« La tendance n'est pas au beau fixe pour les salariés », déplore auprès de l'AFP Christel Arnaud Saint Martin, présidente de la fédération des banques au sein du syndicat CFTC. A mi-chemin - les négociations se poursuivront chez la plupart des mutualistes jusqu'au mois de janvier - seule l'Alliance fédérale du Crédit Mutuel a acté une augmentation de 1,5% pour tous ses salariés, assortie d'un plancher de 650 euros bruts.

BNP Paribas a opté pour une enveloppe dédiée aux augmentations individuelles, portée à 1,8% de la masse salariale. C'est aussi le cas à la Société Générale, de l'ordre de 2%. Ces pourcentages sont supérieurs à l'inflation, mesurée à 1,3% au dernier pointage de l'Insee en novembre, inférieure à l'année dernière. Mais avec ces revalorisations au cas par cas, à la main des responsables d'équipes, « tout le monde n'est pas récompensé », souligne Mme Arnaud Saint Martin.

Le Crédit Mutuel Alliance fédérale, déjà mieux-disant l'an dernier, a également dédié un budget de 2% de sa masse salariale à des augmentations individuelles, en plus de l'augmentation générale.

« Boycott »

Les NAO, qui avaient déclenché l'an dernier certains mouvements de grèves ponctuels, un fait rare dans le secteur, sont cette année encore très tendues entre les syndicats et les directions. Les représentants du personnel de la Société Générale ont même pratiqué la politique de la chaise vide lors de la dernière réunion sur le sujet avec la direction, refusant de signer l'accord, une première depuis 2020. Dans un tract salé publié mercredi, la CGT relatait le « boycott » de l'intersyndicale devant des propositions « bien en deçà des besoins. » Ce sont pourtant bien celles-ci qui s'appliqueront en 2025.

BNP Paribas, qui avait connu ce cas de figure l'an dernier, a à l'inverse obtenu cette année les paraphes des instances représentatives. La différence ? Des primes de partage de la valeur (PPV) de 900 euros et 1 200 euros selon les salaires chez BNP Paribas, rien chez Société Générale.

L'ambiance semble là encore très différente au Crédit Mutuel Alliance fédérale, qui rassemble entre autres 14 des 18 fédérations régionales du groupe Crédit Mutuel et plusieurs filiales dont le CIC. Le président Daniel Baal est même allé jusqu'à féliciter publiquement, sur le réseau social LinkedIn, « les négociateurs et les partenaires sociaux pour la qualité de l'accord signé ». L'ensemble des mesures salariales « consolide la place » de la banque « en tant qu'entreprise socialement engagée et soucieuse de l'intérêt de ses collaboratrices et collaborateurs », a-t-il complété.

Des négociations encore en cours chez BPCE, au Crédit Agricole et la Banque Postale

Financièrement, l'Alliance fédérale du Crédit Mutuel dispose a priori d'une marge de manœuvre relativement confortable. Son bénéfice net sur la première moitié d'année s'élève à 2 milliards d'euros, contre 1,8 milliard d'euros pour la Société Générale, et 6,5 milliards d'euros pour BNP Paribas. Mais ses actionnaires sont moins gourmands par rapport aux deux banques cotées qui leur reversent 50 à 60% du profit net.

Les négociations sont toujours en cours au sein du groupe BPCE, rassemblant notamment les Banques populaires et les Caisses d'Epargne. Des sources syndicales évoquent des discussions entre 0,5% et 1% d'augmentation générale selon les caisses et les tranches de salaires. Elles débutent à peine dans la galaxie du Crédit Agricole, de source syndicale, et à la Banque postale, selon une porte-parole.

Du côté des assureurs, les salariés de Groupama ont obtenu une augmentation générale de 1%, avec un plancher pour certaines catégories de personnel. Chez Axa, « les premières réunions d'échanges sur la NAO se tiennent depuis la mi-novembre », indique un porte-parole. Le géant français de l'assurance se dit par ailleurs « très sensible aux préoccupations légitimes des salariés concernant l'inflation ».