Les marchés : Un peu d'oxygène

La Bourse de Paris retrouve des couleurs ! Après la glissade d'hier (-0,7%), le CAC 40 progresse de 0,86% et revient à 7 720 points. Un sursaut bienvenu, mais qui a tout d'un rebond technique. Car derrière ce regain, la nervosité reste palpable, le marché obligataire continue de dicter le tempo. Le rendement de l'obligation française à long terme s'est tendu à des niveaux inédits depuis 2009 tandis que le 30 ans britannique a touché son sommet de... 1998. Autant dire que la défiance vis-à-vis des finances publiques gagne du terrain. La prochaine étape cruciale sera observée de près demain. L'Agence France Trésor mettra sur le marché entre 9,5 et 11 milliards d'euros de dette à très long terme (échéances 2035, 2042 et 2056). Ce test grandeur nature dira si les investisseurs gardent confiance dans la signature française, avant la chute de Bayrou prévue lundi prochain. De quoi prolonger l'instabilité politique, laissant la France sans budget 2026 validé. Avec une dette qui frôle les 114% du PIB, la troisième plus élevée de la zone euro derrière la Grèce et l'Italie, chaque signal de défiance coûte cher. À Londres, le climat n'est guère plus rassurant. À l'approche du budget d'automne, le gouvernement travailliste peine à convaincre, prisonnier de hausses d'impôts et de coupes budgétaires qui étouffent la relance. De l'autre côté de l'Atlantique, Wall Street évolue en ordre dispersé : le Dow Jones recule sous la baisse du pétrole qui pénalise les majors de l'énergie, tandis que le Nasdaq s'accroche grâce à Alphabet et aux géants de la tech. Bref, la Bourse reste coincée entre une respiration bienvenue et un ciel toujours chargé.

Les valeurs : Derichebourg, LVMH et Valneva

Derichebourg Plombé par les droits de douane américains, le groupe de recyclage et de services aux collectivités a surpris ses actionnaires en révisant à la baisse son objectif de rentabilité pour l'exercice 2024-2025. Sa marge avant impôts devrait tomber entre 300 et 310 millions d'euros, contre 350 millions initialement prévus, provoquant une chute du titre de 10,41% à 5,25€. La société pointe du doigt la politique commerciale de l'administration Trump et des droits de douane élevés, notamment sur l'acier, l'aluminium et le cuivre, ainsi que l'affaiblissement du dollar qui pèse sur les prix des matières premières. Le retard de la conclusion d'un accord commercial avec les États-Unis a également compromis le rebond commercial espéré au second semestre. Malgré ce coup de frein, Derichebourg assure maintenir ses investissements et mise sur le développement de la filière électrique pour soutenir sa croissance future. Les résultats complets de l'exercice seront publiés le 4 décembre. Après la baisse du jour, l'action revient à l'équilibre sur l'ensemble de l'année. Nous avions clôturé notre opération de long terme sur Derichebourg en mai, * depuis son ouverture.

LVMH Le groupe de luxe pourrait prochainement étendre son empire médiatique. Des discussions sont prévues courant septembre entre la famille Arnault et Claude Perdriel, propriétaire majoritaire de Challenges, en vue d'un rachat du magazine économique. Déjà actionnaire de quotidiens comme Les Échos et Le Parisien, ainsi que de Radio Classique et du site L'Agefi, LVMH poursuit sa stratégie d'expansion dans les médias. La cession de Challenges, ainsi que des titres Science et Avenir et La Recherche, pourrait intervenir au plus tard au premier semestre 2026. Le magazine, qui se revendique indépendant et non partisan, a vendu en moyenne 140 000 exemplaires par numéro en 2024, contre 183 000 en 2020. Ce soir LVMH gagne 1,52% à 520,80€ (-18% en 2025).

Valneva Encore Valneva ! Ce soir, la biotech rebondit fortement. Après avoir perdu plus de 20% fin août à la suite de la suspension aux États-Unis de son vaccin contre le chikungunya, le laboratoire franco-autrichien rassure temporairement les investisseurs avec des nouvelles positives pour un autre produit phare de son portefeuille. Le titre gagne 10,06% ce soir, portant son avance à plus de 74% depuis le début de l'année. Le groupe a publié des données encourageantes pour son vaccin en développement contre la maladie de Lyme, développé en partenariat avec Pfizer. Les résultats montrent une forte réponse immunitaire chez les enfants, adolescents et adultes testés, confirmant le potentiel d'une vaccination de rappel régulière. La phase III, ultime étape avant une commercialisation possible, livrera ses résultats d'ici la fin octobre, avec en ligne de mire une demande d'autorisation en Europe et aux États-Unis dès 2026. En cas de succès, Valneva pourrait bénéficier de paiements importants de la part de Pfizer, ainsi que de redevances sur les ventes.

