Le Dax, l'indice principal de Francfort, vole de record en record et affiche déjà une hausse de près de 12% depuis le début de l'année.

Le CAC 40, l'indice vedette de la place de Paris, est en hausse de plus de 10% quand Londres et Amsterdam gagnent environ 6% et la Bourse de Milan et de Madrid environ 12%.

« C'est mieux que ce que de nombreux observateurs avaient prévu pour l'année entière », souligne Kathleen Brooks, directrice de la recherche chez XTB, dans une note.

Le constat est le même pour les indices paneuropéens Eurostoxx 50 (+12% depuis le début de l'année) et Eurostoxx 600 (+9%).

Les analystes de Bank of America évoquent même le meilleur début d'année depuis la fin des années 1980 pour les actions du Vieux continent.

Un début d'année d'autant plus doré lorsqu'on le compare aux indices américains. Depuis le 1er janvier, le Dow Jones et l'indice élargi S&P 500 ont grappillé quelque 2% et le Nasdaq 1%.

« L'Europe n'était pas attendue en telle hausse face aux Etats-Unis », confirme Vincent Juvyns, membre de l'équipe stratégie de JPMorgan AM à l'AFP.

La première raison invoquée pour expliquer cette performance reste le fort décalage de valorisation entre les actions européennes et les actions américaines. Autrement dit, aux yeux des investisseurs, l'Europe est moins chère.

« On a un marché européen qui affiche une décote historique par rapport au marché américain », affirme M. Juvyns, de l'ordre de 30% actuellement « contre 10 à 20% habituellement ».

En parallèle, les risques spécifiques à l'Europe commencent à s'estomper, note-t-il, le continent ayant connu une année 2024 minée par les crises politique en Allemagne et surtout en France.

En face, Wall Street avait affiché des performances insolentes l'an dernier, dopées en fin d'année par l'élection de Donald Trump et ses promesses de dérégulations et de baisses d'impôts.

Mais depuis, « l'effet Trump » laisse place à un programme économique, notamment de nombreux droits de douane contre les partenaires commerciaux des Etats-Unis, vu comme très inflationniste.

De quoi faire perdurer un environnement de taux élevés de la Réserve fédérale américaine (Fed) outre-Atlantique, quand le marché anticipe au contraire des taux sous les 2% de la Banque centrale européenne (BCE) d'ici un an, ce qui devrait « irriguer l'économie européenne et soutenir les actifs à risque », explique M. Juvyns.

Trump, « force dominante »

Pour Kathleen Brooks, le président américain Donald Trump reste d'ailleurs « la force dominante des marchés financiers ».

Les premières annonces quant à des droits de douane dirigés vers ses partenaires commerciaux avaient secoué les marchés début février, pour finalement que le risque soit intégré par les investisseurs et pèse moins dans la balance.

Pour les investisseurs désormais, « la rhétorique de l'administration Trump sur les droits de douane est principalement une stratégie de négociation », explique dans une note Ricardo Evangelista, analyste pour ActivTrades. L'Europe n'a d'ailleurs pas encore été visée directement.

Enfin, « l'optimisme entourant les négociations de paix en Ukraine a donné un grand coup de pouce aux marchés européens », affirme à l'AFP Fawad Razaqzada, analyste chez City Index, poussant les valeurs de la défense en prévision de dépenses européennes plus importantes, mais aussi les valeurs industrielles qui anticipent une baisse des prix de l'énergie.

Sur les marchés, si « une sorte de rééquilibrage » entre les Etats-Unis et l'Europe s'opère –les investisseurs craignant que le marché américain ne se « négocie à un niveau trop haut »–, l'heure n'est pas encore venue d'un renversement de la vapeur, tempère Patrick O'Hare, analyste de Briefing.com.

« La question est de savoir s'il s'agit simplement d'un mouvement tactique », à savoir si les investisseurs essayent « de tirer parti d'un tel écart de performance pour se montrer opportunistes récupérer un gain à court terme (...) ou s'il s'agit d'un changement structurel ».