L'association Fair a publié son dernier baromètre de la finance solidaire ce mercredi 25 février. Au titre de l'année 2024, la collecte nette s'élève « à près de deux milliards d'euros », a révélé Patrick Sapy, directeur général du collectif Fair dans une conférence de presse. « L'argent des épargnants est investi dans des projets, des associations ou des entreprises à impact social ou environnemental positif (lutte contre l'exclusion ou promotion des énergies renouvelables, par exemple) », stipule l'étude. L'encours global s'élève désormais à 29,4 milliards d'euros.
L'épargne bancaire solidaire en forte hausse
Les trois canaux qui ont généré la collecte ont fortement progressé sur un an. En termes d'encours, l'actionnariat solidaire, soit l'investissement direct dans des entreprises solidaires, a rapporté 1,2 milliard à fin 2024, soit une augmentation de 10% sur un an.
Le second segment qui a le plus progressé est l'épargne bancaire solidaire à +8%, soit un encours de 11,9 milliards euros à fin 2024. Ce canal est composé des livrets bancaires solidaires historiques (livrets de partage) et des fonds d'investissement type FCP, Sicav, unité de compte (UC) solidaire et assurance vie. « En 2024, les livrets solidaires ont mieux résisté à la concurrence des livrets d'épargne réglementée qu'en 2023, et la hausse des taux sur certains livrets et dépôts à terme solidaires a permis une augmentation notable des encours ». Par ailleurs, l'assurance vie solidaire a « doublé sa collecte en cinq ans », à 4,3 milliards d'euros d'encours.
Le dernier segment, l'épargne salariale, continue de générer la part la plus importante de l'encours. À fin 2024, cet encours s'élève à 16,3 milliards d'euros. Toutefois, la hausse sur un an est un peu moins importante (+6%) que pour les autres canaux. La collecte concerne presque 10% des épargnants salariaux « grâce à une réglementation de plus en plus favorable. Ce canal fait en outre l'objet d'une vraie spécialisation du côté de l'offre avec des équipes de gestion dédiée », explique Patrick Sapy.
L'épargne solidaire : où placer son argent à bon escient ?
Le nombre d'épargnants stagne
Malgré ces hausses importantes d'encours, le directeur général du collectif Fair regrette qu'il n'y ait pas plus d'épargnants investissant dans la finance solidaire et redoute « un moindre appétit des épargnants pour les placements solidaires ainsi qu'un rétrécissement de l'offre de tels placements »., explique-t-il au journal La Croix. « Pourquoi on ne passe pas l'échelle ? Pourquoi le nombre d'épargnants solidaires stagne à 2 millions alors qu'il pourrait passer à 20 millions ? ».
Pour lui, il s'agit d'un enjeu de notoriété : il faut « mettre en avant les valeurs véhiculées par l'épargne solidaire et l'ESS en général, mais il nous faut aussi marteler que c'est une finance porteuse de solutions pour la population, à tous les âges et dans toutes les situations de vie, en matière sociales et environnementale. En outre, cette finance de solutions est aussi une finance qui peut rapporter, qui procure un vrai rendement ».
Dans une étude publiée en novembre dernier, Fair et France Active estimaient que s'ils restent « soucieux d'épargner », les Français « restent encore mal informés sur l'existence et le fonctionnement de l'épargne solidaire ». En effet, 70% des épargnants se considèrent mal informés sur ce type d'épargne « qu'il s'agisse de son fonctionnement, de ses finalités, des produits proposés ou bien des acteurs qui la gèrent ».