Les marchés : Les agences en ligne de mire
La Bourse de Paris reprend un peu d'air après la tempête politique. Le CAC 40 progresse ce mardi de 0,19% à 7 749 points, au lendemain de la chute du gouvernement Bayrou. Pas d'euphorie chez les investisseurs, qui ont fait une croix sur de grandes réformes et surveillent désormais le verdict des agences de notation. Fitch se prononcera le 12 septembre, suivie de Moody's le 24 octobre et de S&P le 28 novembre. Autant dire que la dette française va passer sur le gril. Outre-Atlantique, l'attention reste focalisée sur la Réserve fédérale. Les marchés misent toujours sur une baisse des taux à très court terme, un pari renforcé par la nouvelle révision à la baisse du Bureau of Labor Statistics. Entre avril 2024 et mars 2025, l'économie américaine a finalement créé 911 000 emplois de moins que prévu, soit l'équivalent de 76 000 postes en moins chaque mois. Après deux rapports déjà décevants, ce chiffre confirme que le marché du travail n'est plus aussi solide qu'il y paraît. Dans la suite du Journal, nous vous parlons d'un leader européen jugé sous-évalué par un grand bureau d'analyse... et d'une stratégie simple pour se couvrir de la baisse du dollar tout en profitant des grands indices américains. Bonne lecture !
Les valeurs : Interparfums, Renault et Mauna Kea
Interparfums Le spécialiste français des fragrances progresse de 0,53% ce soir, mais affiche encore un recul de plus de 18% depuis le début de l'année. Le groupe a dévoilé des résultats semestriels robustes, avec un bénéfice en hausse de 5% et une marge opérationnelle portée à 23,2%. Cette performance, obtenue grâce à une stricte maîtrise des coûts en particulier dans le marketing illustre la solidité de son modèle. Une agilité qui a rassuré les investisseurs, convaincus de la capacité du groupe à préserver sa rentabilité malgré un environnement moins porteur. Mais la prudence reste de mise. Interparfums a une nouvelle fois revu à la baisse sa prévision annuelle de revenus, à environ 900 millions d'euros, contre 910 millions précédemment. Le groupe invoque un euro plus fort face au dollar, un environnement géopolitique perturbé et un marché du parfum qui montre des signes de tassement. Si la direction se veut confiante pour 2026 et 2027, avec l'arrivée de nouvelles marques et de nombreux lancements, les investisseurs restent pour l'heure concentrés sur un second semestre qui s'annonce en retrait.
Renault reprend des couleurs en Bourse. Le titre gagne 3,55% à 34,15€ ce soir, même s'il reste en net repli de 27% depuis le début de l'année. Son nouveau directeur général, François Provost, a profité du salon de Munich pour afficher ses ambitions face à la concurrence chinoise, accélérer le développement des modèles et réduire fortement le coût des véhicules électriques. Dès 2026, Renault mise sur de nouvelles batteries moins chères pour rendre l'électrique plus accessible. Côté produits, la Clio 6 fait son entrée en version hybride, confirmant son statut de best-seller européen. Design modernisé, aides à la conduite et connectivité renforcée marquent une montée en gamme assumée. Un cap jugé crédible par JP Morgan, qui maintient son avis positif avec un objectif de cours à 45 euros.
Mauna Kea Le titre éligible au PEA-PME s'envole de 7,48% à 0,11€ ce soir, malgré une perte de 32% depuis janvier. La société française, connue pour son système d'imagerie médicale, a reçu un soutien de taille. L'American Foregut Society plaide pour un meilleur remboursement de sa technologie d'endomicroscopie. Cette organisation met en avant l'efficacité du groupe français par rapport aux méthodes classiques de diagnostic, jugée plus précise et moins coûteuse pour détecter les lésions précancéreuses de l'œsophage. Cet outil pourrait bénéficier d'une adoption accrue si les assureurs privés élargissent leur couverture.
La recommandation du jour : Un leader sous-coté
Malgré un recul de 18% depuis le début de l'année, Publicis semble bien armé pour rebondir. Le gestionnaire d'actifs Oddo BHF relève sa recommandation à « surperformance », avec un objectif de cours porté à 110€, soit un potentiel de hausse de +30% par rapport au cours actuel. Le cabinet souligne la solidité des fondamentaux du groupe, une croissance organique robuste, une rentabilité en hausse, des contrats emblématiques remportés (Coca-Cola, Mars), et un positionnement technologique compétitif grâce à Sapient. Dans un contexte de consolidation du secteur et face à la fusion Omnicom/Interpublic, Publicis pourrait continuer à gagner des parts de marché selon le bureau d'analyse.
