacances (500 euros par an), à une gratification annuelle d'exploitation (12,8% du salaire mensuel) et à une prime pour les non-cadres (400 euros en moyenne, jusqu'à 600 euros), explique le site de la compagnie ferroviaire. Les cadres bénéficient, quant à eux, d'une « part variable » (6% du salaire de base en moyenne, jusqu'à 10%). Tous reçoivent, par ailleurs, un intéressement (environ 400 euros brut) « si les résultats collectifs sont atteints ».

(1) Depuis 2020, la SNCF n'embauche plus au statut de cheminot. Les nouveaux embauchés sont des salariés du droit privé (contractuels) et n'ont pas accès au régime spécial de retraites de la compagnie ferroviaire.

(*) Les prénoms ont été modifiés.