La recommandation du jour : Nouveau record de l'or

L'or poursuit son envol ! Ce mardi, le contrat à terme (voir lexique) sur l'once d'or a franchi un nouveau sommet historique à 3 623 dollars, toujours porté par les fameuses anticipations de baisse des taux de la Réserve fédérale américaine. Après une hausse de 27% en 2024, l'once progresse désormais de près de 36% cette année. Cette flambée reflète autant les pressions de Trump sur la Fed, avec le limogeage récent de Lisa Cook, que les attentes d'une inflation durable et de taux en baisse à long terme. Dans ce contexte, l'or attire également les banques centrales, encouragées par un environnement géopolitique instable et l'affirmation militaire de la Chine.

L'événement du mercredi : Alphabet respire

L'action de la maison-mère de Google bondit de 8,5% cet après-midi à 230$. Un juge américain a décidé que Google pouvait conserver son navigateur Chrome. En août, le géant avait été reconnu coupable d'avoir maintenu son monopole sur la recherche en ligne via des accords exclusifs avec Apple et Samsung. Hier, un tribunal a imposé des contraintes strictes sur le partage des données de Google à ses rivaux, pour rétablir la concurrence, mais a rejeté les mesures les plus sévères, notamment la cession de Chrome. Donc pas de démantèlement du géant américain. Pour le marché, l'issue de la procédure est perçue très positivement. Apple profite également du verdict, son action gagnant 3%. Alphabet reste toutefois sous surveillance, avec une autre affaire en Virginie sur ses activités publicitaires, où un jugement sur son monopole est attendu. En somme, la décision du jour marque un tournant dans la lutte contre les pratiques monopolistiques des géants technologiques, tout en évitant un bouleversement radical pour Google.

Le monde d'après : Connaissez-vous Klarna ?

Klarna fonce à Wall Street. Après avoir repoussé son projet d'introduction en Bourse à cause de la volatilité du marché, la fintech suédoise du paiement choisit New York pour lever 1,27 milliard de dollars. Plus de 34 millions d'actions seront mises en vente, entre 35 et 37 dollars l'unité, pour une valorisation qui pourrait grimper jusqu'à 14 milliards de dollars. Loin, très loin, des 45 milliards atteints en 2021 au pic de la folie des taux bas et de la consommation effervescente. Mais suffisamment solide pour signer l'un des gros dossiers tech de l'année. Klarna n'est plus la petite startup de Stockholm qu'on moquait en 2005. C'est désormais 111 millions d'utilisateurs, près de 800 000 commerçants partenaires, et un modèle « buy now, pay later » qui séduit une génération entière de consommateurs. Au deuxième trimestre 2025, ses revenus ont bondi de 20% à 823 millions de dollars, avec une croissance américaine explosive de 38%. Le résultat d'exploitation, enfin positif à 29 millions, rassure un marché qui doutait de la rentabilité du secteur. Reste la question de la valorisation. Klarna arrive en Bourse dans un contexte moins euphorique, mais avec des arguments solides : une croissance toujours soutenue, une adoption mondiale en accélération, et une base clients fidèle. La carte Klarna devient incontournable en Europe, et sa nouvelle version US pourrait être le prochain relais de croissance. L'introduction, attendue depuis des années, sera un test majeur. Klarna est-elle une simple success story du paiement fractionné ? Ou la prochaine référence mondiale de la fintech ? À suivre de près !

Demain à la Une : Une séance américaine

Avant le rapport officiel sur l'emploi américain qui sera publié vendredi, les investisseurs surveilleront celui de l'entreprise ADP, demain après-midi. Il est clairement moins important mais donne un premier aperçu des grandes tendances. Le sujet est crucial car la Fed a indiqué qu'elle surveillait désormais plus l'emploi que l'inflation pour ajuster ses taux. Dans une moindre mesure, deux autres actualités américaines seront au programme de ce jeudi. La balance commerciale de juillet et des indices d'activité des services.

Le lexique : Les contrats à terme

Les contrats à terme, ou futures, sont des accords financiers par lesquels deux parties s'engagent à acheter ou vendre un actif (comme des matières premières, des devises ou des indices boursiers) à un prix fixé aujourd'hui, mais pour une livraison à une date future. Ils permettent de se couvrir contre les fluctuations de prix ou de spéculer sur leur évolution.