Le placement du mardi : Le piège du dollar
Les indices américains poursuivent leur ascension fulgurante. Le S&P 500 et le Nasdaq enchaînent les nouveaux sommets historiques, portés par la dynamique des 7 Magnifiques. Depuis le début de l'année, les deux indices affichent respectivement des gains de +10,4% et +12,9%. Mais attention, pendant que Wall Street bat des records, le dollar plonge. Ce mardi, il a touché un plus bas de près de 7 semaines, alors que les marchés font face à une révision des chiffres de l'emploi aux États-Unis. Un signal qui pourrait accélérer les baisses de taux de la Fed. Résultat, les fluctuations du taux de change pourraient grignoter une partie de vos gains si vous êtes investi en dollars... sans couverture. Bonne nouvelle ! il existe une solution simple pour s'exposer à la performance du marché américain tout en se protégeant contre le risque de change.
Le monde d'après : Tempête à la Fed
La nomination de Stephen Miran comme gouverneur de la Réserve fédérale avance à grands pas. Porté par la majorité républicaine au Sénat, il devrait être confirmé avant la prochaine réunion de la Fed des 16 et 17 septembre. Mais sa double casquette interroge. Miran continuera de siéger à la Maison-Blanche, où il dirige le comité des affaires économiques, brouillant la frontière entre indépendance monétaire et pouvoir exécutif. Une situation d'autant plus paradoxale que Stephen Miran défendait encore récemment l'idée qu'il fallait absolument maintenir une séparation stricte entre la Fed et la Maison-Blanche, afin de préserver l'indépendance de la banque centrale face aux pressions politiques. Donald Trump cherche à écarter la gouverneure Lisa Cook, accusée de fraude hypothécaire. Mais l'opposition dénonce une manœuvre politique, rappelant que Stephen Miran et Bill Pulte, à l'origine des accusations, sont eux-mêmes impliqués dans des affaires similaires. De quoi fragiliser le discours de l'exécutif sur l'exemplarité. La Fed se retrouve ainsi plongée au cœur d'une tempête politique inédite. Si la confirmation de Miran paraît acquise, la crédibilité de l'institution et son indépendance, piliers de la stabilité monétaire américaine, apparaissent plus que jamais mises à mal. À quelques jours d'une réunion cruciale, l'incertitude plane même sur la présence de Lisa Cook, suspendue au verdict de la justice.
Demain à la Une : Verdict demain !
Les investisseurs auront les yeux rivés sur la publication des prix à la production pour le mois d'août aux États-Unis. Cet indicateur mesure l'évolution des prix que les producteurs appliquent à leurs clients, en amont de la chaîne de consommation. C'est un bon baromètre de la pression inflationniste. Le chiffre attendu (+0,3%) marque un net recul par rapport aux +0,9% du mois dernier, signe possible d'un apaisement des tensions sur les prix. Si les données confirment ce ralentissement, cela renforcerait les anticipations d'un assouplissement futur de la politique monétaire de la Fed. À l'inverse, une mauvaise surprise raviverait les craintes d'une inflation persistante, et donc de taux d'intérêt durablement élevés. Une publication technique, mais aux effets bien concrets pour les marchés !
Le lexique : Les Magnificent Seven
Les “sept magnifiques”, aussi appelés les “sept mercenaires”. En Bourse, cette expression désigne les géants technologiques américains les plus puissants et influents. Ceux qui dominent le marché et ont largement contribué à la hausse du Nasdaq depuis le début de l'année. Cette liste n'est pas strictement définie et peut varier en fonction des critères utilisés (capitalisation boursière, influence dans l'industrie, etc.), mais elle regroupe aujourd'hui Apple, Microsoft, Amazon, Google (Alphabet), Facebook (Meta) et depuis peu Tesla et Nvidia. L'expression « magnificent seven » est utilisée de manière informelle et n'est pas un terme standardisé dans le monde de la finance. En raison de la nature dynamique des marchés, les entreprises qui composent cette liste peuvent changer avec le temps.